La Région Normandie ne subventionnera plus les spectacles mettant en scène des animaux sauvages, notamment lors des fêtes médiévales : cette décision, prise en Commission permanente le 11 mars dernier, est une victoire "historique" pour l'association de protection animale PAZ.
"S’opposer aux spectacles mettant en scène des animaux sauvages, c’est reconnaître leur sensibilité et leurs besoins. Nous nous réjouissons de cet engagement de la Région Normandie", a réagi, dans un communiqué, Amandine Sanvisens, cofondatrice de l'association PAZ (Paris Animaux Zoopolis).
🎉La @RegionNormandie devient la première Région à adopter une délibération qui prévoit de ne pas subventionner les évènements qui présentent des animaux sauvages, dont les fêtes médiévales⚔️🦅🦉
— PAZ (@paz_zoopolis) March 20, 2024
👏Bravo la #Normandie @Herve_Morin @nathporte !https://t.co/zRooMthcH3 pic.twitter.com/fkrYDDe76R
L'association précise qu'en 2023, 22% des fêtes médiévales normandes ont fait appel à des spectacles de fauconnerie (à Falaise, Harcourt, Pontorson, Cerisy-La-Forêt, Thietreville et Rouen).
"Si elles en faisaient la demande, ces fêtes ne pourraient désormais plus recevoir le soutien financier de la Région Normandie à moins de renoncer à la présence de rapaces", précise le même communiqué.
"Une vie de captivité"
La décision concerne l'ensemble des animaux ne figurant pas sur la liste officielle des animaux dits domestiques, dont l'utilisation lors de spectacle est autorisée mais strictement réglementée.
L'association PAZ estime que "pour quelques minutes de spectacle, les animaux [sauvages, ndlr] subissent une vie de captivité", évoquant notamment des troubles du comportement présents chez les rapaces et les oiseaux nocturnes, "preuves d’un état d’anxiété chronique".
Vous avez probablement déjà vu des spectacles de rapaces : les mettant en scène, les faisant voler autour de vous, vous impressionnant. 🦅 Mais une représentation de quelques minutes pour vous, c’est une vie d’enfermement pour eux.
— Mobilisation pour la Cause Animale (@MCAnimale) March 14, 2024
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Autre grief, celui d'un dressage "cruel" (à travers notamment la privation de nourriture puis la récompense), destiné à rendre les oiseaux plus obéissants.
"Vous les voyez une heure, deux heures, trois heures sur des fêtes médiévales, mais eux sont attachés toute l'année, forcés à vivre dans des volières et maltraités. C'est extrêmement violent", assure Amandine Sanvisens.
Effet dissuasif
Les spectacles itinérants comportant des animaux sauvages restent autorisés jusqu'en 2028, selon la loi de 2021 contre la maltraitance animale.
Mais l'association compte sur l'effet dissuasif de l'arrêt des financements régionaux en Normandie pour pousser les organisateurs à renoncer d'ores et déjà aux animaux sauvages.
On a une Région qui devance la loi et reconnaît que la place des animaux sauvages n'est pas dans un événement festif, quel qu'il soit. On espère que ça va montrer l'exemple aux autres régions de France !
Amandine Sanvisensà France 3 Normandie
"Les fêtes médiévales en France reposent bien souvent sur des subventions, c'est rare qu'elles soient 100% autonomes", relève Amandine Sanvisens, ajoutant que la Normandie fait figure d'exemple au niveau national, en devenant la première Région à adopter une délibération en ce sens.
"C'est une décision dans l'air du temps"
Ce vote, qui porte sur la modification du dispositif "Événements touristiques d’envergure régionale", a fait consensus, à la Région. Une victoire pour Nathalie Porte, vice-présidente en charge du tourisme et de l'attractivité à la Région Normandie.
"Je dirais que c'est une décision qui va dans l'air du temps, estime-t-elle. Ce que l'on a constaté, c'est que les démonstrations d'animaux sauvages choquent certains publics, et qu'il y a la possibilité de faire d'autres propositions."
On a des acteurs touristiques particulièrement friands d'innovation et de propositions qui répondent aux nouvelles attentes du public, la jeunesse notamment.
Nathalie Porteà France 3 Normandie
En Normandie, peu de fêtes médiévales font en réalité encore appel à des animaux, ajoute l'élue. Mais elles devront désormais s'en passer : "nous analyserons désormais les propositions qui seront faites, et il faudra que les porteurs de projet précisent bien ne pas utiliser d'animaux sauvages dans leur programmation."
D'autres façons d'observer les rapaces
Si vous rêvez de voir un rapace s'envoler, il y a d'autres moyens, sans souffrance animale, rappelle Nathalie Porte, citant par exemple le Centre de sauvegarde de la faune sauvage de la Dame Blanche, dans le Calvados.
"Quand ils soignent ces animaux, ils les libèrent et il y a la possibilité d'assister à leur envol. Vous pouvez également faire des dons à ces associations d'intérêt général."
Et puis évidemment, vous pouvez garder les yeux grands ouverts. Vous en verrez peut-être voler au-dessus de vous. À vous de jouer !