Au lendemain de l’annonce des mesures pour l’hôpital par le gouvernement, les aides-soignants des hôpitaux en Auvergne sont déçus. Trop ciblées, elles ne répondent pas à leurs revendications.
En annonçant mardi 20 novembre une prime annuelle de 800 euros pour les 40 000 aides-soignants et infirmiers de Paris et d’Ile-de-France gagnant moins de 1900 euros par mois, le Premier Ministre Edouard Philippe et la Ministre de la Santé Agnès Buzyn n’ont pas rassuré les personnels exerçant en province, à l’image de Pascale Guyot, aide-soignante et secrétaire FO au CHU de Clermont-Ferrand.
"Cela ne répond pas à nos trois revendications essentielles, à savoir le recrutement de personnel, l’ouverture de lits et l’augmentation générale des salaires". "Au contraire" poursuit-elle "l’annonce de mesures ciblées risque de faire croitre la colère. Certes avec 1200 euros net par mois en début de carrière et 1600 euros mensuels après 25 ans d’activité (en faisant jusqu’à 2 week-ends par semaine), il faut une augmentation", mais 66 euros par mois annoncé en région parisienne ne vont pas changer grand-chose "Et il n’y a pas qu’à Paris qu’on connait des problèmes de logement et de transport, tout le personnel de l’hôpital de Moulins (par exemple) n’habite pas en ville…"
"Depuis 10 ans, le point d’indice dans la fonction publique est bloqué, on a perdu 16% ; monter en grade, gagner un point c’est une progression de 4 euros" dit-elle. "Trop peu quand les durées de travail hebdomadaires dépassent les 37 heures 30 théoriques. On fait souvent 40 heures et parfois plus, et pour un collègue absent, on rappelle des personnes en congés ou en repos. Il n’y a qu’un remplacement pour 2 ou 3 absences en moyenne". Et de rappeler le nombre d’équivalents temps plein manquants depuis 10 ans qu’elle estime à 600 toutes catégories hors médecins. Au 31 décembre 2018, le CHU de Clermont-Ferrand comptait 1372 aides-soignants et auxiliaires de puériculture et 130 infirmières et infirmières spécialisés sur un total de 6282 agents.
Pourtant elle reste attachée à son métier, elle qui voulait être infirmière et qui a commencé comme ASH, les agents des services hospitaliers, chargés de l’entretien des locaux, de l’hygiène et de l’aide aux malades. Devenue aide-soignante elle s’est rapprochée des patients, fait leur toilette et veille à leur confort, les aide à se lever, à marcher et assure un lien social et humain à l’hôpital. Un travail "qui lui plait énormément, comme la plupart des personnels heureusement". Enfin Pascale Guyot s’inquiète "de la pénurie de recrutement qui s’installe à l’hôpital public, qui accueille tous les patients et c’est normal. Je ne voudrais pas qu’on se retrouve tous un jour entre les mains des investisseurs privés".