Ils ont une vingtaine d'années, ne présentent aucune comorbidité et pourtant, ils souhaitent se faire vacciner contre le COVID 19. Crainte d’un passeport vaccinal, désir de voyager, de sortir ou de protéger leurs proches, ces jeunes Auvergnats nous expliquent leurs motivations.
Les députés de la commission des Lois ont donné mardi 5 mai un premier feu vert à l'instauration d'un "pass sanitaire" COVID 19 pour l'accès à des rassemblements de plus de 1 000 personnes, malgré de vives réticences chez certains élus. Le projet gouvernemental qui n'est pas le décrié "passeport vaccinal", prévoit de "subordonner", le moment venu, l'accès aux établissements, lieux ou évènements réunissant plus de 1 000 personnes à la présentation du résultat d'un examen de dépistage virologique négatif au COVID 19, d'un justificatif de vaccination ou attestant du rétablissement de la personne à la suite d'une contamination. Cette éventuelle contrainte motive certains jeunes, pourtant en bonne santé et ne présentant pas de facteurs de risque de forme grave, à vouloir se faire vacciner. En Auvergne, certains ont pris la décision de recevoir dès que possible l’injection, ils nous expliquent leurs motivations.
« Je veux retrouver ma vie »
« Je veux retrouver ma vie », explique Laura, 21 ans. Cette habitante des Combrailles est inscrite sur Covidlist, un site internet qui propose de mettre en relation des personnes qui ne sont pas encore éligibles au vaccin et les centres de vaccination à qui il reste des doses supplémentaires. Elle attend avec impatience le vaccin : « Le Covid a mis notre vie entre parenthèses un certain temps à cause de sa dangerosité. Je pense que se faire vacciner, ça nous permettra déjà de protéger les personnes plus faibles et de pouvoir voyager et voir du monde sans cette ambiance pesante, car chaque fois qu’on a une vie sociale, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête ». Elle espère pouvoir retrouver le chemin des lieux festifs, boîtes de nuit, concerts ou festivals, mais surtout faire cet été des activités « comme du kart ou de l’accrobranche ».
"On se dirige petit à petit vers le pass sanitaire"
Laura espère également que la vaccination permettra, à long terme, de se passer de l’indispensable masque. Une vie sans masque, un espoir partagé par Maxime, 22 ans, qui vivait à Clermont-Ferrand avant de déménager à Paris pour des raisons professionnelles : « Si ça permet d'arrêter le masque, ce sera une très bonne chose ! Ce sera le seul moyen de retrouver une vie normale car on se dirige petit à petit vers le pass sanitaire... Je pense que ça permettra de retourner dans les stades et concerts notamment, voire les bars et restaurants car ils commençaient à parler d'accès sous vaccin. » Les interrogations autour de la fiabilité et des effets secondaires de certains vaccins ne l’inquiètent pas : « J'ai toujours dit oui pour y aller. Après, ils sortent quand même très vite après le début de la pandémie je trouve. On manque un peu de recul mais il faut avancer petit à petit. Je connais des gens qui sont inquiets ou qui rigolent quand on dit qu’il faudra peut-être 3 doses de Pfizer. Ma foi, il faut avancer avec ce que l'on apprend au fur et à mesure ! Par contre, ma mère m’a interdit l’AstraZeneca. »
Ne plus rester "enfermé"
Chloé, 24 ans, originaire de Romagnat, souhaite elle aussi être vaccinée. « Je n’attends qu’une chose, c’est que la vaccination nous soit ouverte pour pouvoir retrouver une vie plus ou moins normale, aller au bar, au restaurant, partir en vacances et retrouver mes grands-parents ». Cette étudiante en école de commerce connait beaucoup de jeunes dans le même cas : « Tous ceux que je connais veulent se faire vacciner et ne peuvent pas encore alors que des personnes éligibles n’assurent même pas leur rendez-vous. C’est scandaleux. Il faut laisser sa chance à tout le monde. J’aimerais éviter de rester enfermée chez moi indéfiniment s’ils imposent un passeport vaccinal ou je ne sais quoi », s’indigne Chloé.
