Lapidaire. Un métier encore méconnu mais qui continue d'exister. Une vingtaine d’artisans indépendants en France travaillent de précieux minéraux : de l’améthyste aux saphirs bleus verts en passant par les diamants. Portrait de Jacques, l'un des derniers lapidaires d'Auvergne.
« Mon travail consiste à tailler les pierres pour faire manifester leurs couleurs et leurs beautés au moment du montage sur un bijou » Voilà comment Jacques Dreher, lapidaire, décrit son métier. Cela fait 46 ans que ce passionné travaille dans son atelier.
L’améthyste d’Auvergne, un quartz aux reflets violets profonds, entre les mains, ce Clermontois la connaît par cœur. Lunettes vissées sur le nez, ce sexagénaire pourrait différencier le précieux minéral auvergnat entre mille : « Cela c'est du brésilien. C'est coloré mais relativement clair alors que les Auvergnates sont particulièrement foncées », nous explique le lapidaire.
Une tradition perpétuée depuis le Moyen-Age
Jacques Dreher est l’héritier d’une longue tradition. On trouve la trace de tailleurs de pierres fines et précieuses en Auvergne depuis le Moyen-Age.
« Je considère que je suis l'ébéniste du caillou ». Le lapidaire se décrit ainsi. « Lorsque vous voyez une commode Louis XV, vous n'avez jamais imaginé que c'était un arbre dans une forêt. Et pourtant, c'est le même principe avec les pierres ».
Quand vous voyez un bijou, vous ne pensez pas au gars qu'il y a derrière et qui a taillé la pierre. Et pourtant, il existe, c'est moi !
Jacques DreherLapidaire
Le travail de la pierre est un travail minutieux pour Jacques Dreher. Sur son saphir d'Auvergne, le septuagénaire travaille le facettage : « Le dessous de la pierre, que l'on ne verra pas lorsque la pierre est montée, est la partie la plus importante. C'est grâce à ses facettes, si elles sont correctement orientées, que la lumière pourra passer par la pierre et donner de l'éclat. ». Elle sera ensuite polie.
Le saphir est la seconde pierre la plus dure, après le diamant. La taille minutieuse va durer plus d’une heure. Le lapidaire est catégorique, en ce qui concerne la grande majorité des pierres, elles se trouvent en Auvergne : « En Auvergne, on trouve tout ce qu'on trouve dans le monde à l'exception du diamant. Alors parfois c'est seulement sous forme de trace. Puis d'autres fois ce sont des éléments relativement importants ».
Après avoir perdu 50 % à la taille, la pierre peut enfin retrouver son propriétaire, un prospecteur local.
Un avis d'expert
Pour ces saphirs bruts, trouvés dans une rivière près d’Issoire, à 1.000 euros le carat, Damier Dugrenier, chercheur de pierres précieuses, a décidé confier la taille de ses saphirs aux mains expertes de Jacques Dreher : « On a notre avis. On sait, à peu près, avec l'expérience ce qui brille, ce qui ne brille pas. Pour être beaucoup plus sûr, mieux vaut aller voir un professionnel. Lui nous dira si on a raison ou pas », assure-t-il.
Classique ou artistique, la forme initiale de la pierre guide le travail du lapidaire : « Je sais que si c'est un quartz, par exemple, pour le dessous il me faudra 63, 53, 43 degrés. Pour le dessus c'est 55, 27 et 42. Donc tout ça, on l'a en tête vous voyez ! »
Après le travail du lapidaire, vient celui du bijoutier et enfin du sertisseur. Pour obtenir, au final, les fameux joyaux.