Le président de l'ASM Clermont-Auvergne, Éric de Cromières, affirme avoir "secoué le cocotier" après l'élimination du club en coupe d'Europe, mais estime que cette défaite a donné une "volonté supplémentaire" aux joueurs "d'aller au bout" en championnat.
Après l'élimination en Coupe d'Europe et plusieurs défaites à domicile, certains parlaient de crise mais Clermont a repris depuis la tête du Top 14. Des leçons ont-elles été tirées ?E. de Cromières : La seule leçon que l'on peut tirer, c'est que les observateurs disent beaucoup de bêtises. Je ne vois pas ce qui a changé entre ce moment-là et l'actuel, sinon peut-être le discours et le fait que les joueurs ont pris conscience qu'il fallait qu'ils travaillent un peu plus dans le collectif. C'est ce qui a été fait.
Avez-vous donné de nouvelles directives ?
E. de C. : J'ai secoué le cocotier. On a eu une séance d'explications qui a duré une demi-heure. Je leur ai dit ce que je pensais des résultats que nous avions, aux joueurs comme au staff. Je pense qu'on était trop confiant du tirage de la Coupe d'Europe, j'avais mis en garde. On a beau alerter, psychologiquement on se disait qu'on était dans une poule facile, on a laissé 4/5 occasions de se qualifier. Une fois qu'on est pas qualifié, on rentre dans une espèce de difficulté psychologique, de doute.
Quelles sont les conséquences de cette élimination pour le club?
E. de C. : Elles sont surtout financières. Un quart de finale de Coupe d'Europe à la maison, c'est plus de 400.000 euros. Ensuite, vous avez une redistribution des droits télévisés par la Ligue (pour le Top 14 et la Coupe d'Europe), dont une partie est faite à la méritocratie. Quand vous n'êtes pas qualifié, vous avez moins droit à cette redistribution.
Y a-t-il une pression supplémentaire sur les épaules des joueurs ?
E. de C. : Il n'y a pas de pression mais une volonté supplémentaire (...) On a l'envie, comme tous les ans, d'aller au bout mais ça ne dépend pas que de nous.
Regrettez-vous le comportement de certains supporters, qui ont exprimé leur mécontentement ?
E. de C. : C'est une infime minorité qui réagit de manière peut-être excessive. Mais les gens ont le droit de s'exprimer comme ils veulent, on est en démocratie. La seule chose que je peux leur dire, c'est que ce n'est pas en prenant un abonnement qu'on a un titre. Ce n'est pas compris dans le "package". Il y a huit équipes qui peuvent prétendre gagner le titre au début de chaque année, les autres décevront leur public.
Le conseil d'administration du club a validé l'arrivée de quatre nouveaux administrateurs, dont aucun n'est issu de la manufacture Michelin. Un signe d'ouverture ?
E. de C. : La volonté d'ouverture ne date pas d'hier mais elle est davantage prononcée aujourd'hui. Le but est de s'attacher des compétences diverses pour assurer la bonne vision du futur. Il n'y a pas que les gens de Michelin qui ont des compétences. Mais il est vrai que dans un an, il n'y aura qu'un ou deux Michelin sur dix ou douze personnes du conseil d'administration.
Le nouveau vice-président, Isidore Fartaria, promet la fin de la "chape de plomb" à l'intérieur du club. Il va y avoir du changement en termes de communication ?
E. de C. :Je ne comprends pas cette expression. Est-ce que j'ai une gueule de "chape de plomb" ?
La politique habituelle du club, c'est plutôt de ne pas faire de vagues...
E. de C. : Si vous voulez qu'on communique comme Mourad Boudjellal, vous n'aurez pas ça. La communication ne va pas changer. 98% de supporters trouvent que ça va plutôt bien et ne demandent pas qu'on communique autrement. Vous dire que je vais répondre sur les réseaux sociaux ? Non, je ne les lis même pas. Il y a 30 clubs professionnels en France. Combien mettent de la poudre aux yeux et passent leur vie à dégoiser dans les médias ? Deux. On est parmi les 28 qui ne le font pas.