Grève du 19 janvier à Clermont-Ferrand : 30 000 manifestants selon l'intersyndicale, "C'est plus qu'une victoire"

Vers une mobilisation record ? A l'appel des syndicats, à Clermont-Ferrand, une manifestation était organisée contre la réforme des retraites ce jeudi 19 janvier. L'intersyndicale avance le chiffre de 30 000 manifestants à Clermont-Ferrand. Selon la préfecture du Puy-de-Dôme, ils étaient 19 000.

Jeudi 19 janvier, le mouvement de grève nationale lancé par l’intersyndicale devrait être très suivi. Il s’oppose au projet de réforme des retraites porté par le gouvernement d’Elisabeth Borne. Clermont-Ferrand est l’un des 200 points de rassemblement répertoriés par la CGT. Dans la capitale auvergnate, pas moins de 10 syndicats ont appelé à manifester : la CGT, la CFDT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, la FSU, Solidaires, l’UNEF, et la Voix lycéenne. Les syndicats sont unanimes contre le recul de l'âge de départ à la retraite.

Retour sur les temps forts de cette manifestation, qui, selon l'intersyndicale, a rassemblé 30 000 personnes. De son côté, la préfecture du Puy-de-Dôme avance le chiffre de 19 000 manifestants.

13h30 : les prises de parole sont terminées

En début d'après-midi, une délégation de l’intersyndicale doit être reçue par le préfet du Puy-de-Dôme. Vendredi 20 janvier après-midi, l’intersyndicale locale doit se réunir à Clermont-Ferrand pour décider de la suite des actions à mener. Elle a d’ores et déjà appelé à la reconduction du mouvement et à l’organisation d’assemblées générales dans les entreprises.

La manifestation touche à sa fin.

12h35 : les prises de parole des syndicats, "La retraite c’est mieux quand on est vivant"

A la tribune, Ghislain Dugourd, secrétaire départemental CGT, prend la parole et indique : « Cette journée du 19 janvier sera déterminante pour installer le rapport de force nécessaire pour faire reculer le projet de réforme voulu par Macron et ses sinistres. Dans un pays où les gens ne trouvent pas de CDI avant l’âge de 28 ans et où les travailleurs expérimentés sont jetés hors de l’entreprise, majoritairement avant 60 ans, la plupart du temps, sans retrouver d’emploi, en allongeant la durée de cotisation et en repoussant l’âge de départ, ce serait ainsi qu’on trouverait les milliards nécessaires pour sauver notre système. Les aides publiques aux entreprises représentent 13 fois le déficit annoncé de la retraite. Les dividendes versés par les entreprises du CAC 40 ont atteint un montant record de 57,5 milliards d’euros en 2021. Macron veut réformer notre système pour un soi-disant déficit de 12 milliards en 2027 ».

Les prises de parole s'enchaînent.

Valérie Guillaume, secrétaire régionale en charge de l'Union territoriale des pays d'Auvergne de la CFDT, déclare à la tribune : « Non au recul de l’âge de départ. Oui, la retraite c’est mieux quand on est vivant. C’est mieux d’en vivre dignement, de faire tourner l’économie, la vie associative et de s’occuper de nos familles : c’est profiter car on a donné nos meilleures années ».

A son tour, Frédéric Bochard, secrétaire départemental FO, prend la parole : « Cette mobilisation est l’expression du rejet de cette réforme par les travailleurs, par les jeunes, par les retraités, par les demandeurs d’emploi, par la majorité de la population. C’est l’union populaire contre le recul de l’âge de la retraite, contre l’allongement de la durée de cotisation, pour la défense de notre système de retraites avec tous ses régimes. Cette réforme est injuste, injustifiée et injustifiable ».

Pierre Vallejo, secrétaire général du syndicat SE-UNSA du Puy-de-Dôme, indique : « Ils nous disent qu’on vit plus longtemps et qu’il faut travailler plus longtemps. C’est faux. Il faut regarder l’espérance de vie en bonne santé. Elle est en baisse pour les femmes, comme pour les hommes. On veut nous essorer jusqu’au bout. Dans notre pays, les 5% les plus pauvres meurent en moyenne 13 ans plus tôt que les 5% les plus aisés ».

