Leur rôle est d’accompagner les détenus pendant leur incarcération pour les préparer à la liberté. A Riom, dans le Puy-de-Dôme, une trentaine de visiteurs de prison vont à la rencontre d’hommes et de femmes condamnés à rester derrière les barreaux.
Depuis 6 ans, ce détenu que nous appellerons Alain reçoit la visite d’Yvette. Il purge une peine à deux chiffres et n’a quasiment aucun contact avec l’extérieur. Cette visite hebdomadaire est une façon pour lui de garder le contact avec l’extérieur, au-delà des barreaux.
« On parle de tout, ça fait un petit parloir… ça fait une bouffée d’air, ça change, ça fait plaisir » explique ce détenu. « Elle me parle un peu de la vie… de l’Auvergne. Elle me pose des questions sur mes projets. C’est sérieux quoi… elle m’encourage aussi » insiste-t-il.
« Pour nous visiteurs, il faut absolument faire vivre le lien social… car si cette relation avec l’extérieur n’existe pas lorsque la personne reviendra dans la société « libre », il aura de grosses difficultés à se réinsérer » indique Yvette Canin qui, chaque lundi consacre un peu de son temps à rendre visite à Alain.
La réinsertion est au cœur de la mission du Service d’insertion et de probation (SPIP). Un service de l’administration pénitentiaire qui examine chaque candidature de visiteur de prison. Dans le Puy-de-Dôme, ils sont 34 à intervenir ainsi au centre pénitentiaire de Riom.
« On est vraiment sur de l’humain, donc il y a plusieurs entretiens. Il y a une évaluation des motivations. On échange sur le parcours de la personne, son parcours de vie, son parcours professionnel. Après il y a toutes les démarches administratives avec les extractions de casiers judiciaires et les enquêtes de moralité » précise Nathalie Grand, directrice du Service d’insertion et de probation du Puy-de-Dôme.
Toutes ces informations permettront au candidat « visiteur de prison » d’obtenir l’agrément des services pénitentiaires. Une fois les démarches accomplies et si le dossier est conforme, une carte de visiteur est délivrée et permettra un accès à l’établissement choisi pour une période de 2 ans, renouvelable à la demande.
Chaque visiteur s’engage à respecter un règlement précis qui impose notamment un devoir de réserve et la plus grande discrétion pour ce qui concerne le détenu et les faits qui sont à l’origine de son incarcération.
« Il faut que tout le monde visite de la même façon. Nous ne rencontrons pas un cas mais un humain. La visite doit être confidentielle et nous devons être dans l’empathie, la sympathie, sans prosélytisme.» explique Jean-Marie Chupin, coordinateur des visiteurs du Centre pénitentiaire de Riom.
"Ça me permet de me libérer"
Les visiteurs jouent également un rôle de veille et peuvent, par exemple, alerter l’administration pénitentiaire sur une situation psychologique dégradée.
« Si le visiteur constate que la personne visitée est en difficulté, il le signale à la détention mais également au SPIP. Ce qui se passe en entretien demeure confidentiel. Par contre quand il y a danger pour l’institution ou danger pour la personne détenue, là le visiteur est délié de cette confidentialité » insiste Nathalie Grand.
Au-delà de la parole, certains visiteurs proposent des activités aux détenus. Ainsi, dans le quartier des femmes, des ateliers de couture ont ainsi vu le jour.
« Ça me permet de me libérer, d’oublier que je suis en prison. Et d’avoir d’autres personnes du milieu extérieur, ça nous fait énormément du bien quoi ! » explique cette détenue.
Des échanges et des relations basés sur le respect. Le respect de l’autre et des règles. Une façon de préparer ces détenus à leur retour de l’autre côté des murs.