Avec l’hiver qui se profile, nous allons passer encore plus de temps à l’intérieur. Un médecin hygiéniste du CHU de Clermont-Ferrand rappelle qu’il est fortement recommandé d’aérer les pièces pour éviter la progression de l’épidémie de COVID.

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En hiver, selon les scientifiques, le risque de propagation de COVID est plus important car il a lieu dans des endroits clos. En plus du lavage des mains, du port du masque, du respect des distances, aérer les pièces devient une consigne essentielle pour lutter contre l’épidémie. Le Pr Ousmane Traoré, chef de service d’hygiène hospitalière au CHU de Clermont-Ferrand, explique : « C’est une mesure qu’on devrait prendre pour toutes les infections respiratoires et qui est rentrée dans les habitudes à l’occasion de cette épidémie de COVID. Toutes ces maladies respiratoires se transmettent par des particules, et là ce sont des virus. Ces virus sont portés par des particules qui sont émises lorsque l’on parle. Il y aura encore plus de particules émises quand on parle fort, quand on crie, quand on chante, quand on est essoufflé ».

Des petites et des grosses particules dans l'air

Le Pr Ousmane Traoré rappelle comment l’épidémie de COVID est transmise : « Cette épidémie a permis de prendre un peu de recul sur certaines connaissances ou certaines certitudes. On distingue souvent des grosses particules qui sont émises et qu’on pourrait comparer à des postillons, et des petites particules. Les grosses particules ne sont pas transmises à une grande distance. Les petites particules sont émises mais restent en suspension dans l’air pendant très longtemps car elles sont très fines. Jusqu’à maintenant, on effectuait une dichotomie avec soit des maladies qui se transmettent par des grosses particules, soit des maladies qui se transmettent par de petites particules. Avec le COVID, on a eu la confirmation qu’il y a des maladies qui se transmettent à la fois par des grosses et des petites particules ».

L'importance des courants d'air

Le chef de service d’hygiène hospitalière au CHU de Clermont-Ferrand insiste sur la nécessité de créer des courants d’air lorsqu’on aère une pièce : « Quand vous aérez, les courants d’air que vous créez vont chasser ces petites particules qui sont en suspension dans l’air. S’il y a vraiment des courants d’air importants, les courants d’air vont même chasser les grosses particules. Il faut garder en tête que l’aération est efficace et importante, mais qu’il faut des courants d’air, c’est-à-dire qu’une aération sans courants d’air ne va pas éliminer beaucoup de particules et donc beaucoup de virus. Il est vrai que c’est un peu compliqué à faire dans cette période froide. C’est probablement une des raisons principales pour laquelle les virus circulent plus pendant l’hiver, car on vit dans des atmosphères plus confinées, on ouvre moins les fenêtres chez soi. Il y a une question de température, mais plus que cela, c’est surtout parce qu’on vit plus confinés l’hiver ».

Les conseils des scientifiques

Il met en avant dans quelles conditions on doit aérer une pièce : « Dans les recommandations, on dit d’aérer 10 minutes toutes les heures. C’est surtout dépendant de la taille de la pièce, du nombre de personnes qui sont présentes. L’aération est certes importante quand les gens ne sont plus dans la pièce, mais surtout quand les gens sont présents dans la pièce. C’est le moment où les particules infectieuses sont éventuellement émises. Après une réunion, il va être utile d’aérer mais il est aussi souhaitable de le faire pendant que tout le monde est dans la pièce ».

"Ce geste a énormément de conséquences"

Le Pr Ousmane Traoré souligne que ce geste anodin a déjà fait ses preuves par le passé : « Ce geste a énormément de conséquences. On le redécouvre aujourd’hui. Je me rappelle très bien de l’épidémie de H5N1, en 2005-2006. Il y avait beaucoup de cas en Asie et peu en Europe. Je me souviens avoir échangé avec des collègues d’Asie qui avaient fait des études à ce sujet. Ils avaient montré l’importance, dans les hôpitaux, d’aérer les chambres des patients pour éliminer les virus. Il était parfois même plus efficace d’ouvrir les fenêtres que d’avoir des systèmes de ventilation complexes dans un bâtiment ».

Le problème du brassage de l'air

Le médecin met en garde contre certains équipements qui peuvent véhiculer le virus dans l’air : « Les installations qui peuvent présenter des risques sont par exemple des appareils comme des ventilo-convecteurs, c’est-à-dire des appareils qui rafraichissent ou réchauffent, qui brassent de l’air sans l’éliminer. Si vous avez des porteurs de virus dans une pièce de ce type, le virus va suivre le flux d’air qui est généré par ces appareils, et il risque d’être transmis à plus grande distance que lorsqu’on n’a pas ce type d’appareil. Dans les installations publiques, on a des systèmes qui aspirent l’air et le rejettent à l’extérieur : c’est un système parfaitement adapté. Il faut se méfier des appareils qui ne font que brasser l’air. Un ventilateur est à éviter l’été par exemple, ou il faut veiller à sa bonne orientation ».

La question de l'utilité des capteurs de CO2

Des écoles et certaines entreprises ont fait le choix de capteurs de C02 afin de lutter contre la propagation de l’épidémie de COVID. Le Pr Ousmane Traoré émet cependant quelques réserves : « Il ne faut pas trop en attendre. Les capteurs de CO2 ne disent pas si le virus est présent. Ils indiquent si l’air des pièces est trop confiné, et pas assez renouvelé. Mais cela ne signifie pas qu’il y a du virus dans l’air. Toute la difficulté réside dans le fait qu’il faut des capteurs relativement sensibles. De plus, il n’y a pas de consensus pour savoir quel taux de CO2 est acceptable dans une pièce. Au-dessus de 1 000 ppm (partie par million, NDLR) , on sait que ce n’est pas bon mais dans certains pays on parle d’un seuil de 800 ppm ou de 600 ppm. Ces appareils peuvent être un plus, pas forcément à domicile, mais dans un lieu collectif avec une plusieurs personnes, cela peut être un signal intéressant ».

"Il faut vraiment faire attention dans des lieux confinés"

Enfin, le chef de service d’hygiène hospitalière au CHU de Clermont-Ferrand rappelle quelques règles de précaution : « Il faut vraiment faire attention dans des lieux confinés, sans fenêtre, par exemple une arrière-salle dans un commerce. S’il y a beaucoup de personnes, cela représente un risque non négligeable. Il faut vraiment être vigilant dans une pièce confinée, avec un nombre important de personnes et se demander ce qu’on y fait : si tout le monde a un masque, le risque ne va pas être si important que cela. A partir du moment où on enlève son masque, pour des moments de convivialité, là le risque est maximum ». Cet hiver, et notamment lors des fêtes de fin d’année en famille ou entre amis, il faudra donc veiller à bien aérer les pièces, pendant et après le rassemblement des personnes. Ce geste anodin peut s’avérer très utile pour freiner la propagation du virus.

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