A la tribune, toutes les organisations syndicales sont invitées à s'exprimer devant les manifestants. Un seul mot d'ordre, faire plier le gouvernement sur sa réforme des retraites.

11h50 : la place de Jaude est noire de monde, « C’est plus qu’une victoire » 

Ghislain Dugourd, secrétaire départemental CGT, annonce 30 000 manifestants. Il déclare : « C’est plus qu’une victoire. Dites-le autour de vous. La victoire est possible ». 

Il y a énormément de monde place de Jaude, comme en témoigne cette vidéo.

Sur la place de Jaude, Didier, 60 ans, aide-soignant au CHU de Clermont-Ferrand, insiste : « Je devais partir à la retraite à 62 ans, j’espère encore pouvoir partir à cet âge-là et balayer ce projet de réforme. Si la réforme est maintenue, je prends 8 mois de plus. Cela se terminera certainement par un arrêt de travail, parce que je ne vais pas pouvoir tenir le coup. J’ai déjà une canne à 60 ans. Je me vois mal faire 8 mois de plus et je vois mal ceux qui viennent aller jusqu’à 64 ans. Ce n’est tout simplement pas possible ». 

Thomas, 21 ans, en reconversion professionnelle, indique : « La retraite va tous nous toucher, surtout les jeunes. C’est important d’y penser maintenant, le plus tôt possible, parce que, même si ça va changer dans les prochaines années, il faut montrer qu’il y a des choses qu’on ne peut pas accepter. Partir à la retraite à 64 ans, ce n’est pas possible, surtout pour des métiers physiquement très durs et avec de la pénibilité. Avant, j’étais dans la mécanique industrielle en atelier. Quand il n’y a pas la climatisation, quand il n’y a pas le chauffage, quand on est debout toute la journée, c’est très dur. Pour les anciens, je n’imagine même pas ». 

Des manifestants s'en prennent au président de la République.

Willy, 59 ans, est employé à l’hôpital Sainte-Marie. Il indique : « Il ne faut pas que cette réforme passe. Si on appelle à manifester, je reviendrai. Je vais partir à la retraite dans 3 mois mais je pense à mes collègues qui ont 55, 56 ans ».

Régis, membre de la CGT énergie, souligne : « Il est hors de question qu’on travaille jusqu’à 64 ans. On est 30 000 à manifester à Clermont-Ferrand, ce qui n’est pas rien du tout. Cette réforme ne peut pas passer, avec autant de gens qui sont contre. Les centrales nucléaires et les barrages hydrauliques sont à la main des grévistes. Il va falloir que le gouvernement réfléchisse et revienne à la table des négociations, s’il ne veut pas que le climat social dérape. Je pense qu’on sera de plus en plus nombreux ».

11h30 : la tête du cortège arrive place de Jaude

Alors que la manifestation se déploie dans la ville, la tête du cortège arrive place de Jaude. Parmi les manifestants, Elise, 37 ans, designer, souligne : « Il y a pas mal de sujets sur lesquels on a des raisons d’être en colère ou agacés. C’est l’occasion d’exprimer ça, en plus de la question des retraites. Je ne sais pas si j’aurai un jour une retraite, vu mon métier, mais par solidarité, je me sens concernée. Je suis venue avec mon enfant, par solidarité avec la maîtresse qui manifeste et parce que c’est l’occasion de lui faire vivre un moment de démocratie ». 

Vincent, 41 ans, chauffeur, a tenu à être présent : « On est là avec les collègues pour manifester contre la réforme de l’âge légal de la retraite et pour les conditions de travail qui ne sont pas évidentes. Cette réforme est injuste car on continue de grappiller sur les avantages qui ont été acquis il y a bien longtemps. On continue à faire travailler les gens encore et encore, toujours plus, pour de faux prétextes. Il y a de fortes chances que je manifeste à nouveau, car il faut que la mobilisation soit continue, pour bien faire comprendre qu’on n’est pas d’accord. Il faut qu’elle soit intergénérationnelle. Tout de suite, on n’y est pas confrontés, mais d’ici 30 ans, on va arriver à l’âge de la retraite et elle risque d’être décalée davantage ». 

