Trop de patients se rendent inutilement aux urgences. Au CHU de Clermont-Ferrand, pour éviter la saturation, les médecins appellent les patients au civisme, en contactant leur médecin traitant ou en composant le 15.
Avec 173 adultes en moyenne, jusqu’à 25 patients par heure, et une centaine d’enfants chaque jour, l’activité des urgences de Clermont-Ferrand ne cesse de croître. Au CHU, on veut éviter les fermetures de nuit, déjà mises en place à Bordeaux, Grenoble ou Rennes. Les médecins font appel au civisme de chacun en lançant une campagne de communication en direction du grand public. Julien Raconnat, chef de service urgences adultes au CHU Clermont-Ferrand, explique : « Le message est de proposer au bon patient la bonne réponse. Il est vraiment important et particulièrement pour cet été de différencier le patient qui a une urgence vraie et a absolument besoin d’être pris en charge par un service d’urgences, du patient qui a une urgence ressentie, qu’il convient de rassurer et d’apporter une réponse médicale qui n’est pas toujours celle des urgences et enfin du patient pressé, à la citoyenneté duquel on fait appel pour éviter d’engorger la réponse en soins dans des périodes difficiles ». Il ajoute : « La crête est étroite. Le service, pour l’instant, ne ferme pas, grâce à l’investissement des personnels médicaux et paramédicaux qui font du temps de travail additionnel et qui reviennent sur leurs congés ».
Le rôle du médecin traitant
Affiches, réseaux sociaux, publicités en ville, le message est clair : en dehors des grandes urgences, c’est le médecin traitant qu’il faut appeler en premier. Pierre Bernard, responsable des gardes de l'Ordre des médecins du Puy-de-Dôme, précise : « Le médecin de famille a une position centrale dans le système de soins. Il organise les soins autour de son patient. Il regroupe tout le dossier médical pour son patient. Il y a une différence entre l’urgence ressentie et l’urgence réelle. C’est pour cela que l’appel à un médecin généraliste ou éventuellement au 15 est très important. La médecine générale a un rôle primordial ».
" Le SAMU est un pivot du soin non programmé"
En effet, si cela semble grave, pas question d’attendre. Le SAMU est la plateforme qui organise et régule les soins. Daniel Pic, chef de service du SAMU 63, indique : « On est face à une situation extrême de nos urgences, avec une saturation du système. On souhaite pouvoir réguler l’accès aux urgences. Lorsque quelqu’un pense avoir besoin de voir un médecin, il doit commencer à se dire qu’il doit voir son médecin. Si le médecin traitant n’est pas disponible, peut-être qu’il travaille dans un cabinet de groupe. Si jamais cette étape n’est pas possible, plutôt que de se ruer aux urgences, il vaut mieux appeler le 15, faire part de son problème et on évaluera le degré d’urgence. A l’extrême, si votre plainte relève d’une urgence vitale ou fonctionnelle, on vous enverra une équipe du SAMU pour vous prendre en charge à votre domicile. L’appel au 15 va du simple conseil à l’envoi d’une équipe. On ne demande pas aux gens de devenir médecin et il ne faut pas passer à côté d’une urgence grave mais il faut d’abord se demander si un soin est nécessaire. Le médecin traitant est le premier recours. Le SAMU est un pivot du soin non programmé. Le soin est le même à Riom, Issoire, Thiers, Ambert qu’à Clermont-Ferrand ».
Depuis 2020, l’activité des urgences adultes a progressé à Clermont-Ferrand de 10 %. Aux urgences pédiatriques, la hausse est de 27%.