Depuis vendredi, les magasins de tissu ont été autorisés à rouvrir dans le Puy-de-Dôme. Ceux-ci ne désemplissent pas. Chacun cherche à obtenir le matériel pour se faire son masque et se protéger de l’épidémie de coronavirus.
« Je suis dans le commerce depuis l’âge de 15 ans, je n’ai jamais vu ça et jamais je n’aurais pensé avoir autant de monde à la réouverture », constate Marie Gomes, gérante d’Atoutissus à Aubière. Le constat est le même dans toutes les merceries de l’agglomération de Clermont-Ferrand : les clients se ruent dans les boutiques pour trouver de quoi fabriquer leurs propres masques en tissu. Les files d’attente s’allongent devant les enseignes."C'est bien la première fois qu'on fait la queue devant une mercerie"
À Aubière toujours, chez Mondial Tissus, « Certains ont attendu plus de 2h avant de pouvoir rentrer dans le magasin », raconte Paola Mota, responsable du magasin. Un vigile filtre les entrées : pas plus de deux clients par vendeur pour respecter la distanciation sociale, soit 16 clients en tout, répartis sur les 1 200 m2 de l’enseigne. Par ailleurs chaque client doit se désinfecter les mains à l’entrée avec du gel hydroalcoolique.
Les précautions sont encore plus drastiques chez Atoutissus, « Les clients doivent mettre des gants à l’entrée et le port du masque est obligatoire », explique la gérante. Une seule personne à la fois est autorisée dans le magasin. Dans sa boutique du centre-ville de Clermont-Ferrand, Cousette, Marinette Favier n’autorise également qu’un client à la fois. Résultat : les files d’attente s’allongent devant les enseignes. « C’est bien la première fois », s’étonne Marinette Favier. Chaque client doit s’armer de patience avant de pouvoir entrer. L’attente en moyenne ? 15 à 20 minutes.
L'élastique, le nerf de la guerre
Une fois à l’intérieur, les demandes sont toujours les mêmes. Du tissu et de l’élastique. Et c’est là où le bât blesse. Chez Mondial Tissus, en un jour et demi, le stock d’élastique était épuisé. « On a trouvé une alternative, souligne Paola Mota, nous vendons du jersey, des bandes de 3 cm qui font office d’élastique ». « Il ne faut pas être difficile sur la couleur mais de toute façon on ne fait pas un masque pour se faire beau mais pour se protéger », précise la responsable du magasin. Elle ajoute qu’elle devrait être réapprovisionnée jeudi. Chez Cousette, plus d’élastique non plus. « La demande est faite chez le fournisseur mais on ne sait pas quand il sera disponible », avance Marinette Favier. En revanche, pas de pénurie chez Atoutissus, « jusque là on arrive à fournir », souligne Marie Gomes.
Pour les tissus, le 100% coton est privilégié par les clients qui suivent les recommandations de l’Afnor. Là, aucune pénurie dans les trois enseignes. Excepté pour certains coloris chez Mondial Tissus « le blanc, l’écru et le noir, les basiques en quelque sorte », détaille Paola Mota.
Résultat, cette ruée sur les merceries est une aubaine. Cousette a multiplié par trois son chiffre d’affaires, Mondial Tissus par deux quand Atoutissus fait 30% de recettes en plus que d’ordinaire. Tous ont réattaqué avec leur effectif au complet. Mais les trois gérantes sont catégoriques, les clients sont là par « nécessité », comme le dit Paola Mota. « 98% d’entre eux veulent se protéger en cousant leur propre masque et ne sont pas là pour se faire des coussins ou je ne sais quoi », rajoute-t-elle.