Les films « Hercule », « Tarzan », « Fantasia 2000 » ou encore la série « Transformers » : autant de célèbres projets sur lesquels a travaillé Christophe Vacher. Cet Auvergnat a quitté la France il y a plus de 20 ans pour les USA. Il a été récompensé en recevant deux Emmy Awards. Mais actuellement, c’est en tant que peintre qu’il se fait remarquer : une de ses œuvres va partir pour l’éternité sur la Lune.
Un parcours exceptionnel, d’Issoire (Puy-de-Dôme) à Los Angeles. Christophe Vacher a quitté la France en 1996 pour s’établir aux Etats-Unis et travailler pour des studios d’animation. Il avait alors 30 ans. Aujourd’hui âgé de 56 ans, il raconte : « Je suis à Los Angeles depuis 27 ans. Je vivais à l’époque à Paris et je travaillais dans le dessin animé, pour Disney. Dans le milieu des années 90 quand « Le Roi Lion » est sorti, tous les gros studios voulaient ouvrir un département animation. Cela faisait longtemps que j’avais envie de partir et cela a été ma chance. Je me suis installé aux Etats-Unis en 1996, j’avais 30 ans ». Pour lui, tout a démarré dans le Puy-de-Dôme : « J’ai grandi à Issoire. J’ai fait mes études à Clermont-Ferrand. J’ai travaillé à Angoulême puis à Blois. J’ai commencé à travailler sur une première série, à Paris : c’était pour « Les Tortues Ninja ». Pour Disney, j’ai alors travaillé pour un premier long métrage « Dingo et Max » ».
Un goût précoce pour le dessin
Très tôt, il a nourri une grande passion pour le dessin : « Même avant que je sache écrire, j’étais intéressé par le dessin. C’est ce que j’ai toujours voulu faire ». Mais à côté de sa carrière dans l’animation, Christophe a aussi mis l’accent sur la peinture : « Je suis resté chez Disney jusqu’en 2002. A côté de cela, je faisais de la peinture. Une première galerie à Beverly Hills a exposé mes peintures. J’ai travaillé avec une autre galerie à San Francisco et une autre à Los Angeles. J’ai ménagé les deux carrières en parallèle. Elles sont complémentaires. Je suis retourné dans l’animation en 2004 chez Dreamworks ». Le Frenchy des studios américains définit son style : « Dans les années 90, il n’y avait pas de terme pour définir ma peinture. Je faisais de la peinture fantastique. Puis il y a eu un renouveau du réalisme. Il y a une catégorie qui s’appelle le réalisme imaginaire. C’est à la frontière du symbolisme et du surréalisme ».
La collection lunaire Polaris
Sa carrière de peintre vient de connaître un rebondissement inattendu : « Depuis 2005, il y a un salon du réalisme à New York avec un concours. Cette année, j’ai gagné une mention honorable. Il y a un projet Lunar Codex, avec des collections lancées lors de missions lunaires. L’année prochaine, la collection Polaris va être lancée avec un modèle lunaire : c’est un recueil de toute la création artistique humaine, aussi bien musicale que picturale. Ce sera mis en archive sur la Lune pour l’éternité. Une de mes œuvres en fait partie. Toutes les œuvres vont être gravées au laser dans des microfiches en nickel, soit digitalisées ». Le peintre est très ému par cette distinction : « C’est surréaliste. La dernière fois que j’ai ressenti quelque chose comme cela, c’est quand j’ai gagné un Emmy Award. J’ai remporté deux années de suite un Emmy Award comme directeur artistique pour la série « Transformers ». J’ai mis une semaine à réaliser. C’est difficile de réaliser qu’une de ses œuvres va être sur la Lune pour toujours ».
Un parcours riche
Au sein des studios d’animation, son travail a évolué : « Quand j’ai commencé, je faisais le design de personnages, puis je suis passé au dessin d’environnement. J’ai débuté sans ordinateur. Je suis devenu chef décorateur à Paris. Arrivé ici, j’ai travaillé sur le développement visuel : c’est la partie conception au tout début du film. Je travaillais sur le film « Dinosaures ». J’ai commencé à découvrir l’ordinateur et Photoshop. J’ai participé au film « Hercule », « Tarzan », « Fantasia 2000 ». Je suis ensuite devenu directeur artistique pour le film « Il était une fois » au début des années 2000. J’ai travaillé sur le film « Numéro 9 » ». Christophe poursuit : « En 2010, j’ai travaillé sur la série « Transformers » avec les studios Hasbro. J’y suis resté 7 ans. Cela m’a permis de voir à quel point les technologies avaient changé. J’ai alors fait un peu de peinture puis je suis retourné à l’animation, notamment chez Dreaworks pour la série « Jurassic World ». Puis je suis retourné chez Disney pour une série qui va sortir cet été. Dans ce métier de directeur artistique, c’est l’aspect créatif qui me plaît le plus. Je travaille sur la lumière et la couleur pour les longs métrages. C’est l’aspect fini qui m’intéresse le plus ».
L'envie de revenir en France
Christophe explique ce que lui évoque la notion de rêve américain : « L’expression rêve américain me convient mais il faut bien savoir que tout rêve a son revers de la médaille. Ce n’est jamais aussi beau que ce qu’on a vu en rêve. Je rentre tous les ans en France. J’ai une idée qui me trotte dans la tête : revenir m’y installer car la France me manque. Mais si je le faisais, ce ne sera pas aussi rose que je le souhaite ». Malgré toutes ces récompenses professionnelles, Christophe confie avec un pincement au cœur : « Je n’ai malheureusement jamais rencontré la femme de ma vie ».
En dépit de toutes ces années passées outre-Atlantique, il reste très attaché à l’Auvergne : « Mes racines auvergnates sont encore fortes, d’autant que je rentre tous les ans en France. Mais je constate à chaque fois que l’Auvergne est enclavée. On n’a toujours pas de TGV ! Je ne comprends pas ». Il porte un regard ému sur son expérience : « Si quelqu’un m’avait dit que j’aurai un parcours comme celui-là, je lui aurai demandé de se faire examiner. Mon parcours est incroyable. Je suis le fil des choses comme elles arrivent. J’ai eu beaucoup de chance. Il faut du travail, de la passion et une question de timing ». Christophe mène de front sa carrière dans les plus grands studios américains, tout en se faisant un nom dans la peinture. Désormais, il est représenté par une galerie établie à Hawaï.