Une journée pendant laquelle elles sont maquillées, coiffées avant d'être prises en photo. Une cinquantaine de femmes, bénéficiaires du Secours populaire, ont participé aux "Portraits du coeur" à Clermont-Ferrand. Une journée pour retrouver l'estime de soi.
Coiffure, maquillage et manucure, c'est le programme de la journée pour ces femmes qui ont perdu l'habitude de se faire chouchouter et d'être mises en valeur. Toute la journée du dimanche 6 mars 2022 à Polydôme à Clermont-Ferrand, une cinquantaine de femmes, bénéficiaires du Secours populaire, ont profité des soins de coiffeurs et d’esthéticiennes. Les visages sont rayonnants. « Nous sommes traitées comme des princesses ! Et ça ne nous arrive jamais ! C’est chouette !», s’enthousiasme Cécile, de jolies boucles dans les cheveux, un grand sourire sur le visage.
Pour Nicole Rouvet, la secrétaire générale du Secours populaire du Puy-de-Dôme, c’est l’occasion de leur redonner confiance : « Elles vont s’occuper d’elles et bien-sûr que c’est important ! C’est se revaloriser, c’est se faire confiance, c’est exister ! », martèle-t-elle. « Quand vous avez le SMIC, voire moins que le SMIC, vous faites passer les enfants, la maison avant vous-même et il faut que cela change. »
Nouveau visage
Et pour que cela change, rien ne vaut « Les portraits du cœur ». Une initiative de la fédération française de la photographie et des métiers de l’image. Après les coiffeurs et les esthéticiennes, c’est au tour des photographes d’entrer en scène. Chacune des femmes repart avec une photo de son nouveau visage. Une révélation pour la plupart. « Wouah ! C’est trop chouette ! », s’enthousiasme encore Cécile, ravie du portrait qu’elle tient entre ses mains. Elle remercie le photographe en plongeant dans ses bras.
« Pour nous, c’est beaucoup d’émotion », confie Denis Grudet, le photographe de Cécile. « Nous ne touchons pas d’argent car nous sommes tous bénévoles et la récompense de notre travail, ce sont les larmes et les sourires que les bénéficiaires du Secours populaire nous offrent sur les séances photo. »
Natacha, une jolie brune aux yeux noirs, avec de faux airs de Barbara, est un peu plus sceptique, déstabilisée peut-être par sa nouvelle apparence. « Oui la photo est belle, la photo est bien faite mais je ne suis pas en extase en me disant : "Qu’est-ce que je suis belle !" Non… » Nicoles Rouvet du Secours populaire s’offusque alors : « Mais si ! Tu es belle ! Est-ce que tu es capable de dire ça : "Oui, je suis belle ! Oui je suis belle !" », insiste-t-elle. Natacha se défend encore : « Oui…je suis moyenne….oui je suis pas moche… ». Un rire mais gêné. Et Nicole Rouvet de riposter encore : « Mais de se dire qu’on est beau, ce n’est pas un défaut, nom d’une pipe ! » Natacha rend les armes : « Ok…je suis belle… », d'un ton à moitié convaincu. Mais sur la photo, c’est bien le visage d’une jolie femme qui s’y trouve, Natacha finira par l’admettre.
Redonner de l’estime de soi à ces femmes. Cela fait 10 ans que cette fédération de photographes tente de leur montrer qu’elle valent plus qu’elles ne le pensent.