De Clermont-Ferrand jusqu’en Belgique, un trafic d’héroïne démantelé et 12 kilos saisis

C’est l’histoire d’une enquête éclair, qui commence à Clermont-Ferrand et qui se termine par la saisie de 12 kilos d’héroïne, pure ou presque, par la police. Cette saisie d’une valeur estimée à 250 000 euros est un record ou presque pour les enquêteurs.

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Une arme à feu, 3 000 euros et surtout, pas moins de 12 kilos d’héroïne : une saisie d’une valeur de plus de 250 000 euros fait la fierté des policiers de Clermont-Ferrand. En moins d’un mois, les enquêteurs ont été en mesure d’identifier 4 personnes participant à un trafic et de mettre la main sur la drogue en leur possession. Le 5 janvier, l’unité des stupéfiants et de l’économie souterraine de la Sûreté Départementale de Clermont-Ferrand ouvrait une enquête préliminaire concernant un potentiel trafic de stupéfiants à Royat. « Très vite, la surveillance a permis d’établir la véracité de ce trafic en constatant un certain nombre de transactions et en identifiant les membres de ce réseau. Elle a permis de mettre au jour une base arrière à Chauriat, en zone gendarmerie. Les investigations ont permis d’acquérir, en fin de semaine dernière (NDLR : aux alentours du 28 janvier), la certitude qu’un voyage était organisé par au moins l’un des membres de ce réseau, d’origine albanaise, pour aller acquérir du produit stupéfiant en Belgique », raconte le commissaire Pierre-Louis Chaussende, chef de la DDSP (Direction Départementale de la Sécurité Publique).

Une collaboration avec la douane

Les enquêteurs alertent alors l’administration des douanes et la brigade de surveillance intérieure de Metz, pour qu’ils procèdent au contrôle douanier du véhicule utilisé par le mis en cause. « Ce contrôle a permis la découverte de près de 10,5 kg d’héroïne à bord du véhicule. Le conducteur a été placé en retenue douanière le 29 janvier », raconte le commissaire Chaussende. Au cours de sa garde à vue, l’homme reconnaît rapidement s’être rendu en Belgique pour y récupérer la drogue. Le procureur de la République de Clermont-Ferrand Eric Maillaud précise que l’homme avait déjà été condamné auparavant à 4 ans d’emprisonnement pour infraction à la législation sur les produits stupéfiants. Il était déjà bien connu des services de police et faisait l’objet d’une interdiction de séjour sur le territoire français. L’individu, qui avait changé de nom pour revenir en France, a été placé en garde à vue. Une autre opération a alors été mise en place sur la commune de Chauriat qui a conduit à l’interpellation de 3 mis en cause supplémentaires, placés en garde à vue dans le cadre du régime dérogatoire concernant les stupéfiants, qui augmente la durée légale de garde à vue à 96 heures. Les 4 individus seront présentés en comparution immédiate vendredi 4 janvier.

Une perquisition fructueuse

Deux autres personnes elles-aussi d’origine albanaise, peu connues de la police, ont été appréhendées ainsi qu’une jeune femme toxicomane, condamnée en 2018 pour trafic de stupéfiants et dont le compagnon purge actuellement une peine de prison pour la même raison. « Il n’est pas exclu qu’elle ait poursuivi le trafic de son compagnon actuellement en détention, à sa demande », regrette le procureur de la République. Depuis sa prise de fonction à Clermont-Ferrand il y a 5 ans environ, il n’avait jamais vu une telle quantité d’héroïne saisie d’un coup. Une perquisition de la base arrière et logistique du réseau a permis, outre la découverte de près de 1,2 kg d’héroïne, la saisie d’une vingtaine de cartouches, d’environ 3 000 euros en liquide et tout le nécessaire (sachet, balance….) au trafic. Des auditions ont été menées par les enquêteurs de la sûreté départementale.  

Des clients entendus

Une demi-douzaine de clients ont été entendus pour faire toute la lumière sur cette affaire. Ils ont identifié les mis en cause. « On est sur un profil de toxicomane avec une très forte addiction au produit », précise le commissaire Chaussende. Le procureur Eric Maillaud ajoute, concernant ces consommateurs : « La plupart du temps, on a une réponse pénale faible. L’intérêt d’entendre les clients, c’est qu’on en a besoin pour étayer et construire un dossier contre les trafiquants. » Ces clients pourraient bien être plus nombreux qu’on ne le pense : « On a une consommation à la hauteur des produits que nous saisissons, voire supérieure. Ça met quand même en lumière les capacités d’écoulement de ces produits sur l’agglomération de Clermont-Ferrand et le nombre de consommateurs susceptibles d’acheter. Ces belles affaires nous motivent pour poursuivre la lutte même si on sait bien que c’est un puits sans fond », précise le commissaire divisionnaire Arnaud Bavois. Il l’affirme, le trafic de stupéfiants est la priorité de la police. Depuis un an, une politique « d’harcèlement » a été mise en place au niveau des points de deal, avec des policiers visibles et en tenue. « L’héroïne fait partie des produits qu’on trouve fréquemment », regrette-t-il. Entre 5 et 6% d’affaires supplémentaires de stupéfiants ont été traitées par ces services en 2021, par rapport à 2019.

Clermont, une "position centrale" dans le trafic de stupéfiants

Clermont-Ferrand représente un point "intéressant" pour les trafiquants en tout genre : un bassin de population important, à l’écart de l’axe rhodanien et un point central entre les métropoles : « On est quand même sur un produit assez particulier, une drogue dure. Cette affaire illustre le nombre de clients potentiels qu’il peut y avoir sur l’agglomération et la position très centrale de Clermont-Ferrand avec ce nœud autoroutier qui constitue un vecteur intéressant pour les groupes criminels », indique le commissaire Pierre-Louis Chaussende. Le procureur Eric Maillaud précise : « Il y a des clients, il y a des consommateurs qui attendent leur produit et c’est aussi un itinéraire de dérivation par rapport à la vallée du Rhône, entre le Maroc ou l’Espagne et les Pays-Bas ». L’héroïne saisie était à destination des clients du bassin clermontois. La drogue sera détruite ou utilisée dans les écoles ou pour l’entraînement des chiens. Des peines « lourdes » sont attendues puisque les mis en cause risquent jusqu’à 10 ans de prison et 20 ans pour la jeune femme et le conducteur, qui se trouvent en état de récidive.

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