Manuel Valls a inauguré mercredi dans son fief d'Evry le premier d'une série de meetings pour tenter d'imprimer sa marque sur la fin du quinquennat et faire entendre sa voix, à un moment où Emmanuel Macron progresse dans les sondages. L'un de ses prochains voyages est prévu à Clermont-Ferrand. 

Le prochain meeting de Manuel Valls doit avoir lieu à Clermont-Ferrand, à une date qui reste à déterminer, autour du thème de la culture. Mais mercredi, c'est à Evry que le premier ministre a inauguré cette série de meetings, où il a exhorté la gauche à définir un "projet de société" à l'occasion de la présidentielle de 2017, lors d'un échange de deux heures avec des Français.

"Ce qui manque, c'est le projet de société, une société où la défiance, où la peur, où les obstacles, les conservatismes, les discriminations s'effacent enfin pour laisser la place à la liberté de chacun de créer son destin. Il faut au fond dire quel type de société nous voulons", a déclaré le Premier ministre devant 450 personnes, selon les organisateurs, réunies dans un gymnase d'Evry, la ville dont il fut le maire pendant des années.

"Nous avons besoin d'un projet. La gauche ne peut être forte que si elle renoue avec le projet, avec la République et avec la France. Son destin n'est pas de se parler à elle-même, d'être dans la petite querelle ou dans la division, mais c'est de parler grand, c'est d'offrir une espérance", a insisté le Premier ministre.

Le député PS de l'Essonne Carlos Da Silva, l'un des organisateurs de la réunion, a pris soin cependant de souligner que la décision d'organiser ces rencontres du Premier ministre avec les citoyens avait été prise bien avant le lancement par le ministre de l'Economie de son mouvement En Marche! Ils étaient quelques centaines dans un gymnase Jean Moulin pas totalement rempli à s'être déplacés pour assister à ce "dialogue" avec les "citoyens autour de la jeunesse et de l'éducation".

Une poignée de manifestants s'étaient rassemblés à proximité du bâtiment pour dénoncer le projet de loi Travail. Un élu d'opposition Front de gauche à Corbeil-Essonnes, Bruno Piriou, a déploré que des "militants de gauche" aient été dans l'impossibilité d'assister à la réunion, alors qu'ils s'y étaient inscrits. "C'est une rencontre, pas un match de boxe", a rétorqué le maire PS d'Evry, Francis Chouat.

Deux ministres, Najat Vallaud-Belkacem (Education) et Patrick Kanner (Ville et Jeunesse), ainsi que les secrétaires d'Etat Jean-Marie Le Guen (relations avec le Parlement) et Thierry Mandon (Enseignement supérieur) avaient fait le déplacement.

Le prochain meeting doit avoir lieu à Clermont-Ferrand, à une date qui reste à déterminer, autour du thème de la culture. En tout, quatre à six réunions de ce type, voulues comme des rencontres avec la population, sont prévues d'ici l'été, selon Matignon.

Manuel Valls veut profiter de ces rassemblements, explique un de ses proches, pour sortir des domaines régaliens habituels. Le contexte politique n'en est pas moins très présent dans ces rencontres où Manuel Valls souhaite se faire entendre alors que les initiatives se multiplient à un an de la présidentielle. Il y a le mouvement d'Emmanuel Macron, l'"appel" à un "projet alternatif" d'Arnaud Montebourg, les meetings de "Hé oh la gauche" initiés
par Stéphane Le Foll, pour défendre l'action et le bilan gouvernemental, et enfin François Hollande, qui prend de plus en plus des accents de candidat.

Macron "lui a filé un coup de vieux"

Dans ce contexte, Manuel Valls veut avoir son mot à dire et éviter toute marginalisation, à un moment où Emmanuel Macron grimpe dans les sondages et lui fait sérieusement concurrence sur le terrain du modernisme et du social-libéralisme. Un proche de François Hollande est direct: Emmanuel Macron "est moins structuré politiquement que Valls. Mais il lui a filé un coup de vieux. Ça a même tendance à énerver Manuel". Il ajoute: "Si Macron a la moindre chance d'être au second tour, je pense que le PS est capable de se mettre derrière. Je n'ai aucun doute là-dessus".

Emmanuel Macron sera "naturellement" le candidat de la gauche en 2017 si François Hollande ne remonte pas dans les sondages, a même estimé mercredi le sénateur-maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, l'un des chefs de file des "réformateurs" du PS.

La situation devient donc préoccupante pour Manuel Valls. Gérard Collomb indiquait il y a peu que les "réformateurs" étaient partagés moitié-moitié entre "vallsiens" et "macronistes".

Et ce n'est pas un hasard si le Premier ministre se rend vendredi en Ardèche sur les terres de Pascal Terrasse, député PS "réformateur" de poids. Une façon de gagner du terrain auprès des socialistes les plus acquis à la politique gouvernementale.

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