"Je n’y échapperais pas, même si [...] j’ai des appréhensions"
Jade, en apprentissage à Clermont-Ferrand, craint également la mise en place d’un passeport vaccinal : « C’est un des motifs qui va déterminer mon choix. On est obligés, pour voyager. Dans mon travail, je n’aurais pas le choix. Je n’y échapperais pas, même si j’ai des amis qui ont eu des effets secondaires donc j’ai des appréhensions », précise la jeune femme de 24 ans. Elle aussi a fait ce choix afin, dit-elle, d'éviter le gaspillage des doses : « Ca fait un moment que des gens veulent se faire vacciner et j'ai peur qu'il y ait des vaccins jetés alors qu’on n’attend que ça. Avoir le vaccin, c’est rassurant. Le temps nous en dira plus sur sa fiabilité et son efficacité. C’est bien de protéger les autres et ça m’évitera de faire des tests quand je vais voir mes parents. » Jade ajoute qu’être vaccinée pourra également lui permettre d’être plus sereine pour des échéances professionnelles ou scolaires : « J’ai une amie qui a failli ne pas pouvoir passer ses concours car elle était cas contact, j’aimerais éviter de me retrouver dans la même situation ».
Ne pas se faire vacciner, un choix "égoïste"
Pierluca, originaire de Clermont-Ferrand et étudiant sur la Côte-d’Azur, espère pouvoir bénéficier de la politique vaccinale de sa région d’accueil : « A Nice, la vaccination est ouverte à tous. Je ne sais pas s’il y a un ordre de priorité mais je me dis que le plus tôt sera le mieux », raconte cet étudiant de 19 ans. « Je me dis que face à cette pandémie, il n’y a pas 1 000 solutions. Celle-là semble la plus pratique pour retrouver les bars, les concerts, ce dont on a été privés depuis plus d’un an. Ce serait égoïste, si on a l’occasion de le faire, de ne pas contribuer à cet effort. Je pense que le passeport vaccinal, on ne va pas y échapper, même si les parlementaires semblent encore hésitants. Pas pour la vie quotidienne je pense, mais pour les choses qui rassemblent beaucoup de monde c’est presque sûr qu’il en aura un ».
"Je ne me vois pas faire un PCR à chaque fois que je vais au stade"
Pierluca craint aussi les listes d’attentes à rallonge qui pourraient survenir avec l’élargissement de la campagne de vaccination, une crainte partagée par Antoine, étudiant en histoire à Clermont-Ferrand : « Il va y avoir des bouchons quand ce sera notre tour. En plus, selon le président, il faudra bientôt soit un vaccin soit un test négatif pour aller voir des matchs et en tant que fan de foot, je ne me vois pas faire un PCR à chaque fois que je vais au stade. Autant être vacciné », raconte le jeune homme de 25 ans. S’il est jeune et en bonne santé, il souhaite malgré tout éviter les risques de développer une forme grave de la maladie : « On entend toujours qu’il y a aussi des jeunes qui ont des risques. Autant faire le vaccin, comme ça au moins c’est fait. »
Pouvoir voyager sans crainte
Le vaccin, pas forcément une évidence mais un passage obligé pour certains : « Je vais me faire vacciner. Pas parce que j’en ai envie, mais parce que je n’aurais pas le choix pour reprendre une vie normale et pouvoir sortir tranquillement, faire des activités et surtout pour protéger nos aînés. Je veux aussi pouvoir voyager sans avoir l’appréhension d’être bloquée à l’aéroport ou être obligée de respecter une quarantaine », raconte Marie-Alice, 22 ans, qui travaille dans la petite-enfance à Clermont-Ferrand. Du fait de son travail, elle est amenée à côtoyer de nombreux enfants et parents. Le vaccin lui permettrait de pratiquer son métier sans crainte de contaminer ou d’être contaminée par les familles. L'examen du texte du « pass sanitaire » doit se poursuivre jeudi en commission avant son passage dans l'hémicycle lundi.