Il y a trois ans, 23 cépages anciens originaires d'Auvergne ont été plantés, au puy d'Anzelle, près de Clermont-Ferrand. Aujourd'hui, l'heure des vendanges a sonné sur la parcelle du conservatoire des cépages anciens. Le but : les analyser pour mieux les adapter à de futurs productions
Sur la parcelle du conservatoire de cépages anciens, à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand, les vendanges battent leur plein. Les récoltes serviront à analyser les précieuses grappes.
Accroupie près des plants de vignes, Salomé Pinton, technicienne viticole scrute chaque variété : « On constate que le gamay résiste beaucoup moins à la chaleur, les baies sont toutes desséchées. Alors que, deux rampes plus loin, les épinous et les corbeaux ont encore des baies bien développées et pleines de jus ».
Des cépages vieux de plus de cent ans
L'épinou, le corbeau ou encore le noir fleurien... Ce sont les noms donnés à d'anciens cépages auvergnats qui existaient avant la crise du phylloxera. Cent ans après, on les retrouve dans ce conservatoire implanté à Cournon d'Auvergne. « L'épinou c'est le seul pied qui reste en France, souligne Salomé Pinton, donc c'est vraiment une conservation du patrimoine viticole pour certains cépages ici».
Une vendange qui permet non seulement d'analyser ces anciennes vignes mais de déterminer aussi lesquels de ces cépages s'adapteront au territoire. « Cela nous permet de voir un peu plus loin pour les plantations, de voir ce qui est à adapter à notre terroir dans les dix prochaines années», précise Salomé Pinton.
S'adapter aux conditions du réchauffement climatique
Suite à la vague de chaleur connue cet été qui a rendu plus précoce les vendanges, le moment est venu de repenser le système de culture viticole, selon Gilles Vidal, président de la fédération des côtes d'Auvergne : « On s'aperçoit qu'on a implanté des vignes, il y a 20, 30, 35 ans, plutôt dans les versants Sud car on cherchait de la précocité à ce moment-là, explique-t-il. On s'aperçoit qu'avec le climat qui se réchauffe aujourd'hui que ce n'est plus tellement ce qu'on cherche. Avec nos cépages actuels, on va chercher plutôt vers le Nord ».
En tout, 23 cépages ont été plantés en 2018 sur le puy d'Anzelle. Tous doivent être étudiés progressivement : « Les cépages vont aller en laboratoire pour déterminer le degré potentiel, la concentration en acidité, en couleur et en tanin. Le but est de savoir les capacités de ce cépage que l'on connait très peu », explique Taran Limousin, ingénieur à l'institut de la vigne et du vin.
Les résultats de la vinification seront connus d'ici la fin du mois d'octobre.