"Je ne comprends pas qu'on puisse dealer dans la rue sans qu'il ne se passe rien" : Clermont-Ferrand à l'épreuve du trafic de drogue

Depuis de nombreuses années, l’avenue de Charras près de la gare de Clermont-Ferrand est un lieu tristement réputé pour son trafic de stupéfiants. Malgré de nombreuses interventions des forces de l’ordre, la situation perdure.

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Dans le quartier, chacun le sait : l’avenue de Charras à Clermont-Ferrand, à côté de la gare SNCF, est ce qu’on appelle un four, un point de rencontre entre trafiquants et consommateurs de drogue. Nuit et jour, les stupéfiants circulent, devant des habitants et des commerçants impuissants. Ce trafic donne une mauvaise image de ce quartier, pourtant le premier que découvrent les voyageurs qui descendent du train à Clermont-Ferrand. 

Des commerçants qui veulent changer leur image

Laurence est fleuriste dans le quartier depuis 33 ans : “Je suis arrivée en 1991. À partir de là, ça s'est dégradé, une fois que je me suis installée. L'image qu'on a du quartier de la gare, ça me dérange parce que nous, on est là et qu'on a besoin de travailler. Je voudrais que ça change. Je voudrais qu'on ait un retour plus positif. C'est quand même un pôle d’arrivée et un pôle de départ. Quand on arrive à la gare, il y a un troupeau de personnes en bas de la rue qui ne donne pas envie de la monter. Je trouve ça dommage. Il faudrait pouvoir réimplanter quelque chose qui donne envie de monter l’avenue”. Pour elle, le quartier n’est pas suffisamment valorisé : “Quand vous voyez des gens qui sont assis à un endroit qui est fermé, que ce n’est pas forcément toujours très propre malgré le fait que la ville passe tous les jours... Je me mets à la place de celui qui arrive à Clermont. Je ne monte pas la rue, ça c'est clair.” Si elle constate une présence policière constante, cette commerçante ne constate pas de changement : “La police, elle passe en vélo mais elle ne peut faire que ce qu'on lui dit de faire, elle n'a pas des moyens exceptionnels.” 

Toutes les semaines, il y a la police, toutes les semaines, les gamins s’en vont puis 1 heure après ils sont revenus et c’est reparti.

Un commerçant de l'avenue de Charras

Un autre commerçant de la rue est installé depuis septembre 1995. Il a souhaité garder l’anonymat. Il raconte : “Les fours, ce n'est pas vieux, je dirais 3 ou 4 ans. Mais il y a eu des histoires avant. Lors d’un règlement de comptes, des personnes avaient tiré dans les vitrines des magasins, ça remonte à quelques années en arrière." Il est dans l’incompréhension : “Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse dealer dans la rue comme ça sans qu'il ne se passe rien. La police les contrôle, mais ils s'en fichent, les gamins. Même s'ils payent une amende, ils gagnent quand même de l’argent. La police bouge mais bouge pour rien. Ils peuvent venir tous les jours, s'il n'y a pas des sanctions, ça ne marche pas. Il faudrait que la justice soit plus sévère au niveau national.” 

Des signalements à la mairie

Pour la mairie, l’avenue de Charras est identifiée comme un point central du trafic de drogue depuis de nombreuses années : “C'est vieux”, confie Jérôme Godard, adjoint à la sécurité de la mairie de Clermont-Ferrand, “je pense que c'est déjà identifié comme point de deal, avant que je sois moi-même élu comme adjoint à la sécurité en 2014.” La mairie reçoit de manière régulière des signalements d’activités illicites dans le quartier : “Ce n’est pas forcément sur le trafic de stupéfiants. Les plaintes peuvent concerner le trafic de cigarettes, la vente d'alcool à des heures interdites dans des établissements qui n’ont pas les autorisations...”  

Des moyens pour renforcer la sécurité

Vidéoprotection, police de proximité, la mairie tente de répondre au mieux à ces demandes avec les moyens dont elle dispose : “La police municipale n'a aucun pouvoir d'enquête et d'investigation. On fait le plus souvent du signalement à la police nationale qui, elle, est compétente en la matière, sauf en cas de flagrant délit. Ça nous est arrivé il y a une dizaine de jours, on a trouvé à la fois de l'argent liquide, différents types stupéfiants... Mais sinon, sur un simple contrôle, on sait très bien que les trafiquants n'ont quasiment rien sur eux. Ils planquent ailleurs puis ils vont chercher au fur et à mesure ce dont ils ont besoin. C'est d'ailleurs une grande problématique pour la police nationale, car même quand elle retrouve des produits stupéfiants, elle ne peut pas toujours identifier à qui ils appartiennent.” 

Sur son compte Facebook, le maire (PS) Olivier Bianchi relayait, début octobre, une saisie de la police municipale. 

Avec la piétonnisation, la collectivité espérait redynamiser le quartier, sans succès. Jérôme Godard explique : “On souhaitait que ça engendre un développement commercial qui provoquerait une occupation plus forte de cet espace public, et que ça repousse les dealers. Malheureusement ça n’a pas été trop le cas. Comme moyen d'action, on a la préemption commerciale. Quand certains commerces qui sont souvent problématiques et liés aux trafics de drogue veulent s'implanter, nous, on préempte et on les en empêche.” 

La police nationale intervient quotidiennement

La police nationale est elle aussi mobilisée. Concernant les problématiques de trafic de drogue avenue de Charras, un groupe de travail local contre la délinquance, réunissant les services de la mairie et de la préfecture, s’est tenu le 26 septembre. Selon la police, des interventions quotidiennes, de jour comme de nuit, sont en place dans ce quartier, un travail de harcèlement des vendeurs, guetteurs et acheteurs. Cela a donné lieu à plusieurs interpellations.

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