Des pneus brûlés devant la CPAM de Marseille, ce sont 80 chauffeurs de taxi qui se sont mobilisés ce mardi 26 novembre pour protester contre la nouvelle réforme des transports sanitaires. Perte salariale et uberisation des taxis conventionnés, France 3 Provence-Alpes vous explique.
Ce mardi 26 novembre, dès 4 h du matin, environ 80 chauffeurs de taxi conventionnés ont protesté devant la CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie) des Bouches-du-Rhône à Marseille. Quinze jours plus tôt, la nouvelle tombe : les négociations menées depuis un an entre les fédérations de taxi et le gouvernement pour la réforme des transports sanitaires ne sont pas concluantes pour ces chauffeurs de taxi.
Une perte salariale de 40%
Trois fédérations de taxis ont rencontré ce lundi 25 novembre le directeur de la CPAM nationale, Thomas Fatôme. Une autre sera reçue ce mardi après-midi. Cela fait un an que les fédérations de taxis négocient cette réforme de transports sanitaires. Selon les chauffeurs, ces pourparlers ne sont pas à la faveur des taxis. Ils se sont alors mobilisés pour protester contre ce qu'ils estiment être une injustice. Pneus brûlés, voitures de taxi garées devant l'organisme de l'Assurance maladie, ils tentent de se faire entendre. En vain.
En premier lieu, ils dénoncent la perte de salaire. "On va perdre 40 % de revenus d'activités. Le tarif sera en dessous du seuil de rentabilité", nous explique Alina*, chauffeur taxi indépendante. Jean-Michel Durand travaille lui aussi pour les transports sanitaires, c'est-à-dire les véhicules transportant des patients depuis leur domicile jusqu'à l'hôpital. Il n'a pas pu être présent ce matin à la mobilisation, mais il est en colère face à la situation. "Au lieu de 1,60€/km, on va passer à 0,94€/km. Ils veulent réaliser des économies", nous détaille-t-il.
Ce sont 40 000 entreprises avec plusieurs salariés qui risquent de fermer.
Alina*, chauffeur de taxi indépendanteà France 3 Provence-Alpes.
Alina rajoute que ces réformes vont également toucher la marche lente. Le tarif des courses ne comptabilisera plus les bouchons, il sera calculé seulement sur le nombre de kilomètres et plus sur le temps passé dans le véhicule. Tout comme l'attente devant l'hôpital qui ne sera plus payé. "On envoie les chauffeurs vers la précarité", souffle-t-elle.
Uberisation des taxis sanitaires
Jean-Michel Durand dénonce particulièrement "l'uberisation des transports sanitaires" par cette nouvelle réforme. Le gouvernement prévoit en effet d'installer une plateforme nationale qui gérera toutes les courses. "Les personnes transportées ne seront plus que des numéros et le lien social sera cassé. Vous n'aurez jamais le même taxi, ni le même patient et les mêmes pathologies, développe le chauffeur. Ce matin, par exemple, je transportais une dame que je connaissais. Elle m'a confectionné de la sauce tomate, parce qu'elle sait que j'aime cuisiner. Il n'y a pas longtemps, c'était de la confiture. Ce sont des liens de confiance, d'amitié qui se créent."
La réforme sera présentée au ministère de la Santé à partir du 5 décembre, après être repassée par l'Assemblée nationale. "Une fois que c'est signé, on sait que ce sera cuit", conclut Alina avec amertume.
*Le prénom a été modifié.