Michel Bussi est cette année encore dans le top 3 des plus gros vendeurs de livres en France. Il était de passage à Clermont-Ferrand pour la promotion de « Rien ne t’efface », son dernier roman dont une partie de l’intrigue se passe dans le Sancy.
Le 4 février 2021, l’écrivain normand Michel Bussi a sorti son dernier roman « Rien ne t’efface ». Pour ce nouveau polar, Maddi, médecin généraliste, élève seule son enfant de 10 ans. Celui-ci va disparaître. Dix ans plus tard, elle revient à l'endroit où son enfant a disparu. Une partie de son intrigue se passe dans le Sancy. Le « maître du twist » comme certains le surnomment a fait évoluer ses personnages au cœur du massif du Sancy. Murol, la vallée de Chaudefour, Besse, le lac Pavin, les grottes de Jonas, la vieille station du Chambon-des-Neiges… ce territoire volcanique a inspiré Michel Bussi. Depuis la sortie de son premier roman en 2011, l'écrivain normand séduit toujours autant. Avec plus de 800 000 exemplaires écoulés en 2020, il figure cette année encore sur le podium des écrivains qui vendent le plus. Si Guillaume Musso reste indétrônable, Michel Bussi cède sa deuxième place à Viriginie Grimaldi, selon le palmarès littéraire révélé par Le Figaro mercredi 20 janvier 2021. Il était de passage dans les studios de France 3 Auvergne afin d’évoquer son dernier roman. Marie Morin l’a interviewé.
Question : Avec « Rien ne t’efface » vous en êtes à 13 romans publiés, c’est ça ?
Réponse : Ca fait peut-être un petit peu plus si on compte les nouvelles et la jeunesse aussi.
Question : « Rien ne t’efface » c’est l’histoire d’une disparition. Racontez-nous.
Réponse : C’est l’histoire d’une disparition. Ca commence dans le Pays Basque. Maddi est une femme qui élève seule son enfant de 10 ans. Elle est médecin généraliste. Son enfant va disparaître sur cette place de Saint-Jean-de-Luz. Dix ans après, elle revient sur cette place et elle croise un enfant de 10 ans qui est le sosie parfait du sien, qui est habillé de la même façon. Elle va se persuader que c’est son enfant et qu’elle doit le protéger. Elle va se renseigner et le suivre jusqu’où il habite. Il se trouve qu’il habite Murol, en Auvergne. Elle décide de s’installer comme médecin généraliste à Murol, en particulier pour suivre cet enfant et l’espionner.
Question : Tout ça nous mène en Auvergne, à Murol et ses alentours, Besse, le Pavin et la vallée de Chaudefour. Quel lien avez-vous avec notre région ? Vous y avez des souvenirs d’enfance.
Réponse : Je n’ai pas choisi l’Auvergne comme décor par hasard. Je suis venu ici et l’Auvergne est vraiment ma région de cœur. Je suis venu tous les étés de mes 6 ans jusqu’à mes 20 ans et j’y allais en colonie de vacances. J’ai d’abord été colon, puis animateur, puis directeur. C’est une colonie de vacances qui est près d’Ambert, dans la vallée des moulins à papier, avec le moulin Richard de Bas. Ce moulin s’appelle le moulin de Nouara et il est en train d’être rénové pour être un lieu culturel d’Ambert. Comme j’allais à Ambert, j’allais beaucoup du côté de Besse. Avec l’Auvergne, j’ai le vrai sentiment de région d’enfance.
Question : « Rien ne t’efface » est un polar mais c’est presque finalement un petit guide touristique. Vous décrivez précisément chaque lieu qu’on traverse, chaque croisement de chemin, presque chaque brin d’herbe. Comment avez-vous travaillé ?
Réponse : Je voulais avoir des lieux qui existent, le lac Pavin, les grottes de Jonas, la vallée de Chaudefour, le château de Murol et le Sancy. Et puis il y a aussi des choses inventées, presque fantasmées. Ce qui m’intéressait était de rendre l’Auvergne plus effrayante qu’elle ne l’est, de tricher un petit peu. J’invente des lieux, comme ce hameau de Froidefont. J’imagine cette station de Chambon des neiges, qui est une station qui a fermé par rapport à Super Besse et au Mont-Dore. J’ai imaginé qu’elle habitait dans un grand hôtel vide et avec pratiquement les fantômes de ses vacances des années 80. Cela, je l’ai inventé, ça n’existe pas. Dans la vallée de Chaudefour, il n’y a plus de trace de la station de Chambon alors que j’ai fait comme s’il y avait encore des pylônes, de manière à avoir une sorte de nostalgie de cette station fantôme.
Question : C’est une terre de volcans qui vous a fasciné et ça se comprend car vous êtes géographe de formation. J’ai le sentiment que cette énergie volcanique coule dans les veines de vos personnages, en particulier de Maddi. Comment les paysages se traduisent-ils dans votre roman ?
Réponse : L’Auvergne est une région qui peut paraître très calme, très paisible. On y vient en randonnée, en vacances familiales. Ce n’est pas une destination hyper dangereuse au départ. Au final, on s’aperçoit très vite qu’il y a beaucoup de mystères, autour du lac Pavin, avec le soufre, les volcans, l’eau partout qui ressurgit et la sorcellerie. Je parle de la ganipote par exemple, qui était très symbolique de mon enfance. Il y a des légendes qui bruissent de partout. Tout cela m’a inspiré. Si on déplace l’ambiance, on passe d’une ambiance très paisible, où les gens sont des personnages très sympathiques, à quelque chose de beaucoup plus mystérieux, où on se demande s’ils ne cachent pas tous quelque chose.
Question : Avec ces paysages, ces mystères, cette culture populaire, quel regard portez-vous sur les Auvergnats ?
Réponse : Je ne connais pas plus les Auvergnats qu’autre chose. Je pense qu’il y a un point commun entre les Auvergnats et les Normands, et c’est pour ça que j’ai quelques origines du Cantal : il y a ce côté timide, un peu réservé dans un premier temps et évidemment très accueillant ensuite. C’est peut-être ce que j’aime bien dans l’Auvergne, ce côté discret, pas exubérant. J’aime beaucoup l’Auvergne car vu de l’extérieur on a un petit peu l’impression d’être loin de tout. Je suis venu en train et ça a été un petit peu compliqué. Quand on se retrouve en Auvergne, on s’aperçoit au contraire qu’il y a énormément de modernité.
Question : L’Auvergne et ses habitants font un magnifique décor. On se prend au jeu, on s’attache à chacun de vos personnages, et là le fameux twist arrive. C’est votre signature, votre marque de naissance. Pourquoi cet inattendu est-il si indissociable de votre œuvre ?
Réponse : Je me suis peut-être fait piéger tout seul, avec mon premier roman qui s’appelait « Nymphéas noirs ». Dans ce livre, il y avait un twist, une surprise importante à la fin. On m’a identifié à cette surprise et quand j’écris un roman, les lecteurs attendent un rebondissement, une surprise, un twist. Je suis un peu obligé de le faire sinon on va dire que je ne me suis pas foulé. Je suis obligé de trouver une idée par roman. Peut-être que je me suis piégé tout seul. J’adore ça. Sur ce roman « Rien ne t’efface » je suis très content parce que ce twist est à la fois facile à trouver et presque personne ne le voit. Les gens sont ravis de s’être faits avoir et ont envie de relire le roman.