Réforme des retraites : ce qu'en pensent ces jeunes

Alors que les organisations syndicales appellent à manifester le 19 janvier contre la réforme des retraites, qu'en pensent les jeunes ? Nous avons interrogé quelques jeunes actifs et étudiants. Ils sont, pour la plupart, opposés à la réforme et nous expliquent pourquoi.

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A quelques jours de la manifestation du 19 janvier contre la réforme des retraites, à l'appel de l'intersyndicale, nous avons demandé à de jeunes auvergnats leur point de vue sur cette réforme. Si pour la plupart de ces jeunes actifs et étudiants, la retraite semble lointaine, ils sont nombreux à redouter à l'allongement de la durée de cotisation. 

Laura, 22 ans : "J’ai accepté le fait que je n’aurai pas de retraite"

Laura, 22 ans, agent municipal près de Riom : « Moi je suis pour la grève. Il faut tenir compte de la pénibilité du travail des gens mais, au-delà de ça, je ne comprends pas le fait de faire travailler les gens d’un certain âge. Les jeunes ont du mal à trouver un emploi et les personnes en fin de carrière sont épuisées. J’ai accepté le fait que je n’aurai pas de retraite et qu’il va falloir adopter le même mode de vie qu’aux Etats-Unis : vivre de ses économies. »

Léa, 24 ans : "Je suis pour les grèves"

Léa, maroquinière de 24 ans à Vichy : « Je ne suis ni pour ni contre, il faut faire en fonction du travail que l’on fait. Je me vois plus tenir jusqu’à 64 ans qu’une personne travaillant comme couvreur par exemple. En revanche faire partir certains à 67 ans, c’est incompréhensible pour moi, alors je suis pour les grèves, il faut qu’on montre notre colère. Malheureusement si c’est un jour de grève par ci par là, je pense que ce sera inutile. Je vais sur mes 25 ans et mon dos souffre déjà énormément, tout comme mes mains. Mon agilité partira avec l’âge, j’en suis sûre. »

Kévin, 25 ans : "A la fin, on est mort, on n’en peut plus"

Kévin, 25 ans, agriculteur des Combrailles : « Pour moi, travailler jusqu'à 64 ans dans le milieu agricole ce n'est pas possible. C'est fatiguant et physique. A la fin, on ne peut plus avancer, comme dans d'autres métiers physiques et manuels. A la fin, on est mort, on n’en peut plus. Surtout, on a une retraite de 800 € ! Comment peut-on faire pour vivre ? On bosse toute notre vie pour nourrir le monde, on bosse à fond car c'est notre passion. Je suis quand même inquiet pour l'avenir, ça devient compliqué pour tout le monde et ce n'est que le début. On va manquer de nourriture et sûrement d'eau et de soins. Moi, je ne pense pas pouvoir faire mon métier à 64 ans. Je n'aurais pas la même santé et la même envie qu'à 20 ans. »

Mathilde, 25 ans : "J'ai vu ma grand-mère devoir prendre un boulot pendant sa retraite"

Mathilde, 25 ans, commerciale à Clermont-Ferrand : « Je ne suis pas contente pour mes parents, parce que ça ne fait que repousser leur échéance de retraite et mentalement je trouve ça décourageant pour eux. De plus, j’ai vu ma grand-mère devoir prendre un boulot pendant sa retraite tellement sa pension était basse. Franchement, à 70 ans, devoir garder des enfants comme elle, je trouve ça scandaleux ! Sachant qu’elle a travaillé toute sa vie pour sa retraite qui, au final, ne lui permet même pas de vivre. Moi je ne m’inquiète pas pour mon avenir. Je pense que cela va finir par une réforme comme en Suisse, où on devra nous-même anticiper notre retraite. Je ne pense pas pouvoir travailler jusqu’à 64 ans, c’est pour cela que je compte anticiper le plus tôt possible pour pouvoir prévoir ma propre retraite et ainsi ne pas devoir attendre la date fixée par l’Etat. D’ici là, ce sera à 84 ans ! »

Rim, 26 ans : "Je pense que j'irai même au-delà de 65 ans"

Rim, pigiste de 26 ans à Clermont-Ferrand : « Vu le nombre de gouvernements qu’il me reste encore à connaître je pense que j’irai même au-delà de 65 ans ! Je n’aurai peut-être pas la même allure avec un micro à 70 ans... J’ai de la chance d’exercer un métier plus mental que physique, contrairement à certains métiers reconnus comme pénibles. C’est surtout pour eux que ça pose un véritable problème même avec des aménagements : les déménageurs, les livreurs, ils seront morts avant. »

Lucas, 24 ans : "J'ai déjà mal au dos après 6 ans dans le bâtiment"

Lucas, 24 ans, ouvrier du bâtiment à Cusset : « Moi je suis contre. J'ai déjà mal au dos après avoir bossé 6 ans dans le bâtiment, alors à 64 ans je serais mort c'est sûr. Après, chaque métier a son quota de difficulté mais il y a des métiers où tu peux travailler tranquillement jusqu’à plus vieux, selon moi. »

Jeanne, 22 ans : "Il y a tellement de gens qui meurent dès qu’ils arrivent à la retraite"

