Retour sur la carrière de Patrick Depailler. Originaire de Clermont-Ferrand, le pilote a participé à 95 Grands Prix de Formule 1 et en a remporté 2. Il est décédé en 1980 au cours d’une séance d’essais privés sur le circuit d’Hockenheim, en Allemagne, à l’âge de 35 ans.
Dans le cimetière de Crevant-Laveine, dans le Puy-de-Dôme, une plaque noire avec ces mots : « Patrick Depailler 1944-1980 ». C’est ici que repose l’ancien pilote de Formule 1, parti trop tôt. Jacques Raynaud est l’un de ses plus grands fans. Il vient régulièrement se recueillir sur sa tombe.
« Même si c’était il y a 38 ans, ça ne change rien. C’est toujours la même émotion. Malheureusement, on ne peut rien y faire. Il n’avait même pas 36 ans. Il est dans ma tête de toute façon. Et sur mon téléphone, j’ai plus de 600 photos de lui. Je n’ai pas du tout envie de l’oublier », confie-t-il.
Patrick Depailler a disputé 95 Grands Prix de Formule 1. Il est entré dans la légende des circuits, comme en 1979, sur la piste de Jarama en Espagne, quand il remporte sa plus belle course. Et fait gagner une monoplace française conçue dans sa propre région en Auvergne, la Ligier JS11.
« Quand on a gagné, c’est toujours très agréable, c’est une sensation de bien-être extraordinaire », s’exclamait alors le pilote clermontois.
Du Solex...
Patrick Depailler est né en 1944 à Clermont-Ferrand. Et c’est d’abord sur deux-roues qu’il va exprimer son goût pour la vitesse et la compétition, dans les virages du circuit de Charade, aux portes de la capitale auvergnate.
« Mon frère courait, mes parents ne le savaient pas. Mais ils lisaient La Montagne. Donc il s’est méfié, il s’est inscrit sous un faux nom, Patrick Lachaux », raconte la sœur du pilote disparu, Chantal Depailler. « Il avait un Solex, c’était le Solex le plus rapide de Clermont. Tout ce qu’il avait, il fallait que ce soit rapide, rapide », poursuit-elle.
Dans son atelier clermontois, Bernard Murat fait ronfler la 250 Bultaco qui a appartenu à Patrick Depailler, un vrai petit bijou. Comme beaucoup d’amateurs de sports mécaniques, il a lui aussi côtoyé le pilote.
« Moi je dis que quand on va vite, ça dépend des yeux, la persistance rétinienne. Plus on a une persistance rétinienne qui est faible, plus on roule vite. Et lui, il l’avait. Il n’était pas au 1/25e de seconde, il était au 1/50e », estime le collectionneur.
... à la Formule 1
Sur 4 roues, sa dextérité va rapidement faire la différence. Champion de France de Formule 3, champion d’Europe de Formule 2 avant la Formule 1 et un premier grand prix chez lui, sur le circuit de Charade, grâce à un certain Ken Tyrrell, le fondateur de l'écurie Tyrrell Racing.
L’aboutissement d’un rêve d’enfant, pour Patrick Depailler, qui va devoir patienter 3 ans jusqu’en 1978 pour obtenir sa première victoire, sur le circuit de Monaco.
« C’était magnifique, c’était très attendu dans la famille, mais aussi par lui je pense parce qu’il avait eu énormément de places de second et il a quand même gagné devant Lauda, c’était une référence Lauda », commente sa sœur.
Mais Patrick Depailler a le goût de la vitesse, le goût du risque, et ils peuvent parfois coûter très cher. En juin 1979, il est victime d’un accident de deltaplane sur les pentes du Puy-de-Dôme. Il souffre de multiples fractures. Beaucoup pensent que sa carrière de pilote est alors terminée.
Un an plus tard seulement, il parvient à retrouver un volant de Formule 1, celui de l’Alfa Roméo, mais à Hockenheim, en Allemagne, lors d'une séance d’essais privés, un incident mécanique propulse sa monoplace contre le mur à 280 km/h. Patrick Depailler décède le 1er août 1980.
« On s’est dit qu’il avait bien vécu. Au fond, il a tout le temps vécu de cette manière. Il a vécu à fond, il ne perdait pas de temps, il vivait bien sa vie », conclut Chantal Depailler.