Pour lutter contre la précarité menstruelle, le département du Puy-de-Dôme a décidé d'équiper tous ses collèges de distributeurs de protections périodiques gratuites. Une première en France.
Dans tous les collèges du Puy-de-Dôme, des distributeurs de protections périodiques seront bientôt installés dans les 57 collèges du département. Ce mardi 8 mars, le premier distributeur a été inauguré au sein du collège La Charme à Clermont-Ferrand. « Véritable tabou chez les jeunes de 12 à 17 ans pour des raisons familiales, culturelles et sociétales, la question des règles est au coeur de la lutte contre les discriminations sociales et des enjeux pour l’égalité femmes/hommes. En installant un distributeur par collège sur l’ensemble de son territoire, le Département du Puy-de-Dôme accompagne au total 14 000 collégiennes, dont on estime que 30% d’entre elles en feront usage », indique le Conseil Départemental dans un communiqué.
Lutter contre la précarité menstruelle
Celui-ci finance à hauteur de 57 000€ l’achat, l’approvisionnement et l’installation des distributeurs. « Pour le confort et la sécurité des jeunes filles et dans un souci de préservation de l’environnement, les protections périodiques fournies répondent aux meilleurs standards de qualité sanitaire et environnementale disponibles sur le marché (100% en coton biologique et sans perturbateur endocrinien) », précise le Département. Les 57 établissements du Puy-de-Dôme sont concernés. Au collège La Charme, le distributeur suscite déjà l’intérêt des élèves : « Je trouve que c’est très important. Il y a beaucoup de filles qui n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques pour des raisons d’argent ou autre. C’est important, ça permet d’en parler avec ses copines », raconte Elza, une élève de 14 ans. « Maintenant qu’il y a un distributeur ça va être plus facile. On ne va pas paniquer si on n’en a pas. Au moins, on pourra se servir », ajoute Rina, une autre élève.
Parler du tabou des règles
La précarité menstruelle est un sujet difficile pour beaucoup : « Le plus difficile à cet âge-là, c’est déjà la connaissance de leur corps, c’est l’idée qu’elles puissent être moquées par les garçons ou les camarades de leur classe. Ça, ça les terrorise. Ensuite, c’est de se retrouver dans une situation où elles n’auront pas de change », affirme Adèle Miramon, l’infirmière du collège. Pour des raisons budgétaires souvent, les jeunes filles ne peuvent pas s'acheter de protections périodiques ou en changer aussi régulièrement qu'elles le souhaitent. En 2021, 12 % des adolescentes ne sont pas allées en cours parce qu'elles n'avaient pas de protection : « Il y a une partie de sensibilisation. C’est un projet avec les collégiens et collégiennes, filles comme garçons, pour parler du tabou des règles. Au-delà de ça, c’est pour l’égalité des filles et des garçons », indique Maha Issaoui, cheffe du projet. Près de 20 % des femmes ont déjà été confrontées à la précarité menstruelle. Le Puy-de-Dôme est le premier département à mettre en place une telle mesure.