A partir du 19 mai, les terrasses des bars et des restaurants pourront accueillir du public, mais à 50 % de leur capacité. A Clermont-Ferrand, une décision qui ne réjouit pas forcément les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration.
Lundi 10 mai, le gouvernement a dévoilé les modalités de déconfinement pour les bars et les restaurants. La première étape aura lieu le 19 mai. A partir de cette date, les cafés, bars et restaurants pourront accueillir du public en terrasse, mais avec certaines restrictions : les tables seront de 6 convives maximum et les terrasses ouvriront à 50 % de leur capacité. Il faudra attendre le 9 juin pour mettre en place une terrasse à 100 % de sa capacité et le 30 juin pour la levée des limites de jauge. Une décision que ne comprend pas Martine Courbon, présidente de l’UMIH 63 (Union des métiers de l’industrie et de l’hôtellerie) : « Je pense beaucoup de mal de ces décisions. Sur les terrasses, la distanciation est d’un mètre entre les tables. Automatiquement on réduit le nombre de couverts. On nous limite en plus à 50 %. C’est encore une histoire de fous. Dans certaines municipalités, on a des extensions de terrasses quand c’est possible et c’est très bien. Mais on ne fait toujours pas la jointure. On n’a pour le moment pas le droit d’aller à l’intérieur ».
Des commerçants qui hésitent à ouvrir
Elle ajoute : « On a fait une enquête auprès de nos 700 adhérents : 74 % d’entre eux nous répondent qu’ils vont rouvrir s’il n’y a pas de jauge et 43 % nous disent qu’ils ne vont pas rouvrir s’il y a des jauges au 19 mai. Ils ont quand même envie de travailler. Nos adhérents se posent beaucoup de questions ». Parmi ces adhérents qui s’interrogent, Alain Breuil, gérant du Keppler, à Clermont-Ferrand. Il souligne : « Les jauges sont limitées et ça va me poser un problème car je n’ai pas une très grande terrasse. J’ai une capacité de 30 personnes, ce qui veut dire que je vais mettre 15 personnes en terrasse. On est aussi confrontés aux aléas climatiques. Je vais ouvrir, je ferai venir une personne pour le service. Je vais limiter en personnel car sinon, ce n’est pas rentable. Si on peut ouvrir la salle du restaurant le 9 juin, ca sera un plus. Je suis malgré tout inquiet pour la suite. Les gens ont pris de nouvelles habitudes de consommation. Il va falloir revoir toute notre façon de travailler. Je vais essayer de reprendre tout mon personnel en juin. Avec la fin des aides, je ne suis pas serein ».
Le problème est qu’on apprend ces décisions à la dernière minute
Autre professionnel qui se prépare à rouvrir, Valentin Degenne, gérant de la Brasserie Madeleine à Clermont-Ferrand. Il estime : « Le problème est qu’on apprend ces décisions à la dernière minute. On recrute, on achète du matériel et des denrées périssables et une semaine avant d’ouvrir, on nous dit qu’on ne pourra mettre en place que la moitié de la terrasse. C’est très compliqué de tout le temps s’adapter. On ne sait encore pas si les extensions de terrasse vont compter. Normalement j’ai 200 places en terrasse et je pourrai ouvrir la moitié a priori ». Il ajoute : « On demande à rouvrir depuis des mois donc c’est une étape qu’on attend. On a embauché 6 personnes pour préparer la saison. On est inquiets malgré tout. Le moral sera meilleur quand il fera beau et que les terrasses seront pleines. On a envie de retrouver nos équipes et nos clients. On a déjà quelques réservations pour le 19 mai ».
J’espère voir le bout du tunnel à partir du 30 juin
Jacques Ottoz, gérant du bar Les Berthom, à Clermont-Ferrand, attend aussi à la réouverture de son établissement : « Ouvrir les terrasses à moitié c’est mieux que rien. Je vais proposer 60 places assises en extérieur. Ca va valoir le coup d’ouvrir malgré tout pour moi. L’essentiel est de rouvrir, de mettre le pied à l’étrier, d’occuper les équipes, de retrouver la clientèle. L’Etat va nous aider encore un peu donc je vais essayer de faire tourner l’effectif ». Il précise : « J’espère voir le bout du tunnel à partir du 30 juin. Mais je ne suis pas médium, un nouveau variant peut toujours arriver. On espère pouvoir accueillir les gens dans les meilleures conditions, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. On attend surtout la fin du couvre-feu ». A Clermont-Ferrand comme ailleurs les commerçants guettent scrupuleusement les prévisions météorologiques. Si elles sont favorables, le public pourrait investir leurs terrasses en nombre dès le 19 mai.