11h15 : le cortège arrive à Ballainvilliers

Sylvie, 54 ans, est agent technique dans une collectivité. Elle explique : « Je suis dans la rue car je ne me vois pas travailler jusqu'à 64 ans, je ne sais pas si je serai en capacité. Je ne sais pas si ma santé me permettra de continuer à travailler aussi longtemps. J’ai toujours travaillé, j’aimerais partir à la retraite avec une pension à taux plein, sans que des soucis de santé m’obligent à partir avant, avec une pension amoindrie ».

Florence, 59 ans, professeur des écoles à Courpière, ajoute : « Je manifeste car je pensais qu’il me restait 2 ans avant la retraite, mais si la réforme passe, j’aurai une année de plus à faire. C’est un métier fatigant, il faut s’occuper des enfants qui sont de plus en plus durs. J’espère qu’on reviendra sur l’âge obligatoire de départ à la retraite. J’aimerais qu’on prenne en compte les trimestres de cotisation mais pas un âge butoir. J’aimerais des aménagements pour les fonctionnaires ». 

Zélie, 22 ans, est en service civique. Elle explique : « Je manifeste car j’ai envie de profiter de la vie, après avoir bossé pendant je ne sais pas combien d’années, pour toucher le minimum syndical qui est déjà assez bas. Si on travaille pendant toutes ces années, c’est pour ensuite pouvoir profiter de la vie. Je ne pense pas que la vie ce soit de rester à son bureau. Même si on est passionné par son travail, au bout d’un moment, le voyage et la découverte du monde sont importants. Une fois qu’on est à la retraite, on a la possibilité de le faire. Si on est à la retraite à 80 ans, on va passer du travail au cimetière. On se bat aussi pour notre niveau de vie dans 50 ans ». 

Pour se faire entendre, certains ont sorti des instruments de musique.

10h55 : le cortège arrive place Delille

Place Delille, le cortège grossit encore.

Les manifestants ne manquent pas d'imagination pour leurs pancartes : "Elisabeth, tu dépasses les bornes", «Je préfèrerais une retraite de mon vivant », « Burn out, Borne out ».


Le cortège est très étendu.

10h45 : les premiers slogans retentissent

Le cortège progresse doucement.

Les manifestants lancent des slogans : "Même si Macron ne veut pas, nous on est là! ".

10h30  : le cortège s'élance

La manifestation prend la direction de la place de Jaude.

Parmi les manifestants, Vincent, 46 ans, sapeur-pompier à Clermont-Ferrand, rappelle : « Je n’ai pas envie de travailler jusqu’à l’âge qu’on nous demande. On a déjà repoussé les années butoirs pour les retraites et là, ça commence à suffire. J’attends que le gouvernement comprenne que notre métier est fatigant et qu’à un moment, il faut qu’on s’arrête. On devrait travailler jusqu’à 59 ou 60 ans, mais ce n’est pas possible. On vient en aide à des gens qui auront le même âge que nous donc ça va devenir compliqué ». 

10h20 : la foule grossit 

Le cortège ne s'est pas encore élancé. Au milieu des manifestants, Séverine, 49 ans, aide-soignante au CHU de Clermont-Ferrand, précise : « Je ne me vois pas travailler jusqu’à 64 ans. Je ferai mon métier en déambulateur, en réservant ma chambre à l’hôpital ou à l’EHPAD. On sera soignants et en même temps résidents ». 

10h00 : les manifestants se retrouvent place du 1er Mai

Les manifestants se rassemblent.

