Le saut à la perche est une histoire de famille chez les d'Encausse. Hervé, le père, et Philippe, le fils, ont participé, à eux deux, cinq fois aux Jeux olympiques. Ils ont contribué à faire de Clermont une place forte de ce sport. Aux JO de Paris 2024, Philippe, entraîneur national, encadrera les Français sélectionnés aux Jeux.
Une perche, passée de père en fils. Quand Hervé et Philippe d'Encausse se retrouvent au pied du sautoir, c’est forcément pour évoquer la passion qui les anime depuis toujours : le saut à la perche.
Après une pratique de la gymnastique où il en avait marre d’être "à l’intérieur", le jeune Hervé a cherché une activité en "extérieur". C'est à Toulouse, qu'il va voir son chemin tout tracé. "Je suis venu au saut à la perche en voyant un mec sauter à Toulouse. À Toulouse, il doit y avoir quatre mecs qui sautent. Puis, j’ai eu la chance de tomber sur un mec qui sautait." Ce dernier lui a prêté sa perche métallique. "La première fois que j’ai sauté, j’ai fait trois mètres. J’étais content. Quand tu sautes au-dessus de tes yeux, ce n’est pas évident pour un jeune."
Le premier Français à passer au-dessus des cinq mètres
Hervé d'Encausse rentrera dans l'histoire de la perche française. Il est le premier Français à sauter plus de cinq mètres. Puis, il inscrit son nom dans la liste des records d'Europe.
Il participe à trois reprises aux Jeux olympiques. Aux JO de Mexico, en 1968, il se qualifie pour la finale. Mais l’altitude perturbe son concours et termine septième. "À Mexico, je considère que j’étais très bon. J’ai raté parce qu’on n’avait pas le matériel adapté. On pensait que ce serait difficile et en réalité, c'était beaucoup plus facile de sauter à 2 000 mètres que de sauter au ras de la mer", rapporte-t-il.
Cette carrière au sommet va guider son fils Philippe. "Moi, c'est différent, dans la mesure où je suis né dedans. Quand tu vois ton père faire un truc, un moment ou un autre, tu te dis pourquoi je n’essayerai pas."
Je me suis aperçu que c’était plus sympa de faire de la perche que du cross-country
Philippe d'EncausseEntraîneur national du saut à la perche
S'il a commencé jeune, les premières sensations avec la perche n'ont pas été au rendez-vous. "Je n’étais pas très doué. Ça ne marchait pas vraiment. Donc, j’ai fait de l’athlé. Et je me suis aperçu que c’était plus sympa de faire de la perche que du cross-country. Donc, je me suis un peu accroché."
À Séoul, en 1988, Philippe d 'Encausse est l’invité surprise de la finale olympique. Il finit huitième du concours. Un résultat inespéré. "Je crois que je suis arrivé avec la 45e performance. Tu ressors en étant huit, tu dis je ne me suis pas trop mal démerdé."
Hervé se souvient, "j’étais content". Celui qui espérait être dans le top 4 à Mexico, estime que son fils "a fait des beaux Jeux" contrairement à lui. "Quand je le vois passer 5,60 (mètres), je crois en finale. J’étais content pour lui parce que c’était un super résultat compte tenu des mecs qu’il y avait. Il y avait quand même du niveau."
Philippe estime qu'il était au sommet de ces capacités et de ce qu'il pouvait réaliser. C'est pourquoi il s'agit "à la fois de mon meilleur souvenir et de mon seul souvenir des Jeux. J’ai fait Barcelone, mais c’était un autre contexte".
Toujours présent aux Jeux, sous une autre casquette
Aux JO de Paris, le fils d'Encausse sera l’entraîneur des perchistes français sélectionnés. Des Jeux forcément particulier pour ces derniers. "Ça n’arrive qu’une fois. D’ailleurs, on les coache beaucoup sur les éventuels écueils. Tu sais que si tu vas aux Jeux à Tokyo, tonton Lucien ne viendra pas. [Ndlr, A Paris], il va y avoir toute la famille. Et il va falloir gérer tout ça. Ça peut rapidement être compliqué pour un athlète de gérer tout cet engouement autour d’une participation." Il différencie la perception entre l'athlète et sa posture d'entraîneur. "Pour eux, ce sera un truc exceptionnel. Pour nous, ce sera joli."
Outre l'Auvergnat Renaud Lavillenie, engagé dans une "course contre-la-montre" pour se qualifier et obtenir un précieux ticket, son frère Valentin pourrait être l'un des représentants tricolores. Seul le Grenoblois, Thibaut Collet a réalisé les minimas actuellement. Récemment, il a amélioré son record personnel (5,92 m) lors du meeting All Star Perche de Clermont-Ferrand.