Le tribunal de Clermont-Ferrand examinait, ce mardi 27 septembre, l’affaire de pollution de la Dordogne datant de 2015 : 40 000 euros d'amende ont été requis à l'encontre de la société Soprelec, en charge du barrage de La Bourboule. Une vidange accidentelle avait provoqué le déversement de milliers de mètres cubes de boue dans la Dordogne.
Des centaines de milliers d’alevins morts, de la boue qui a asphyxié la Dordogne mettant en péril sa faune et sa flore… Lorsque la retenue d’eau du barrage de La Bourboule (Puy-de-Dôme) s’est brusquement vidée en février 2015, les conséquences désastreuses ne se sont pas fait attendre, provoquant à l’époque l’indignation des associations de pêche locale. A l’origine de cette catastrophe, l’ouverture d’une vanne de fond, qui a conduit à la vidange accidentelle du barrage de La Bourboule et au déversement de milliers de mètres cubes de sédiments dans la Dordogne jusqu’au plan d’eau de Bort-les-Orgues.
Une négligence ?
Un barrage initialement géré par EDF, puis par la société Soprelec depuis 2011 et qui n’avait pas été vidangé depuis 1994. Déplorant cette catastrophe écologique qui a eu des conséquences à long terme sur la faune et la flore de la Dordogne, plusieurs associations et fédérations de pêche ont déposé plainte contre Soprelec. Une affaire qui sept ans après a été examinée par la justice. Y a-t-il eu négligence de la part de la société Soprelec ? C’est la question centrale qui a animé les débats de l’audience correctionnelle où son gérant est venu s’expliquer à la barre. « Quand on en arrive à des conséquences de pollution aussi importantes que celles qui se sont passées, c’est qu’il y a eu défaillance de l’exploitant du barrage, qui n’a pas mis en œuvre les éléments de diagnostic et les éléments techniques suffisants pour enlever au fur et à mesure les sédiments. Il n’a finalement pas respecté l’arrêté qui lui imposait une chasse annuelle des sédiments qui ont causé cette pollution telle qu’on la connaît », pointe Me Yann Fauconnier, avocat de France Nature Environnement.
"Nous ne lâchons rien"
Lors du rachat du barrage à EDF en 2009, le gérant de Soprelec a été informé que la vanne ne s’ouvrait plus, et qu’aucune vidange n’avait pu être effectuée depuis 5 ans. S’il avait entrepris des travaux pour régler le problème, il aurait dû, pour les parties civiles, prendre une autre décision, et désenvaser la rivière de façon mécanique, ce qui aurait évité cette catastrophe dont il estime ne pas être responsable. « Pour nous, la Dordogne est un joyau halieutique. Il est pour nous fondamental de montrer notre ténacité pour conserver ce joyau. C’est la raison pour laquelle nous ne lâchons rien », affirme Christian Chanseaume, vice-président de la Fédération de pêche de Puy-de-Dôme. Dans son réquisitoire, le ministère a demandé à ce que la société Soprelec soit reconnue coupable et a requis à son encontre une amende de 40 000 euros. Le rendu de cette affaire sera connu le 29 novembre prochain.