Monique, 66 ans, ancienne assistante maternelle aujourd’hui à la retraite, souligne : « Je suis là pour mes enfants, mes petits-enfants et pour un monde meilleur. Là, ce n’est plus possible, on est pris à la gorge, tout augmente, les salaires et les retraites n’augmentent pas. On est en train de nous prendre pour des c… mais malheureusement personne ne le voit. J’espère qu’on sera nombreux aujourd’hui parce que Macron, il y en a assez. Quand ils parlent de monter la retraite à 1 200 euros, c’est complémentaire comprise. Donnez-leur 1 200 euros pour vivre. J’ai plein de copines qui sont à 800 euros de retraite mais qui sont obligées de travailler parce qu’elles ne s’en sortent pas. Vous trouvez cela normal, d’aller bosser à 67 ans ? ». 

Avant le départ du cortège, Henri Javion, président de la CFE-CGC du Puy-de-Dôme, indique : « Cette manifestation est extrêmement importante parce que nous sommes contre la réforme des retraites telle que le gouvernement nous la présente aujourd’hui. On est contre parce que les propositions qui sont faites du recul de l’âge de la retraite à 64 ans nous paraissent aujourd’hui utopiques,  eu égard au comportement des entreprises, qui à 55 ans, commencent à pousser le personnel vers la sortie. Entre 60 et 64 ans, il n’y a que 35 % des salariés qui restent en entreprise. Il va falloir qu’il y ait une réelle négociation à cet égard. Pour l’instant, elle n’existe pas. Nous sommes beaucoup intervenus également sur la pénibilité, qu’on appelle aujourd’hui souffrance professionnelle. Il nous faut des critères de pénibilité qui ne sont pas aujourd’hui définis. Les cadres sont pénalisés par cette réforme car ils seront obligés de faire des carrières plus longues. On espère que le gouvernement abandonne son projet ».

Voici le parcours de la manifestation : 

Voici le parcours qu’elle empruntera : 

- Place du 1er Mai 

- Place Delille 

- Boulevard Trudaine 

- Place Michel de L’Hospital 

- Rue Maréchal Joffre 

- Place Renoux 

- Avenue Colonel Gaspard 

- Place de Jaude 

Des syndicats sur le front

Les organisations syndicales appellent à se mobiliser. Frédéric Bochard, secrétaire général de l’Union Départementale FO du Puy-de-Dôme, explique : « Il n’a échappé à personne que depuis l'élection présidentielle et les annonces du chef de l'État, FO était contre ce projet de réforme et avait indiqué que si le gouvernement allait sur le terrain de la réforme, pour FO, ce serait la mère des batailles et que le jour où le gouvernement déclenche le feu, et bien, FO ferait feu ». Pour Ghislain Dugourd, secrétaire général de l’Union Départementale CGT, la mobilisation du 19 janvier prend “médiatiquement et au sein de la population” puisque “le projet de réforme est rejeté à 80% par la population. On s'attend forcément à une forte mobilisation jeudi, en espérant bien sûr le plus grand nombre de personnes en grève et dans la rue. Au-delà de ça, il y a une pétition qui a été mise à disposition par l'ensemble des organisations syndicales qui, elle aussi, commence à devenir très populaire puisque dimanche, on avait dépassé les 330 000 signatures". Selon Valérie Guillaume, secrétaire régionale en charge de l'Union territoriale des pays d'Auvergne de la CFDT, son syndicat sera vent debout contre la réforme : "Depuis le début on a dit non à 64 ans, non à 65 ans. Ce n'était ni l'urgence ni la priorité. Je crois que l'ensemble des travailleurs, travailleuses, demandeurs d'emploi, retraités actuels, a d'autres priorités qu'une réforme des retraites. Le système n’est pas en danger dans l'immédiat, donc il n’y avait aucune urgence, ce n'était pas la priorité en tout cas.”

Les observateurs scruteront aussi la présence des jeunes au sein du cortège. L'UNEF et la Voix lycéenne ont également rejoint l'intersyndicale. Selon un sondage IFOP pour le JDD réalisé du 11 au 12 janvier, 69% des 18-24 ans interrogés sont opposés à la réforme. 

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