Pas question de continuer à voir les aigles voler, aux Médiévales de Montferrand. Le festival médiéval qui se tient à Clermont-Ferrand, fin mai, est sous le feu de l'association Paris Animaux Zoopolis (PAZ). Le collectif de protection des animaux déplore qu'il soit encore prévu un spectacle de rapaces.
"Les Aigles de Gascogne", toujours partie intégrante des Médiévales de Montferrand ? La fête médiévale se tient à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) du 31 mai au 2 juin prochain, mais une association se mobilise pour faire évoluer son programme. Pour le collectif Paris Animaux Zoopolis (PAZ), il est hors de question que des spectacles d'aigles se tiennent encore dans le cadre de ces fêtes.
Les membres de cette association appellent la ville à agir auprès de l'organisateur des Médiévales, pour retirer cette animation prévue les samedi 1er et dimanche 2 juin. Le collectif pour le bien-être animal avait déjà fait parler de lui, dans le département. Il s'agissait alors d'un spectacle impliquant des rapaces, à Cébazat (Puy-de-Dôme).
Pour l'association des Médiévales de Montferrand, pas question de bousculer le programme des festivités. De son côté, PAZ maintient ses demandes.
Pas de changement de programmation
"Peut-être que le spectacle ne plaît pas à tout le monde, mais il est plébiscité par le public, et nous, on l'apprécie. Guillaume Roche était déjà venu en 2022, et il avait énormément eu de succès, d'où l'idée de le faire revenir", relate Martine Rebreyend, membre de la direction collégiale de l'association. D'après la passionnée d'histoire médiévale, "Guillaume Roche a récupéré des oiseaux qui sont nés en captivité, et non pas prélevés dans le milieu naturel. Ils se sont reproduits chez lui".
L'association se prévaut de l'aval de la mairie. "La ville a demandé qu’on fasse attention à ce genre de manifestation, d'autant qu'elle élabore actuellement une charte de protection animale. Elle n'est pas tout à fait terminée, elle n'est pas applicable tout de suite. Clermont-Ferrand ne nous l'a pas interdit", complète Martine Rebreyend. Du point de vue de la loi, ces spectacles de rapaces restent en effet autorisés, jusqu'au 1er décembre 2028. C'est ce qu'indique, à ce jour, le site internet du ministère de la Transition écologique.
Un cadre légal que rappelle aussi Guillaume Roche, qui viendra à Clermont-Ferrand avec ses rapaces. "Jusqu'à 2028, nous avons le droit de présenter ces spectacles au public. Nous avons les autorisations d'ouverture et de transport nécessaires. Il faut savoir que ces oiseaux n'ont plus de 'sauvages' que leur nom. Les parents, grands-parents, arrière-grands-parents et au-delà sont nés en captivité. Ils sont protégés par la convention de Washington de mars 1973. Depuis cette date, il est interdit de prendre ces oiseaux dans la nature. Ce n'est pas de l'exploitation, ils sont en vol libre, s'ils veulent partir, ils peuvent le faire", clame-t-il.
L'homme évoque un spectacle utile pour la société, et une association qui divulgue des informations inexactes : "On a affaire à des écologistes extrémistes, qui ne nous connaissent pas. La PAZ a refusé de venir nous rencontrer, d'assister au spectacle. Les rapaces présentés ne sont pas là que pour une démonstration de vol. Il y a aussi une vertu pédagogique, pour sensibiliser le public à la protection de la faune. Cela a permis de réintroduire des espèces dans la nature, comme le pygargue à tête blanche, disparu depuis 60 ans en France, la chouette de l'Oural, ou encore le gypaète barbu. Ce sont des animaux qui sont nés en captivité, et relâchés dans la nature sur des programmes de réintroduction."
Spectacle légal mais immoral pour cette association
Qu'importe, pour l'association Paris Animaux Zoopolis (PAZ). Le collectif dit continuer de se battre contre la "captivité animale", dont font partie à son sens les spectacles itinérants de rapaces. "Il faut que Clermont-Ferrand prenne au fait la condition animale, en s'engageant à ne plus programmer de spectacles d'animaux sauvages. On espère qu'elle va suivre, d'autant qu'elle a une délégation à la condition animale", argumente Amandine Sanvisens, cofondatrice de cette association.
La situation est délicate, à en croire la responsable associative. "Nous avons fait un état des lieux des fêtes médiévales, depuis un an. Sur les 300 recensées, un tiers recourt à des animaux sauvages, surtout des rapaces. Il y avait aussi des spectacles avec des ours et des loups, mais c'est moins le cas, car cela est interdit depuis le 1er décembre 2023. Le spectacle de rapaces est aujourd'hui dans la légalité, mais nous appelons Clermont-Ferrand à prendre les devants. Il est possible de faire une fête médiévale, sans susciter le malaise d'une partie des personnes, avec des rapaces attachés par la patte qu'il s'agit d'exhiber", rappelle-t-elle.
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La mairie de Clermont-Ferrand, de son côté, précise qu'il n'y a pas "d'interdiction à ce stade". Elle ajoute qu'une "charte" est en cours de rédaction, sans être finalisée. Avant de conclure en indiquant "travailler avec les organisateurs pour faire de la sensibilisation". Elle cite notamment des points comme la provenance des animaux, les conditions de travail et d'accueil.