SNCF a dévoilé la maquette grandeur réelle de ses nouvelles rames "Oxygène". La mise en circulation est prévue pour 2025. Mais pour résoudre les problèmes de la ligne Paris-Clermont, la route est encore longue.
Des sièges plus confortables, un affichage digital et même un emplacement dans la tablette pour son téléphone portable : le futur train Intercités de Clermont-Paris se veut résolument plus moderne. Il faudra cependant attendre deux ans et demi, pour voir ce nouveau modèle sur les rails.
Le train "Oxygène" n'existe pour le moment qu'en maquette taille réelle, visitable en gare de Clermont-Ferrand jusqu'au samedi 17 décembre. Ce nouveau train, annoncé dès 2014, ne devrait rouler qu'à partir de 2025. Un délai long pour les usagers qui attendent des améliorations sur la ligne depuis plusieurs années. Les retards et annulations à répétition, virent parfois au cauchemar : le 20 juillet dernier, les passagers avaient passé 20 heures dans le train.
Gagner en fiabilité
"C'est sûr qu'on est content de ce nouveau train, on roule encore avec du matériel des années 70, rappelle Stéphanie Picard, du Collectif des usagers de la ligne Paris-Clermont-Ferrand. Le matériel est en fin de vie, ce n'est donc pas un cadeau juste un rattrapage du retard d'investissement dans la ligne."
Les premières rames vont être livrées avec du retard, mais les dernières arriveront bien comme prévu en 2026. "L'État finance 800 millions d'euros sur ces trains, précise Amandine Thomas Commin, directrice Intercités à la SNCF. Pour préparer l'arrivée de nouveaux trains, il faut du temps : l'entreprise CAF a eu des problèmes d'approvisionnement comme toutes les autres industries."
Une fois toutes les rames livrées, un 9ème aller-retour quotidien sera mis en place entre les deux villes. "Les nouvelles rames doivent permettre de gagner 5 minutes de trajet, mais on va surtout gagner en fiabilité, espère Stéphanie Picard. Si la SNCF s'est amélioré sur les retards, il y a trop souvent des trains annulés faute de matériel roulant."
"En 2020, sur la ligne, il y a eu 0,79% de suppression, en 2022, 0,89%. Et si on regarde juste les mois d'octobre et novembre, c'est 1,2 % de trains supprimés. "
Stéphanie Picard, Collectif des usagers Paris-Clermont-Ferrand
Travaux sur les voies
Pour améliorer la circulation, les nouvelles rames ne seront pas suffisantes. Les voies elles-mêmes vont connaître des travaux, jusqu'en 2028. Des chantiers qui ont pris du retard : "Confirmation de 18 à 24 mois de retard sur travaux et rames", note Christine Pirès Beaune députée socialiste du Puy-de-Dôme, dans un tweet.
Objectif 2h30
Le collectif des usagers Paris-Clermont attend même plus pour les années à venir : un trajet en 2h30 pour relier Clermont-Ferrand à Paris. Selon le site de la SNCF, le trajet dure aujourd'hui une moyenne 3h29 (3h08 en direct). Un temps de trajet qui s'est allongé depuis 2008.
"Il faut commencer maintenant, car le temps ferroviaire est long, prévient Stéphanie Picard. L'urgence climatique fait qu'on doit encourager les gens à prendre le train."
"On a des pépites industrielles et économiques, une ambition culturelle, des sportifs de très haut niveau et on a un boulet : notre connexion au niveau national aérien et ferroviaire, réagit Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, pendant sa visite de la maquette. C'est le grand chantier dès 10 prochaines années."
"Ça ne concerne pas que Clermont-Ferrand : la question est de savoir quelle est l'ambition pour le Massif-Central."
Stéphanie Picard, Collectif des usagers Paris-Clermont-Ferrand
Une lettre au président
Pour le Collectif, il faudrait un plus grand plan de travaux sur la ligne existante pour atteindre ce temps de trajet. "Ce n'est pas que le ministre des transports qui doit s'occuper du dossier, il faut que ce soit interministériel et que ce soit arbitré par l'Élysée.", estime Stéphanie Picard.
Le collectif d'usager souhaite donc solliciter un entretien avec le président Emmanuel Macron sur le sujet. Un courrier co-signer par les politiques, les entreprises et les citoyens est en préparation.