Connaissez la coupe du monde des quartiers à Clermont-Ferrand ? De jeunes footballeurs issus de l'immigration qui s'affrontent sous les couleurs de leur pays d'origine. Un événement festif très attendu qui montre qu'il n'y a pas que des émeutes en ce moment dans les banlieues. Ce tournoi s'est déroulé sans encombres et avec un seul mot d'ordre : l'appel au calme.
L’ambiance est plus que festive. « On attend les tam-tams ! On a hâte que cela commence ! » Un sourire resplendissant sur un visage radieux, une belle jeune femme à la chevelure déployée et magnifique -a priori d’origine comorienne, puisqu’elle est venue soutenir l’équipe des Comores- plante tout de suite le décor.
C’est le stade Gabriel Montpied un samedi soir à Clermont-Ferrand. En plein cœur des quartiers nord, ces quartiers qui, la nuit d’avant, ont vécu les émeutes. Un centre social, une école maternelle, une maison de quartier et des entreprises locales attaqués.
Mais à la coupe du monde des quartiers, un événement où les joueurs de foot de la ville s’affrontent mais sous les couleurs de leur pays d’origine, voici la preuve évidente - si on avait besoin de se le prouver- que « jeunes issus de l’immigration » ne signifie pas forcément « émeutiers ».
Ici, c’est le foot qui prime. C’est la joie qui est au rendez-vous. Même si son souvenir plane partout : sur les t-shirts, sur les banderoles. Nahel, tué par un policier à Nanterre, est présent dans tous les esprits. Une minute de silence sera respectée en hommage à l’adolescent décédé.
« Cela montre une image plus positive des quartiers », explique un jeune homme venu de Riom. « Avec les tensions, cela permet de se rapprocher entre les quartiers, cela permet de vivre une bonne ambiance ! »
Ce samedi 1er juillet, la finale va voir se confronter le Maroc aux Comores. Et les Comoriens sont déjà à fond ! Tambours, rythme endiablée, agitation festive.
Appel au calme
5000 spectateurs sont présents. Pour les organisateurs, c’est l’occasion d’appeler au calme : « Nous montrons que dans les quartiers, on peut se rassembler pas seulement pour faire des émeutes mais aussi pour vivre des événements grandioses comme celui-là », indique Boucif, l’un des chefs d’orchestre de ce grand rendez-vous populaire. A ces jeunes qui expriment leur colère dans la rue : « Cela ne sert à rien de faire des émeutes, petits frères ! Maintenant, Nahel est mort, il ne nous reste plus, nous musulmans, qu’à prier pour lui et que justice soit faite ! »
En première partie de soirée, l’équipe de l’Algérie, vainqueur l’année dernière de la compétition, va affronter une équipe d’influenceurs et de rappeurs. «Parce qu’ils sont connus sur les réseaux et que tout se passe aujourd’hui sur les réseaux », détaille encore Boucif. De quoi faire passer le message aux jeunes, encore dans la rue.
Avec le sourire
Et pour que rien ne puisse gâcher cette fête, à l’accueil, l’accent a été mis sur la sécurité : « Nous confisquons les couteaux, les gazeuses, les armes blanches pour éviter que cela aille trop loin en cas de bagarre », précise Zakariyk Mehali, hôte d'accueil. « Nous essayons de faire le maximum pour que l’événement se passe bien. Et nous accueillons le public avec le sourire ! »
Et d’ailleurs, il faut imaginer celui qui a dû illuminer le visage de la jolie Comorienne à la belle chevelure noire. Car ce sont les Comores qui ont remporté la compétition cette année. 2 buts à 1 face au Maroc.
Propos recueillis par Cindel Duquesnois et Mathieu Verlaine pour France 3 Auvergne