Une équipe de chercheurs de l'INRAE de Clermont-Ferrand a identifié l'existence de marqueurs précoces du diabète de type 2. Une découverte qui pourrait bien faire gagner du temps dans le dépistage de la maladie, et déceler celle-ci avant même l'apparition des symptômes.
Souvent diagnostiqué sur le tard, le diabète de type 2 est une maladie qui passe souvent inaperçue. Mais une équipe de recherche de l’INRAE (Institut National de Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement) de Clermont-Ferrand pourrait bien changer tout cela. Un diagnostic plus précoce et plus simple pourrait bientôt voir le jour. Sergio Polakof est directeur de recherche à INRAE, au Centre de Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes sur le site de Theix. Il est membre de l’UNH, l’Unité de Nutrition Humaine. Son ambition : pouvoir détecter de manière précoce le diabète de type 2 à l’aide d’une simple prise de sang. Et ainsi être capable, avant l’apparition des symptômes, d’identifier les personnes malades, le stade de la maladie et le/les organes touchés. Il explique : “Nous sommes partis du principe que le diabète est une maladie silencieuse, c’est-à-dire que lorsque les premiers symptômes cliniques apparaissent, il est déjà trop tard. Par ailleurs, on estime que la moitié des patients de cette maladie reste non diagnostiquée. C’est un enjeu de santé publique majeur. On souhaite que, grâce à une simple prise de sang, les équipes médicales puissent identifier les personnes à risque le plus tôt possible”.
Une simple prise de sang
Le diabète de type 2 est une maladie qui résulte d’une mauvaise utilisation de l’insuline par l’organisme. Il s’agit du diabète le plus courant. Il est en grande partie dû à l'obésité et à l’inactivité physique. Si le diabète de type 1 est souvent détecté dès l'enfance, le type 2 se développe à bas bruit, généralement chez les personnes âgées de plus de 40 ans. Ainsi, le diagnostic précoce de la maladie est souvent long, complexe et difficile. Elle reste souvent indétectable. La plupart du temps, le risque est détecté au stade du prédiabète. Le directeur de recherche Sergio Polakof explique pourquoi : “Les seuls marqueurs de la maladie actuellement disponibles sont des marqueurs corps-entier, c’est-à-dire non-spécifiques d’un organe. Or le diabète de type 2 est une maladie multi-organes. L’objectif de notre projet est donc d’identifier de nouveaux marqueurs précoces de la maladie et spécifiques de chaque organe”.
Accéder aux organes est un défi en soi pour l’équipe de Sergio Polakof. C’est pour cela que les chercheurs de l’INRAE ont décidé de travailler sur des mini-porcs en raison de leur métabolisme très proche de celui des humains. Les premiers résultats sont concluants : “Dans la phase expérimentale, on a constaté dans le prélèvement de sang en entrée et en sortie de certains organes que nous avions la vision de l’ensemble des molécules qui entraient et sortaient de chaque organe. Ce sont des molécules qui sont échangées par les organes. Cette production de molécules va changer dans le stade précoce de l’installation de la maladie. Certaines de ces molécules seront échangées différemment et pourront devenir des marqueurs”.
Expérimentation et validation chez l’Homme en cours
Après une expérimentation concluante sur les animaux, il faut encore que les résultats soient transposables chez l’Homme. Pour cela, Sergio Polakof peut compter sur une cohorte de 200 personnes obèses, dont la moitié diabétique. “Plusieurs centaines d’individus ont été testées au sein de deux cohortes, l’une française et l’autre espagnole, détaille le directeur de recherche de l'INRAE. La cohorte espagnole est composée d’individus avec ou sans diabète et la cohorte française (plus précisément clermontoise) est composée de patients ayant différents types d’obésité. Les personnes volontaires sont suivies grâce à une prise de sang faite régulièrement”. L’objectif : croiser les données avec ceux obtenus grâce aux mini-porcs. Des résultats porteurs d'espoir : “On a retrouvé ces molécules dans une des cohortes que l’on a étudiées. On va essayer de savoir désormais si ces molécules sont revenues dans d’autres populations”.
Les recherches de Sergio Polakof et de l’INRAE sont sur la bonne voie. Il reste néanmoins quelques années d’expérimentation avant de pouvoir détecter cette maladie de manière précoce.