Ouvrir la lecture à tous, au-delà des handicaps. C'est le défi relevé par le Clermontois Valentin Mathé, qui a créé il y a un an sa maison d'édition de livres jeunesse. La poule qui pond propose des livres adaptés aux enfants dyslexiques. Sa dernière réalisation : un ouvrage destiné aux non-voyants.
En changeant de vie il y a un an, Valentin Mathé s'est aussi donné une mission : faire de la lecture un plaisir qui se partage. Nous sommes ici chez lui, dans son bureau. C'est le centre névralgique de sa petite maison d'édition, "La poule qui pond". C'est aussi là que lui est venue l'idée de faire un livre jeunesse pour non-voyants. "Au-delà du braille, la question c'était : comment faire pour que les illustrations puissent ressortir pour un enfant aveugle ?", s'est interrogé Valentin Mathé.
Et cette question, il n'est pas le seul à se l'être posée. Fabienne Cinquin est illustratrice, et a déjà collaboré avec Valentin sur un album pour les dyslexiques. A l'époque, le projet lui avait déjà posé pas mal de questions, alors un album d'illustrations pour non-voyants... Et pourtant, la mission n'est pas impossible ! "Soit ce sont des images qui sont faites avec des matériaux où on s'adresse au toucher : des papiers doux, des papiers rugueux, des papiers qui font du bruit, etc., ou sinon des images en relief", détaille l'illustratrice Fabienne Cinquin.
L'impression 3 D au service du dessin
Pour son Histoire de monstre, c'est bien au relief que Valentin a fait appel, grâce a un vernis et une impression 3D. "Nous, voyants, on est énormément sensibles aux couleurs en illustration, l'enfant aveugle va être sensible aux textures", précise Valentin Mathé.Pour réaliser ce livre lisible à 10 doigts, il aura fallu quelques beaux esprits, de nombreuses mains testeuses, et un peu de technologie. C'est à l'école Victor Duruy que l'on retrouve Nathalie et Sonia, deux enseignantes spécialisées dans les troubles de la fonction visuelle, qui ont suivi chaque étape de la création du livre, et nous en dévoile l'un des secrets. "Une fois que le four a chauffé et a fait gonfler l'encre, on peut lire tactilement le dessin", explique Nathalie Mira, enseignante spécialisée dans les troubles de la fonction visuelle (ASH 63).
Le dessin a beau être épuré à l'extrême, le graphisme n'en est pas moins beau pour les voyants. Et l'histoire douce à partager avant de fermer les yeux.