A compter du 1er novembre, les équipements spéciaux (pneus hiver, 4 saisons, chaînes ou chaussettes à neige) seront obligatoires dans le Puy-de-Dôme. Certains élus locaux et même le secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoires pointent du doigt « un manque de cohérence ».
Mi-septembre, le préfet du Puy-de-Dôme, Philippe Chopin a tranché. Il a rendu obligatoire sur l’ensemble du département les équipements spéciaux sur les véhicules du 1er novembre au 31 mars. Ainsi, les automobilistes devront munir leur véhicule de pneus hiver, 4 saisons, de chaînes ou de chaussettes à neige pour la période hivernale. Lundi 4 octobre, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué pour préciser le dispositif. Il annonce une tolérance pour cet hiver et précise que les automobilistes sans équipements spéciaux ne seront pas sanctionnés. Malgré tout, la décision du préfet du Puy-de-Dôme fait grincer des dents.
Je comprends mal que la plaine de la Limagne soit traitée comme une zone de montagne
Parmi les personnalités à s’en émouvoir, Joël Giraud, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ruralité. Il s’explique : « On avait confié une mission de coordination aux préfets coordinateurs de massifs et aux comités de massifs pour faire une harmonisation par massif. Cette harmonisation a fonctionné dans certains cas, notamment dans les Alpes mais ce n’est pas le cas partout. En Auvergne, j’ai trouvé qu’il y avait un manque de cohérence complet sur le Massif central. Il y a des itinéraires qui sont en équipement obligatoire dans un département et pas dans l’autre, alors qu’il y a une continuité de la route. Quand vous prenez l’autoroute A89, que vous ayez des équipements obligatoires pour le Puy-de-Dôme mais pas côté Corrèze, cela peut paraître un peu curieux. De la même façon, qu’il y ait une obligation d’équipements spéciaux d’Aigueperse à Clermont-Ferrand, alors qu’on suit sur l’autoroute A71 et qu’on n’est pas obligés d’en avoir jusqu’à Gannat, je trouve ça idiot. Je comprends mal que la plaine de la Limagne soit traitée comme une zone de montagne. A ce moment-là, il faut aussi traiter la Normandie ».
La direction de la sécurité routière informée
Le secrétaire d’Etat poursuit : « Je n’en ai pas encore parlé au préfet du Puy-de-Dôme. Mais j’en ai parlé à la direction de la sécurité routière. Je leur ai dit que l’histoire de la Limagne est une aberration et que je ne comprenais pas le fait qu’il n’y ait pas une continuité sur l’A89 avec la Corrèze. Ca a péché par manque de coordination et l’année sans verbalisation et de pédagogie va nous permettre de mieux coordonner les choses ».
Des élus qui montent au créneau
Christine Pirès-Beaune, députée socialiste du Puy-de-Dôme et André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, ont aussi interpellé par courrier du lundi 11 octobre le préfet Philippe Chopin. Sur Twitter, elle évoque "des équipements hivernaux pas nécessaires sur tout le département".
Avec mon collègue @AndreChassaigne nous interpellons Monsieur le Préfet afin qu’il assouplisse son arrêté relatif aux équipements hivernaux. Pas nécessaires sur tout le département nous semble-t-il @lamontagne_fr @FBAuvergne @F3Auvergne @Le_Semeur_Hebdo pic.twitter.com/OeuYISVHWV
— Ch. Pirès Beaune (@cpiresbeaune) October 11, 2021
La députée PS explique : « Vous prenez l’exemple d’un papy et d’une mamie, qui habitent en Limagne, qui prennent le voiture une fois par semaine pour faire leurs courses. Leur faire acheter des pneus neige ou même des chaînes est une dépense inutile. Il y a 465 communes dans le Puy-de-Dôme et elles ne sont pas toutes enneigées l’hiver. Tout le monde n’utilise pas les routes de montagne. On demande un peu de discernement et une meilleure appréciation. Il faut appliquer la loi Montagne de façon bien différenciée ». L’élue socialiste souligne que cette mesure occasionne des dépenses importantes pour les ménages. Elle conclut : « J’espère que le préfet va nous entendre, j’ai bon espoir ». Après ces réactions d’élus et du secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoires, la balle est dans le camp du préfet du Puy-de-Dôme. Il pourrait peut-être être amené à revoir sa copie. Sollicitée, la préfecture du Puy-de-Dôme n’a pas donné suite à notre demande d’interview.