Près de Clermont-Ferrand, une trentaine de gilets jaunes poursuit mardi 20 novembre l’opération barrage filtrant, sur un rond-point à hauteur du péage de Gerzat, dans le Puy-de-Dôme. Au quatrième jour du mouvement, les manifestants se disent déterminés.

Des voitures ou des camions à l’arrêt, et devant, des palettes en bois tenues par des gilets jaunes qui bloquent ou dégagent l’accès au rond-point… Depuis samedi 17 novembre, sur la D772, à hauteur du péage de Gerzat, près de Clermont-Ferrand, l’opération se poursuit. Certains ont passé la nuit sur place, d’autres ont dû aller travailler… Mais les manifestants se relaient pour maintenir la pression. Retraités, demandeurs d’emploi ou même salariés en arrêt maladie, ils étaient une trentaine mardi matin, proposant même du café et des viennoiseries aux conducteurs contraints de patienter. Sous une bâche, des victuailles, bouteilles d’eau, et un réchaud. « Il y a des gens qui s’arrêtent pour nous donner de quoi tenir », assure un gilet jaune.
 

Le gasoil, la goutte qui fait déborder le vase.


Tous affichent leur détermination. « On la veut bien, la voiture électrique, on n’est pas contre la transition énergétique, mais pas du jour au lendemain. C’est pas à nous de payer, pas aux petits particuliers, mais aux grosses industries », estime Denis, un mécanicien puydômois.
« Dans les campagnes, les gens ne peuvent pas prendre le train, y'en a de moins en moins et les guichets fermes » observe Alain, retraité. « Le gasoil, c’est la goutte qui a fait déborder le vase », lance un autre. Sur la chaussée, le ras-le-bol qui s’exprime dépasse d’ailleurs la hausse des taxes sur le carburant pour s’étendre au pouvoir d’achat.
 

Guillaume, 27 ans, tient à témoigner. Il est titulaire d’un BTS de gestion et maîtrise de l’eau, mais n’a pas trouvé d’emploi dans sa branche. Il s’est tourné vers le transport, alternant CDD et périodes de chômage. « Je perçois 960 euros par mois. Ma cuve à fioul, je n’ai pas d’argent pour la remplir. Je ne sais toujours pas comment je vais faire. Mon frigo c’est pareil, c’est pâtes et riz à la maison. J’ai la même voiture depuis que j’ai 18 ans, elle date de 1999, et je ne pourrais pas la changer », explique le jeune homme qui dénonce « une misère sociale ».
 

Ca risque de mal finir.


Autant d’arguments avancés pour justifier la volonté de poursuivre la contestation, malgré la fermeté des autorités. « On vous en donne d’un côté, et on vous en reprend de l’autre. Il n’y a pas de cadeau. J’ai une bonne situation, mais je suis quand même là. Je me bats aussi pour mes enfants », assure Franck, salarié dans l’agro-alimentaire. « Si Macron ne veut pas lâcher, ça risque de mal finir. Ils sont malins là-haut, mais nous, on n’est plus malins qu’eux. S’ils veulent tout débloquer, deux minutes plus tard, on est de l’autre côté. Et il existe les téléphones et les réseaux sociaux », estime un autre gilet jaune.  

Des coups de klaxons retentissent des camions autorisés à reprendre la route. Certains chauffeurs saluent le groupe, des automobilistes affichent le gilet jaune derrière le pare-brise. D’autres, au contraire, râlent. Les manifestants vont au-devant des conducteurs pour, disent-ils, « prendre la température ». Ils expliquent attendre du concret de la part de l’exécutif.
 

Arrêter d'être pompé sur le gasoil


« On est motivé dans notre manière de faire, on a des agents de police et la gendarmerie qui viennent nous voir. Pour l’instant tout se passe bien. On ne décrochera pas, de toute façon. Parce que y’a rien de signé. Nous, on veut que ça soit écrit noir sur blanc, moins de taxes, arrêter d’être pompé sur le gasoil, arrêter que les gens survivent... Parce que, même avec nos salaires, on ne vit plus, c’est trop dur. Des gens qui sont obligés de faire des prêts pour partir en vacances en famille, j’en connais, c’est pas normal », estime Gilles, chauffeur routier. En arrêt de travail, il ne craint pas d’être reconnu. « Si je suis là aujourd’hui, c’est aussi pour ma société, pour mon entreprise, parce que les péages sont trop chers comme le prix du gasoil ».

Certains évoquent l’appel à manifester samedi prochain à Paris. Ils n’envisagent pas de s’y rendre, mais de continuer à occuper le rond-point de Gerzat… Combien de temps le mouvement va-t-il durer ? L’incertitude demeure.

 
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