Dans ce contexte de hausse des prix, toute économie est bonne à prendre. Alors, beaucoup tentent de rogner sur le budget consacré à l'habillement. À Clermont-Ferrand, les friperies se présentent comme la bonne alternative économique mais aussi écologique.
« Et voilà, un nouvel ensemble pour 30 euros ». Dans la friperie Balkane, à Clermont-Ferrand, Jocelyne, retraitée, a trouvé son bonheur. Ici, des pulls, jeans, t-shirts et sacs à main par dizaines pour un coût ne dépassant pas les 50 euros. Un prix qui a tout de suite séduit Jocelyne : « Depuis que je suis à la retraite, je me suis mise à la fripe. Je cherchais à m’habiller sans dépenser trop de sous. Après je fais pas ça que pour les économies. Dès que j'ai le coup de cœur j’achète. Le plus souvent je viens ici quand, par exemple, j’ai un jean qui ne me va plus trop parce que j’aurais un peu grossi, au lieu d’en acheter un neuf à 30 euros j’en achète un à 15 ». L’inflation a conduit de plus en plus de monde à pousser les portes de la boutique de Sabrina : « Depuis la fin du confinement, je constate une augmentation de clients dans ma friperie. Il y a toujours quelqu'un dans ma boutique », se réjouit-elle.
La friperie : économique et écologique
Marie, étudiante de 22 ans, a craqué sur un pull. Son prix : 15 euros. Cette jeune femme est une novice de la fripe : « Ça fait pas longtemps que j'en fais. J’ai un petit budget shopping, les prix sont imbattables et je trouve à chaque fois de très belles pièces ». Outre le fait d’économiser, c’était surtout pour Marie l'occasion de s’inscrire dans une démarche écologiste : « J’en avais marre d’acheter sans cesse du neuf et de jeter, avec tout l’impact écologique que ça engendre ».
Cette volonté d’allier écologie et économie, c'est ce qui séduit chez les fripes, assure Jordan, gérant de la friperie L’affinerie : « Ce sont trois choses qui font que la fripe attire : l'aspect écologique, économique et le fait de posséder des pièces uniques ». Dans sa boutique, vêtements de marque et habits streetwear au look rétro sont vendus pour des prix allant de 10 à 500 euros.
Parmi les clients rencontrés ce jour-là, il y a Estelle, venue trouver quelques ensembles pour cet hiver : « J’ai réussi à avoir un ensemble pour 20 euros. C'est quasi imbattable. Il faut chercher un peu, en faire plusieurs, pour trouver de belles pièces pour pas grand chose. Ce pull vintage bleu est à 10 euros par exemple. Ça reste imbattable. À chaque fois je suis assez fière de faire les fripes. Je fais du bien à mon porte-monnaie et à la planète. Avant je dépensais 100, 150 euros pour des vêtements, chaque mois. Maintenant c’est 50 euros, 80 euros max. Et encore je suis gentille sachant que je n’achète pas de nouveaux vêtements tous les mois non plus ».
Une image dépoussiérée
« À l'époque, la fripe, c’était connu comme le magasin des pauvres où un tas de vieux vêtements s’amoncellent. L’image a changé maintenant, assure Jordan, gérant de la friperie L'affinerie. Maintenant, la fripe c’est le magasin des férus de mode qui cherchent la belle pièce. Il y a même des gens pour qui cet aspect un peu désordonné ne dérange pas du tout. Parfois je laisse les cartons de vêtements trainer cinq minutes, et je vois les clients déjà en train de fouiller ». D’autant plus que la friperie n’est pas synonyme de mauvaise qualité, selon le vendeur, bien au contraire : « Les Lacoste d'avant ne sont pas les Lacoste d’aujourd’hui qui rétrécissent au deuxième lavage. La qualité a évolué entre les époques et les clients le remarquent ».
Une évolution de la fripe à Clermont-Ferrand que Marylou a vu évoluer depuis 10 ans. Cette trentenaire qui aime « chiner » a commencé avec sa première boutique : la Chambre 16. Succès immédiat qui pousse la passionnée de mode à ouvrir deux autres boutiques dans la même rue, dont un espace de plus de 100 m2 sur deux étages. Les prix varient entre 5 et 100 euros, pour des vêtements, chaussures mais aussi de la décoration.
Pour elle, l’engouement pour la fripe n’est pas nouveau : « Tous les ans on dit que c’est une mode, que c’est une nouvelle tendance en vogue. Mais la fripe a toujours été une tendance. Ça a toujours existé. Dans les années 70, c’était très en vogue. La fripe c’est intemporel ».
Les clients venus dans sa friperie en sont bien conscients. Vanessa, adepte de cette façon de consommer depuis plus de cinq ans défend l’idée d’acheter des vêtements de seconde main : « La fripe ça me permet aussi d’être unique, d’avoir de belles pièces. On dit souvent que la fripe c’est moche ou de mauvaise qualité. Alors que pas du tout ! Je trouve même des pièces de meilleure qualité qu’en magasin ». Même son de cloche du côté de Carole, trentenaire venue chercher un pull pour cet hiver : « De toute façon, un vêtement ça se lave », lance-t-elle. Marc est lui aussi un fervent soutien des friperies clermontoises : « Je suis pour le développement de ces boutiques. Ça permet le contact humain, le circuit court. Et puis si je souhaite déposer- je sais pas si ça se fait - c’est l’occasion ». Mais le jeune homme reste prudent : « Après il ne faut pas oublier Emmaüs qui vend aussi des vêtements et sont aussi là pour ceux qui en ont le plus besoin. C'est pour la bonne cause, il ne faut pas les oublier ».