Certains habitants de l’Allier et du Puy-de-Dôme ont été alertés par une odeur de brûlé dans la soirée de mardi 19 juillet. Un nuage de fumée venu des incendies exceptionnels en Gironde est remonté en Auvergne, enregistré par les stations de relevé des particules.
La forêt brûle en Gironde. Cet incendie qui semble ne jamais vouloir s’arrêter a des conséquences jusqu’en Auvergne. En début de soirée, mardi 19 juillet, les habitants ont signalé une odeur de brulé. Le panache de fumée noire qui s’élève du brasier a formé un nuage qui est passé au-dessus du Puy-de-Dôme et de l’Allier. Les relevés des stations d’Atmo Auvergne ont confirmé ce passage : “Effectivement sur les données de nos stations, on a vu clairement apparaître des pics. On a enregistré le passage de ce nuage qui remonte jusqu'à la région parisienne avec une augmentation des concentrations vers 19 heures ou 19h30, plutôt sur la partie Nord-Ouest de la région clermontoise, sur Moulins, Montluçon, Clermont-Ferrand aussi. On a vu sur les stations une augmentation des données de poussière qui montre bien que le nuage est passé au cours de la nuit et en tout début de matinée, puis les données sont revenues à la normale”, indique Mario Duval, responsable technique Atmo Auvergne. Des particules fines ont été observées sur les stations de Montluçon et Montferrand notamment entre 18 heures et 22 heures.
Les pompiers sollicités
Les pompiers de l’Allier et du Puy-de-Dôme ont reçu de nombreux appels d’habitants alertés par l’odeur de brûlé. Ils ont signalé le nuage via les réseaux sociaux et ont demandé de n’appeler que si des flammes sont visibles : "A notre tour d’être touché par ces odeurs de fumées, plusieurs appels auprès de notre centre de traitement des appels nous signalent une odeur présente sur une partie du département pour autant aucun sinistre actuellement sur notre département. N’appelez qu’en présence de flammes".
Pour un prévisionniste de Météo France, “c'est assez classique. Dès qu'on a un incendie assez important comme c'est le cas actuellement en Gironde. Le vent va pousser les fumées. Au début de l'épisode d'incendie, le vent était plutôt d'Est, donc il poussait les fumées au large. Par contre, à partir de lundi soir et mardi, la galerne s'est levée, c'est un vent d'Ouest assez fort qui vient de l'océan et qui entre dans les terres. Toutes les fumées ont été rabattues sur la France et on a eu ces observations de fumées un peu partout". Si l’incendie a eu des conséquences jusque dans les terres, c’est également à cause de sa taille : “Ça dépend de 2 facteurs, ça dépend de la proximité de l'incendie et de son intensité. L’incendie étant directement sur le territoire et sa dimension étant vraiment importante, les concentrations en fumée étaient plus importantes. Dans d'autres cas, les fumées sont très vite diluées comme par exemple dans le Sud. Les sinistres étaient trop de petite taille pour que les fumées se ressentent à une grande distance, c'est vraiment la taille de l'incendie qui a joué”, indique le prévisionniste. Mais ce n’est pas la première fois que des fumées, parfois venues de très loin, survolent l’Auvergne : “C'est déjà arrivé. Dans le cas des méga feux californiens l'année dernière, on a eu des panaches de fumée qui sont arrivés jusqu'en France. Avec la distance, elles étaient très diluées, donc on n'avait pas senti aussi fort qu'avec les feux de l'Aquitaine".
"L’ensemble des stations ont signalé des poussières jusqu'à la région parisienne"
Pour l’heure, il est difficile de définir la composition exacte des particules relevées, selon Mario Duval : "Les appareils qu'on a sont des appareils de mesure de poussière. Ils analysent une concentration de poussières. Si on voulait caractériser d'où viennent les particules, il faudrait faire de l'analyse chimique sur les particules et donc avoir des filtres à faire passer en laboratoire. Il faudrait aussi qu'on ait un traceur spécifique, un polluant ou un ensemble de pollueurs bien particulier qui nous permettent de dire avec certitude que on a bien cette signature, un peu comme l'ADN.” Pour autant, selon lui, l’origine de ce nuage laisse peu de place au doute : "C'est un incendie de forêt donc on sait qu'on va retrouver beaucoup de composés organiques volatils. Je pense qu'il n’y a pas trop de doutes sur le fait que les pics que l'on a observés viennent des incendies sur la façade océanique. Le vent était orienté Sud-Ouest de manière assez forte, le panache était à ce niveau donc il y a forcément de la dispersion atmosphérique. L’ensemble des stations ont signalé des poussières jusqu'à la région parisienne. On a un épisode de poussière qui peut traverser toutes les régions, voire un pays, voire plusieurs pays et lorsqu'on a des augmentations de poussières géographiquement aussi prononcées, c'est qu'on a un épisode d'ampleur. A part cet incendie, je ne vois pas quelle pourrait être l'autre origine de cette augmentation de poussière." Il rassure : selon les relevés, les seuils réglementaires n’ont pas été dépassés.