JO de Paris 2024 : pourquoi cet infirmier a été sélectionné pour les tests antidopage des athlètes

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David a été sélectionné pour participer aux JO de Paris 2024. Il n’est pas athlète, ni bénévole, mais son rôle est tout aussi crucial. Il a été choisi pour superviser les contrôles anti-dopage. Il raconte son parcours.

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David Courtial est infirmier anesthésiste au CHU de Clermont-Ferrand, à l'unité déchocage. Il travaille à l'hôpital depuis un peu plus de 20 ans. Cette année, ce soignant de 48 ans a été choisi pour participer aux Jeux Olympiques de Paris. Son rôle : contrôler les athlètes pour vérifier qu’ils n’ont pas utilisé de produits dopants.  “L'activité antidopage est une activité annexe à celle de l'hôpital. Ça fait partie des activités déclarées autorisées par l'employeur.” Ce rôle lui a été proposé par un ami et collègue il y a un peu plus de 10 ans. “J'ai suivi une formation qui dure plusieurs mois au sein de l'Agence française de lutte contre le dopage.”  Vous ne verrez pas son visage, pour des raisons de confidentialité invoquées par l'Agence antidopage.

Un référent

Suite à cette formation, il réalise des contrôles en doublon, en tant qu’observateur, puis il évolue jusqu’à devenir “supervisé”. “On envoie un agent de l'Agence antidopage pour vérifier qu'on réponde bien à toutes les exigences de l'agence. Le but est qu'un contrôle soit fait de la même façon qu'il se passe à Nice, à Bordeaux ou à Clermont-Ferrand, pour que le sportif parte avec les mêmes chances et les mêmes contraintes dans son activité sportive par rapport à l'antidopage”, explique David. Il réalise ensuite une nouvelle formation de l'International Testing Agency. “C'est une agence basée en Suisse. J'ai effectué cette formation il y a plusieurs années et, suite à ça, on m'a proposé d'être ce qu'on appelle coordinateur de région, c'est-à-dire que je suis le référent de plusieurs agents de contrôle antidopage.” 

Une procédure stricte

Il a déjà officié pour des compétitions de niveau national, parfois infranational ou international. “J’ai personnellement participé à des contrôles lors de la Coupe du monde de ski, la Coupe du monde de rugby, des championnats d'Europe, que ça soit de natation, d'aviron, des choses comme ça. Les contrôles se déroulent toujours de la même façon. Un sportif est désigné et arrive au poste de contrôle. En fonction du type de contrôle qui lui est soumis, que ce soit urinaire ou sanguin, il assiste et il manipule tout le déroulé de la procédure jusqu'à la fin, sous le contrôle d'un agent antidopage. Lorsqu'il n'est pas dans le poste de contrôle, cela se déroule sous supervision d'un chaperon, qui est une personne qui lui est dédiée pour vérifier qu'il n'y a pas de vice de procédure et qu'il soit bien en conformité avec les règles de l'antidopage.” 

Plusieurs centaines d'agents

Fort de cette expérience, il a été sélectionné pour les JO 2024 : “Le comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 a sélectionné une organisation antidopage qui a été l'Agence française. Elle a dû fournir un certain nombre d'agents de contrôle pour effectuer la mission des Jeux olympiques. En tout, il y aura à peu près 300 agents de contrôle, dont 200 sont des agents de contrôle antidopage de l'Agence française. On nous a proposé de nous inscrire et c'est l'Agence qui a retenu les agents de contrôle en fonction je pense, de leur ancienneté, de leur parcours et de leur expérience au niveau des différentes manifestations auxquelles ils ont pu participer. Ils leur ont proposé différents postes. Il y a des postes d'agents de prélèvement sanguin, des postes d'agents de contrôle antidopage et des postes de contrôle.” 

"Ça consiste à être l'huile du rouage de l'antidopage"

Il a été sélectionné à un poste de supervision : "On appelle ça DCSM, c'est Doping control station manager. Ça consiste à être l'huile du rouage de l'antidopage, c'est à dire s'assurer que tout fonctionne correctement, qu'il ne manque rien, que tout est checké parfaitement, que chaque personne a son sportif et que tout se déroule dans les meilleures conditions possibles. C'est en quelque sorte l'interface entre les personnes qui décident et ce qui se passe au niveau du contrôle.” Pour un contrôle, les durées peuvent être variables : “Un contrôle sanguin, ça dure très peu de temps. Avec le formulaire contrôle à remplir, il faut compter je pense une vingtaine de minutes. En revanche, sur un contrôle urinaire, on est tributaire de l'envie du sportif, ou pas, d'uriner.” 

Des contrôles en compétition et hors compétition

Selon lui, l'Agence ne souhaite pas révéler quelle substance elle recherche pour quel sport. “Il est évident qu'il y a des profils de substances recherchées “standard”, et puis des choses qui sont rajoutées en fonction des types de de sport. C'est l'Agence qui pourra directement communiquer ou ne pas communiquer sur cette question-là”, explique David. En revanche, il peut détailler ses missions : “Ma participation aux Jeux Olympiques, en théorie, si mon centre hospitalier arrive à me libérer aux dates prévues, ce sera sur la durée totale des JO. Il est possible qu'on navigue sur plusieurs sites et la durée d'un contrôle antidopage est variable. Il est possible qu'on finisse très tôt, comme il est possible qu'on finisse très tard aussi et qu'on commence parfois très tôt puisque les sportifs ne sont pas que contrôlés durant les compétitions. Ça se passe partout en France, toute l'année. Pendant les JO, il y aura du contrôle en compétition et du contrôle hors compétition. Ça peut vouloir dire le soir tard au village olympique par exemple, le matin tôt ou lors des entraînements.” Selon lui, l’agence antidopage réalise quelque 12 000 contrôles par an. Sur la durée des Jeux Olympiques, il y aurait 6 000 contrôles sur 15 jours. “Ça va être intense !” 

