"Déplorable", "insensé", "dommageable" : la mise en pause du plan de réduction des pesticides dans l'agriculture divise

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé une série de mesures pour répondre à la colère des agriculteurs. Parmi elles, le mise en "pause" du plan de réduction de l’usage des pesticides. Pour les écologistes, c'est une mesure difficile à digérer, tandis que du côté des agriculteurs, la vision est bien différente.

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Le 1ᵉʳ février, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé des mesures pour tenter de calmer la colère des agriculteurs, qui se mobilisent depuis une dizaine de jours. Parmi elles, la mise en "pause" du plan de réduction de l’usage des pesticides, que le monde agricole réclamait. Si l’ensemble des mesures a satisfait l’ensemble des syndicats agricoles majoritaires, qui a entraîné la levée des barrages mis en place sur les axes routiers et autoroutiers de France, il en est autrement du côté des ONG environnementales.

"Déplorable", "insensé", "dommageable"

La 4ᵉ mouture du plan, appelée "Ecophyto 2030", était en fin de consultation. Elle devait tracer la voie vers une réduction de moitié de l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017) et accélérer la recherche d'alternatives, urgentes face aux impacts relevés sur la santé des agriculteurs, la mortalité des abeilles, la pollution des eaux, etc. Mais le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé la "pause" d'Ecophyto "le temps de mettre en place un nouvel indicateur" pour substituer l'actuel, le "Nodu", qui mesure l'usage des molécules par les exploitants et que contestent des organisations agricoles.

Pour René Boyer, membre de l'antenne Puydômoise de l'ONG France Nature Environnement, cette décision est "déplorable". "Il est évident qu’il était obligé de calmer la colère des agriculteurs, mais forcément, on ne peut pas être satisfait de cette mesure. Il faut que l’écologie reprenne son cheval de bataille dans le futur."

Aurélie Buzo, référente agriculture Greenpeace de Clermont-Ferrand, rejoint René. "C’est insensé ! martèle-t-elle. Il faudra que l’on s’en passe, et la politique, c’est de remettre à plus tard l’arrêt des pesticides. C’est dommageable, surtout que les agriculteurs sont les premiers exposés aux risques qu’ils engendrent sur la santé." Pour elle, cette réduction de l’usage des pesticides est nécessaire. "Tant qu’on ne posera pas les choses, on ne cherchera pas de solutions alternatives. Il faut mettre des moyens concrets."

"Aujourd’hui, nous n’avons aucune autre solution"

Du côté des agriculteurs, le discours est quelque peu différent, et la problématique tout autre. Sabine Tholoniat, présidente de la FDSEA 63, soulève justement ce manque d’alternatives proposées. "Aujourd’hui, nous n’avons aucune autre solution. Et si on veut continuer de nourrir notre population, il faut trouver un palliatif qui permet de répondre à nos besoins."

Une plante, c’est comme un humain : parfois, elle a besoin d’être soignée. Et nous avons besoin de produire des produits de qualité.

Sabine Tholoniat, présidente de la FDSEA 63

Pour la présidente, difficile d’envisager de produire moins. "Il faut que nous soyons certains que ces produits alternatifs nous permettent d’avoir une production qui nous génère un revenu." Elle tient également à souligner que si les agriculteurs y ont recours, c’est bien parce qu’ils y sont contraints. "On a des normes à respecter, des normes qui évoluent très vite, et puis ça coûte extrêmement cher. Donc l’objectif n’est pas d’en mettre trop."

Pierre Taguet, bien qu’il ne soit pas concerné, car il est éleveur sur une exploitation 100 % naturelle, a tout de même son avis sur la question et rejoint Sabine Tholoniat. "Tant qu’il n’y aura pas d’autres possibilités aussi efficaces, les céréaliers et les maraîchers vont continuer à les utiliser. Ils sont prêts, bien sûr, à avoir recours à d’autres produits, mais quand il y aura des alternatives qui seront tout aussi efficaces et qui n’impacteront pas la productivité. Il ne faut pas oublier qu’il y a une demande en production, avec une population grandissante. Si on produit moins, ça va coincer."

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