Jeanne, étudiante clermontoise de 22 ans : « Je pense que la plupart des gens de notre génération et des suivantes n’iront pas jusqu’à la retraite. Quand on voit que nos vies se résument à travailler pour avoir une retraite au bout de je ne sais combien de temps, qui ne vaut rien financièrement par rapport à tout ce qu’on a fait… Il y a tellement de gens qui meurent dès qu’ils arrivent à la retraite, ça fait peur. »

Antoine, 25 ans : "La réforme, c’est de la pure politique"

Antoine, étudiant de 25 ans originaire de Montluçon : « La réforme, c’est de la pure politique. Chacun a des arguments économiques à défendre. Il n’y a pas d’urgence et on le sait, c’est juste un parti-pris de Macron. Ça m’ennuie parce qu’il y a des gens qui sont fatigués et on leur demande de plus travailler. C’est de la m***e faite sous un prisme économique sans penser au social, du Macron dans le texte. Il y a des millions de personnes qui vont rester 2 ans de plus et le chômage des jeunes est déjà assez important donc on va avoir encore moins de travail ! Je pense que je pourrais travailler jusqu’à 64 ans si je suis prof par exemple, mais je pense à certains de mes amis qui travaillent dans des métiers physiques. Pas sûr qu’ils tiennent jusqu’à 64 ans, alors qu’ils sont serveurs et donc pas concernés par la pénibilité. »

Chloé, 26 ans : "La vie se résumera à travailler"

Chloé, 26 ans, consultante en digital, originaire de Romagnat : « Je pense qu’on vit dans une dictature car, même quand les lois ne sont pas votées, elles passent malgré tout grâce à la carte magique du 49.3. Je n’ai pas un métier physiquement difficile donc je ne suis pas la plus à plaindre mais je pense aux personnes qui ont un métier physique, comme les gens dans le bâtiment. Ils ont une espérance de vie similaire à l’âge de la retraite et pour eux, la vie se résumera à travailler, c’est triste. Je comprends le principe de cotiser pour nos aînés mais des fois je me demande pourquoi je dois payer pour quelque chose que je ne connaîtrai sûrement jamais. Même si mon métier n’est pas physique, je fais des horaires avec de grandes amplitudes et je ne me vois pas vivre ça jusqu’à 65 ans, parce que ce n’est certainement pas la dernière réforme qu’on connaîtra. C’est difficile à encaisser. »

Clara, 24 ans : "Je ne me vois pas bosser jusqu'à ma mort"

Clara, 24 ans, banquière : « Je ne comprends pas grand-chose à la réforme mais ce n’est pas grave, je pense que d’ici la retraite il y en aura encore plein et donc que cette réforme ne sera plus valable pour moi. Je ne me vois pas bosser jusqu’à ma mort. Si besoin, je me mettrai en incapacité pour pouvoir profiter de la vie avant de mourir. »

Louise, 24 ans : "Il faudrait déjà qu’on puisse nous garantir qu’on va vivre jusqu’à 64 ans"

Louise, étudiante de 24 ans dans le Cantal : « Je ne m’y intéresse pas trop, ça me paraît tellement loin ! De toute façon, je suis persuadée que cela va changer d’ici ma retraite. Ça ne m’inquiète pas dans le sens où je n’attendrai pas après ça pour vivre et, vu la situation de l’environnement, je ne sais même pas jusqu’à quel âge je vais vivre. C’est bien sympa de nous dire qu’on va travailler jusqu’à 64 ans mais il faudrait déjà qu’on puisse nous garantir qu’on va vivre jusqu’à 64 ans. Je suis plus inquiète pour la qualité de vie que pour la retraite. Je ne pense pas que je pourrais travailler jusqu’à 64 ans. Je vois déjà que mes parents, qui ont presque 60 ans, sont épuisés. Je ne pense pas que j’en serais capable, surtout dans un métier physique, je pense que c’est impossible d’aller jusqu’au bout sans avoir un problème de santé. »

Maxime, 25 ans : "Je dois continuer jusqu’à 66 ans pour avoir une vraie pension"

Maxime, 25 ans, originaire du Puy-en-Velay : « Les arguments avancés par le gouvernement sont clairement mensongers. Il n’y a aucune urgence à réformer le système maintenant et en plus les autres options que l’âge de départ ne sont même pas envisagées. Je n’ai pas envie d’aller jusqu’à 64 ans, en plus si je veux une carrière complète ce n’est pas à 64 ans que je l’aurai en ayant commencé à 23 ans ! Je dois continuer jusqu’à 66 ans pour avoir une vraie pension… »

Marie-Alice, 23 ans : "Je ne me vois absolument pas travailler jusqu'à 64 ans"

Marie-Alice, 23 ans, travaille dans la petite enfance à Clermont-Ferrand : « Je pense que la réforme de l’âge départ à la retraite ne tient pas suffisamment compte de la pénibilité du travail. Donc je suis contre, parce que là, tout le monde est logé à la même enseigne et ça ne me convient pas. Je suis inquiète pour l’avenir car si on continue comme ça j’ai l’impression que notre génération n’aura pas de retraite ou alors très peu et ne pourra pas en profiter pleinement. Je travaille avec des enfants et je ne me vois absolument pas travailler jusqu’à 64 ans car je pense que je ne serai plus aussi efficace physiquement et j’aurai peur de mettre en danger la sécurité des enfants. »

Selon un sondage IFOP pour le JDD réalisé du 11 au 12 janvier, 69% des 18-24 ans interrogés sont opposés à la réforme. 

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