En grève depuis le mardi 2/11 et jusqu'au jeudi 11/11, les infirmiers anesthésistes se sont réunis à Clermont-Ferrand devant le siège de l'Agence régionale de santé. Ils réclament une plus juste reconnaissance de leur statut, de leur rémunération et de leurs compétences exclusives.
Il s'agit déjà de la troisième mobilisation des infirmiers anesthésistes cette année. Un nouveau cri d'alerte national pour dénoncer la dégradation des conditions de travail où le Covid-19 n'a pas arrangé les choses, mais encore plus accéléré le sentiment d'abandon d'une profession "qui ne fait plus envie aux jeunes" estime Nicolas Ribière, représentant du collectif d’infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (IADE) sur Clermont-Ferrand. Une grogne générale du monde de l'hôpital et plus particulièrement de la profession des infirmiers anesthésistes, confrontés à un bras de fer interminable avec le gouvernement et les annonces du Ségur de la Santé.
Les revendications du mouvement sont avant tout statutaires et en lien avec la loi RIST ou loi de modernisation du système de santé qui a finalement été reportée en 2022 et définit des auxiliaires médicaux en pratiques avancées, sans prendre en compte les infirmiers anesthésistes. "Ce qu'on revendique c'est vraiment le statut. [...] Au niveau de notre pratique et de notre formation, on correspond en tout point à cette définition mais cela nous est refusé par le ministère de la Santé et Olivier Véran notamment. Ils nous baladent depuis plus d’un an avec des promesses au niveau de notre statut mais rien n’évolue en fait", juge Nicolas Ribière.
Dans un premier temps, le Sénat avait en effet reconnu le statut des infirmiers anesthésistes dans la loi RIST avant que le gouvernement ne supprime par amendement à l'Assemblée nationale, le 12 février 2021, l'article leur accordant ce statut.
"On souffre énormément de la méconnaissance de notre travail et de notre existence"
Autre point de crispation, les grilles salariales du plan Ségur n'ont là encore selon lui pas servi les intérêts de tous. "Il peut y avoir des échelons qui prennent zéro, vingt euros quand d'autres en prennent cent. Donc là-aussi il n'y a aucune logique et aucune harmonie", poursuit-il après sept ans d'exercice dans la profession à l'hôpital Saint-Jacques de Clermont-Ferrand. Un constat de mécontentement global qui s'est aggravé lors de la crise sanitaire, marquée par une augmentation de la tension hospitalière d'un côté et des opérations déprogrammées en raison du manque de moyens matériels et de personnel.
"On a l'impression qu'on essaye de réinventer ce qui existe déjà"
"Pendant la période Covid, on est allé aider à la création de nouveaux lits de réanimation. Et là aussi il n'y avait pas de secret, c'était parce qu'il y avait des infirmiers anesthésistes disponibles car les programmes opératoires étaient allégés", reconnaît Nicolas Ribière. Une surcharge de travail qui n'a pas été récompensée à sa juste valeur pour Laurent Metton, infirmier anesthésiste dans le privé. "Je pense qu'on souffre énormément de la méconnaissance de notre travail et de notre existence même avec notre statut d'infirmier hybride [...] On a l'impression qu'on essaye de réinventer ce qui existe déjà, en créant des infirmiers en pratiques avancées par secteur. Le risque est que l'on pourra devenir par exemple IPA d'urgence avec un volume de formation moindre et de fait plus facile d'accès pour ceux qui pourront obtenir ce statut."
Un manque de considération et de reconnaissance de la part des institutions que sont venus dénoncer une vingtaine d'infirmiers anesthésistes grévistes, membres de collectifs ou encore indépendants, en ce lundi 8 novembre. Même si au fil des jours les assignations de leurs hôpitaux respectifs rendent la portée du mouvement moins importante, ils restent toujours dans l'attente d'avancées et de réponses à la hauteur des espérances.