JO de Paris 2024. “Travailler pendant les JO est un crève-cœur“ : a-t-on le droit de regarder les épreuves au bureau ?

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Les JO de Paris 2024 ont démarré le 26 juillet. Depuis lundi, certains salariés sont tentés de suivre les Jeux olympiques au bureau. Mais a-t-on le droit de regarder les épreuves depuis son lieu de travail ? Un avocat spécialiste du droit du travail nous éclaire.

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Les combats de Clarisse Agbégnénou au judo, les matchs de tennis de table des frères Lebrun ou la démonstration de Léon Marchand en natation : ce mardi 30 juillet réserve encore de belles émotions de sport pour ces JO de Paris. Pour Philippe, trentenaire travaillant dans une administration du Puy-de-Dôme, ces Jeux olympiques sont une occasion à ne pas rater. Il confie : “C’est extrêmement compliqué ! Je suis un gros consommateur de sport et travailler pendant les JO est un crève-cœur. J’ai l’impression de passer à côté d’émotions que je ne pourrai pas revivre avant 4 ans. Je développe donc des stratégies : je me renseigne sur les horaires des finales et essaie de m’assurer d’être seul à mon bureau ou à la pause-café pour voir les épreuves qui m’intéressent”.

Oreillette et mosaïque d'écrans

Parmi les stratagèmes mis en place, Philippe a quelques idées : J’essaie d’avoir un flux radio presque continu en oreillette, ça permet d’avoir les horaires des futures échéances de la journée. C’est évidemment plus simple pour des épreuves courtes type judo ou tir à l’arc. C’est plus compliqué pour le vélo, le cheval ou les sports collectifs. Il avoue : “Heureusement que la période estivale est moins chargée et que ça reste compatible avec la charge de travail”. Le trentenaire reste malgré tout concentré sur son travail. Ses missions sont sa priorité. Il confie : “J’intériorise mes émotions sportives, je suis tellement content de voir les jeux que je préfère rester discret et continuer à en profiter”. Il a même une mosaïque sur son téléphone pour suivre simultanément plusieurs disciplines. 

"On ne passe pas la journée à regarder les épreuves"

A Openium, une entreprise de Clermont-Ferrand qui conçoit et réalise des projets d’applications mobiles, les 32 salariés ne sont pas aussi passionnés que Philippe. Audrey Chabozy, responsable communication, explique : “Les JO sont un temps fort, y compris pour les salariés d’Openium. On est une entreprise où le sport fait partie de notre quotidien pour de nombreux salariés. Les JO sont un rendez-vous incontournable. On en parle pas mal à la machine à café”. La pause permet aux salariés de suivre les épreuves : “Il y a des temps de pause qui peuvent être consacrés à regarder un combat de judo par exemple. Entre midi et deux, on a une salle commune pour déjeuner ensemble. La diffusion des JO se fait à ce moment-là aussi. Quand il y a un Français en finale, il y a un réel engouement. Tout se fait en bonne intelligence. On ne passe pas la journée à regarder les épreuves”. Car chez Openium, le sport est dans l’ADN des employés. Audrey Chabozy souligne : “Un tiers des salariés va courir ensemble plusieurs fois par semaine. Le sport est devenu immanquable. Un autre tiers fait du sport à côté, comme du yoga et la salle de sport”. Rien d’étonnant donc à ce que les salariés soient attentifs aux résultats des JO.  

La liberté de faire ce que l'on veut pendant la pause

Mais que dit le Code du travail ? Maître Jean-Louis Borie, avocat spécialisé en droit du travail à Clermont-Ferrand, rappelle : “Le temps de travail est un travail effectif : c’est un temps pendant lequel on est sous l’autorité et la subordination de l’employeur, donc sans son accord, on ne peut pas se livrer à des activités à titre personnel, sauf en temps de pause”. Il insiste : “Pendant le temps de pause, le salarié peut vaquer librement à des occupations personnelles. On peut faire ce que l’on veut”. La loi prévoit un temps de pause obligatoire de 20 min toutes les 6 heures. En temps de pause, on peut utiliser l’ordinateur du bureau pour regarder les JO. “Tout dépend aussi des règlements intérieurs de chaque structure”, remarque l’avocat.  

Des sanctions possibles ?

Peut-on écouter les épreuves à la radio ? Me Borie répond : “Tout dépend encore de la nature de l’activité. Il y a des tas d’activités où l’écoute de la radio, d’une manière générale, est possible. Mais il y a aussi des règlements intérieurs qui interdisent l’utilisation d’appareils portables. Tout est lié au règlement intérieur de l’entreprise et des zones de tolérance internes”. Si on regarde une épreuve durant son temps de travail, on peut s’exposer à des sanctions : “Eventuellement, l’employeur peut utiliser son pouvoir disciplinaire, son pouvoir de sanction et d’avertissement. Au-delà d’un avertissement, cela peut paraître difficile, sauf si c’est réitéré et si cela perturbe le travail”. Me Borie poursuit : “Il peut aussi y avoir des tolérances. Un employé d’une société de gardiennage qui est là pour filtrer les entrées et qui attend que les gens rentrent, ce n’est pas pénalement punissable qu’il ait les JO sur son téléphone portable ou sanctionnable”.

Le cas du télétravail

Les règles sont les mêmes en télétravail : “En télétravail, le salarié doit être connecté. La possibilité de contrôle par l’employeur est limitée. Donc pas vu, pas pris. Cela dépend aussi de la nature de l’activité”. À vous de suivre les épreuves durant vos pauses ou en toute discrétion.

 Retrouvez toutes les épreuves en direct ou en replay sur le site ou l'application france.tv 

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