Élections législatives 2024. Quels étaient les scores du RN lors du dernier scrutin de 2022 en Auvergne ?

En Auvergne, la montée du Rassemblement national, confirmée lors des élections européennes 2024, était déjà visible aux législatives de 2022. À l'approche des élections anticipées du 30 juin, retour sur ce dernier scrutin lors duquel un député RN a été élu pour la première fois dans la région.

Nous sommes le 19 juin 2022 en Auvergne. C'est le second tour des élections législatives et, pour la première fois, un député Rassemblement national est élu dans la région. Face à Louise Heritier de la NUPES, le candidat RN Jorys Bovet gagne la 2e circonscription de l'Allier avec 50,22% des suffrages exprimés. Le parti gagne du terrain dans les territoires ruraux comme celui-ci, où le sentiment d'abandon et d'éloignement des flux métropolitains est important. 

L'Auvergne au départ réfractaire au FN

"Jusqu'au début des années 2000, l'Auvergne était plutôt réfractaire au Front national. Il y avait eu une implantation précoce au nord et nord-est de la Haute-Loire, proche de Saint-Étienne, et dans les villes en crise industrielle. Puis, une première poussée, au premier tour des élections présidentielles de 2012. Le vote RN gagnait la ruralité au sens large. Sur les traces de son père, Marine Le Pen avait progressé plus vite en Auvergne que dans le reste de la France", explique Mathias Bernard, politologue clermontois. 

L'Auvergne représente cette "France périphérique", celle de la ruralité, sur laquelle le Rassemblement national assoit sa puissance politique depuis douze ans.

Mathias Bernard

Politologue

C'est ainsi que le parti est parvenu à une nouvelle "poussée", dès le premier tour des élections législatives 2022. Territoire voisin avec la Loire, la 5e circonscription du Puy-de-Dôme, celle de Thiers-Ambert, avait porté la candidate RN Brigitte Carletto jusqu'au second tour. Cette dernière avait finalement été battue par le député sortant André Chassaigne (NUPES) avec 69,43% des voix contre 30,57%.

Dans la 1e circonscription de l'Allier, autour de la ville de Moulins, la candidate RN Marie Cibert s'était placée en troisième position (19,4% des suffrages exprimés), à seulement 9 voix du ballottage. Dans la 3e circonscription de l'Allier, à l'est du département, le candidat RN Quentin Julien avait rassemblé 20,31% des voix pour une troisième place également. Avec la victoire de Jorys Bouvet (RN), le département comptait trois partis différents dans ses trois circonscriptions. 

Dans la 1e circonscription du Puy-de-Dôme, secteur Clermont-Ferrand-Centre, la candidate RN Anne Biscos se plaçait troisième (14,67%), loin derrière la candidate Ensemble Valérie Thomas (27,33%) et celle de la NUPES Marianne Maximi (34,50%). Mais dans la métropole clermontoise, la donne semble avoir changé depuis, si l'on regarde les résultats des élections européennes du 9 juin 2024. "Le Rassemblement national a fait un fort score à Clermont-Ferrand, à Gerzat ou encore Pont-du-Château. Dans tout le nord de la métropole, on constate des scores autour des 35%", détaille Mathias Bernard. 

Pour le politologue, ces récents scores sont le signe d'une "nouvelle dynamique" du parti. "Cela montre que le vote RN n'est plus seulement un vote de personnes qui se sentent déclassées ou marginalisées. Jusqu'en 2022, c'était le cœur de sa clientèle mais ça ne lui permettait pas de dépasser les 20% à l'échelle nationale. Là, on voit qu'il a conquis des classes moyennes voire supérieures, plutôt diplômées, urbaines", juge-t-il.

Chez les électeurs du RN, il y a une volonté de renouvellement qui est davantage incarnée par Jordan Bardella. Marine Le Pen est dans le circuit depuis 25 ans. Pour des élections législatives, on sait que ce n'est pas la notoriété des candidats qui l'emporte. Dans une logique de renouvellement, les inconnus ont leur chance devant les électeurs.

Mathias Bernard

Politologue

Dans le Cantal, les deux députés LR avaient été reconduits lors des dernières élections législatives. Dans la circonscription d'Aurillac, la candidate Dorothée Gallais avait obtenu 11,21% des voix au premier tour, le plus faible score du RN dans la région. Dans la 2e circonscription du département, le candidat Gilles Lacroix a décroché une quatrième position avec 13,90% des suffrages. 

En Haute-Loire, fief de Laurent Wauquiez (LR), le Rassemblement national n'était pas parvenu à s'imposer lors du premier tour des élections législatives de 2022, avec 14,23% des voix dans la 1e circonscription autour du Puy-en-Velay et d'Yssingeaux et 13, 61% des voix dans la 2e autour de Brioude. "Je ne suis pas sûr que Les Républicains soient en danger en Haute-Loire pour les prochaines législatives. Dans les circonscriptions rurales, le poids des députés sortants joue un rôle important. Aux européennes 2024, la Haute-Loire ne s'est pas comportée comme un bastion de droite traditionnelle en favorisant le RN mais les choses se rééquilibreront probablement aux législatives", estime Mathias Bernard. 

L'incertitude du scrutin

Pour ces prochaines élections anticipées, une question demeure : la gauche arrivera-t-elle à s'unir en si peu de temps ? "Dans un scrutin majoritaire à deux tours, il faut capter le maximum de voies au premier tour. Depuis deux ans, il y a quand même eu des divisions fortes au sein de la gauche. La Nupes a volé en éclat, notamment sur la question du conflit israélo-palestinien. Cela ne va pas être évident de recoller les morceaux après deux années de division. C'est une opération survie pour elle", estime Mathias Bernard. 

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