L'équité au centre des contrôles

Il est heureux de constater que les sportifs se prêtent facilement au jeu des contrôles, en particulier lors des compétitions de cette envergure : "On a des sportifs de très haut niveau qui sont parfaitement rodés à l'exercice qui viennent de tous les pays. On est assez satisfait de voir qu'ils se prêtent très volontiers à la procédure. Ils la connaissent très bien et ils retrouvent les mêmes process quel que soit leur pays. Ça veut donc dire que l'Organisation mondiale antidopage est arrivée à mettre en place une procédure de qualité et un déroulé du contrôle qui est à peu près le même dans tous les pays. Ça leur garantit une équité sur le contrôle lui-même”.  

"Le sport doit être propre"

Pour lui, la lutte contre le dopage n’est pas qu’une question d’équité : “La mission d'antidopage est double, voir triple. Au départ, c'est une mission de prévention, on a pas mal de sportifs “du dimanche” qui, pour augmenter leurs performances, sont parfois prêts à prendre des risques inconsidérés pour leur santé. On leur montre, dans des contrôles d’information, qu’il existe des sanctions possibles sans vouloir être toujours répressif. Le sport doit être propre, c'est aussi un problème de santé et de santé publique. La 2e mission, c’est qu’un sportif doit pouvoir prendre le départ de n'importe quelle compétition en se disant que le voisin part avec les mêmes chances que lui, sans avoir faussé la donne. C'est vrai que parfois c'est un petit peu le jeu du chat et de la souris. La 3e mission est le volet formation aux sportifs auprès notamment des différentes fédérations. C’est expliquer aux gens qu'il existe de la triche dans le sport mais qu'il existe aussi des contrôles. C'est pour ces 3 missions-là que je me suis engagé dans cette voie.” 

Pour lui, la prévention fonctionne, bien que certains sportifs tentent de passer sous les radars. Les résultats des tests sont accessibles sur le site de l’agence : “En cas de positivité, il y a énormément de défense de la part des avocats, des sportifs aussi. Je pense qu'il y a de tout, du sportif qui s'est fait prendre la main dans le sac au sportif qui a consommé des compléments alimentaires importés qui peuvent amener des résultats parfois douteux ou alors positifs. C’est aussi le rôle de l’Agence de dire “Attention, lorsque vous prenez des compléments alimentaires, assurez-vous bien qu'ils rentrent dans les normes de commercialisation en France parce qu'elles vous garantissent l'absence de produits.” Il peut y avoir de la bonne foi des 2 côtés et aussi de la mauvaise foi. Il y a du sport propre, comme il y a du sport parfois pollué par ces pratiques.” Les résultats des délibérés sont publiés sur le site de l'Agence

Des contrôles en évolution

La venue de grands événements sportifs ces 2 dernières années en France a accéléré la communication autour de la lutte antidopage et il y a, selon David, “une prise de conscience” de la nécessité d'un sport propre. “En tout cas beaucoup de fédérations ont fait l’effort de s'informer, de former et je pense que c'est plutôt positif l'ensemble des choses qui ont été faites là-dessus.” Lui aussi doit se former régulièrement pour rester à jour sur les contrôles : “On a une formation obligatoire tous les 2 ans. Il est recommandé de la faire tous les ans. C’est une remise à jour, une réactualisation des connaissances sur les nouveautés émanant du code du sport, émanant de l'Agence mondiale antidopage... L'Agence mondiale antidopage va donner tout un tas de règles qui seront traduites dans le droit français, puisqu’il y a une adaptation en fonction du droit du pays dans lequel l'Agence se trouve. C’est ensuite retranscrit dans le code du sport. C’est un petit peu notre Bible. On y trouve les règles qu'on doit adapter sur le terrain, elle peut modifier certains éléments de nos pratiques antérieures, ajouter des éléments... Le contrôle antidopage reste un procès-verbal. C’est une chose qui est parfaitement cadrée, légiférée. Nous, à ce titre-là, sommes assermentés pour garantir une neutralité totale dans nos contrôles.” 

L'amour du sport

Il doit également assurer au sportif une totale neutralité : “On n'a pas à sortir du cadre. Il est impensable qu'un agent de contrôle ait une “fan attitude”. On s'assure d'être complètement neutre dans ce qu'on fait, quel que soit le sportif rencontré. Si on rencontre des sportifs extrêmement connus, il n’est pas question d'avoir une attitude de groupie envers lui. Je pense qu'il est indispensable de garder cette activité complètement neutre auprès du sportif et c’est à mon avis un des principaux garants d’un contrôle parfaitement indépendant, quel que soit le sport et quelle que soit la nationalité du sport.” Pour toutes ces raisons, David espère pouvoir remplir sa mission : “L'amour du sport et puis surtout l'équité du sport, c'est vraiment ce qui me motive.” 

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