Au barreau de Clermont-Ferrand, ce lundi 3 février, les avocats entament leur 5ème semaine de grève illimitée. Ils protestent contre le projet de réforme des retraites. Les audiences sont reportées et les dossiers attendant d’être jugés s’accumulent.
Opposés à la réforme des retraites, les avocats de Clermont-Ferrand entament leur 5ème semaine de grève. C’est le cas de Laure Basmaison et Jérémy Béranger. Ce lundi 3 février, alors qu’ils auraient dû plaider, ces deux avocats ont demandé le renvoi du procès à une date ultérieure. En cette période de grève, c'est leur quotidien : « Aujourd’hui, c’était une affaire pénale de fraude au RSA. Moi, je suis partie civile et le dossier a été renvoyé au mois d’octobre. Ca a forcément un impact sur nous, cabinets d’avocats et aussi sur les justiciables car ils sont obligés d’attendre une décision de justice », regrette Laure Basmaison.
Quelque 2500 dossiers en attente
Conséquence au tribunal de Clermont-Ferrand : 70 % des dossiers sont renvoyés, soit 2400 dossiers toutes chambres confondues depuis le début de la contestation. « C’est dommageable mais il ne faut pas oublier que si l’avocat vient à disparaitre, il n’y a plus d’accès au droit. On peut comprendre le mécontentement mais la plupart du temps le client comprend que si la réforme vient à passer il n’aura plus accès au droit de la même façon », explique Jérémy Béranger. C’est au civil que le taux de renvoi est le plus élevé : il avoisine les 100%.Jusqu'à 10 mois de délai pour les justiciables
Les délais ne cessent de s'allonger : de 4 à 5 mois au pénal et jusqu'à 10 mois au civil. Les dossiers sont renvoyés aux premières dates disponibles : « La prochaine audience disponible pour un dossier nouveau, ce sera au mieux septembre 2020 et au pire janvier 2021. C’est toujours regrettable de subir un mouvement de plein fouet alors qu’il ne concerne pas directement le fonctionnement de la justice », affirme Eric Maillaud, procureur de la République de Clermont-Ferrand.Il estime que ce sont les justiciables des affaires familiales qui sont les plus pénalisés par la grève : « Lorsqu'on escompte une décision définitive sur un divorce, un droit de garde ou de visite des enfants, à la suite d'une procédure déjà longue et compliquée, on espère pouvoir passer à autre chose. Quand on vous annonce que l'examen de cette procédure est reporté, c'est forcément une énorme déception. » Cette grève des avocats intervient alors que des efforts de rapidité avaient été effectués au niveau de l’institution judiciaire, souvent taxée d’être trop lente.