En janvier 2023, Christophe Urios prenait ses fonctions en tant qu’entraîneur de l’ASM Clermont-Auvergne. Un an après, il se confie sur cette saison, ses perspectives pour le futur et sa vision de l’équipe.
Il y a un an environ, Christophe Urios prenait le rôle de coach à l’ASM Clermont Auvergne. Après un début de saison complexe, l’équipe semble avoir trouvé un second souffle, sous l’égide de son entraîneur. Il dresse un bilan de l’année écoulée.
Question : Un peu plus d'un an après votre arrivée, quel bilan dressez-vous ?
Christophe Urios : “Beaucoup de choses se sont passées pendant un an. Après une première partie de saison parfois poussive, parfois incertaine, parfois sans réussite mais toujours en gardant le cap, je trouve que la fin des matchs aller, notamment sur le mois de janvier, ressemble à ce qu'on a envie de faire et ce que j'aime voir dans mon équipe. Au niveau des résultats, évidemment, il y a cette 6e place. Il y a cette affluence qui revient. On l'a vu contre Lyon, 17 000 spectateurs. On sent qu'il se passe quelque chose. On travaille pour ça. Il n’y a pas que les résultats qui sont satisfaisants et qui comptent. On a bien vu que contre Bordeaux par exemple, nos comportements et notre attitude étaient exemplaires, mais on n'a pas réussi à gagner ce match qui était largement dans nos cordes. Il se passe des choses dans le groupe, il se passe des choses dans la relation groupe et staff, une forme d'émotion aussi autour du stade Michelin, mais pas seulement. J'ai été impressionné, par exemple, par le monde qu’il y avait en Géorgie. C'est positif mais continuons le combat parce que rien n'est fait."
Question : Il a fallu passer par des étapes difficiles, sont-elles derrière vous ?
Christophe Urios : “Depuis la défaite contre Bordeaux, je trouve qu'on a changé. Il a fallu qu'on touche le fond avec cette défaite, qui était cruelle pour moi, non pas venant de Bordeaux mais par rapport au produit du match. Il a fallu toucher le fond pour se rendre compte qu'il fallait changer. Je trouve que depuis, que ce soit notre mentalité lors des entraînements ou l'engagement des gars lors des matchs, sont meilleurs. Quand l'attitude est bonne, quand la mentalité est bonne, forcément, le résultat est là.”
Question : Une dizaine de joueurs vont partir cette année, renouveler cet effectif est-il votre priorité ?
Christophe Urios : “La priorité, c'est de renforcer l'équipe avec les moyens que nous avons, les contraintes que nous avons aussi. On est vraiment enchaîné pour la composition du groupe par les JIFF (Joueurs issus des centres de formation, NDLR) ou les non-JIFF plutôt. C'est un vrai problème chez nous aujourd'hui. On cherche à le gommer, à le corriger petit à petit. Ce n'est pas facile parce que nos meilleurs joueurs sont quasiment tous des non-JIFF, donc ça pose le problème de la composition d'équipe. On sait que ça ne se fera pas en une saison ou une intersaison. On travaille dessus, mais ce qui est important aujourd'hui, ce sera de travailler sur la mentalité. Pour moi, la nature humaine est prioritaire sur la nature technique. Je veux des joueurs qui ont une mentalité qui colle à ce qu'on a envie de faire, qui colle au projet de l'ASM, qui colle au territoire de l’ASM. Quand tu as ça, déjà, tu as fait la moitié du chemin. On a quelques choix qui ont été faits ou qui sont encore à faire, qui sont des choix douloureux, franchement. Prenez le cas de Tomas Lavanini. Il vient d'enchaîner un mois de janvier extraordinaire, c'est un joueur redoutable et redouté, avec une superbe mentalité. Je l’aime beaucoup, mais il y a une réalité en face de nous et mon boulot en tant que manager, c'est de faire en sorte de continuer à faire progresser l'équipe. Il faut la jouer fine.”
Question : Pas d'internationaux français, on l'a encore vu sur le match de l'équipe de France, est-ce un regret pour vous ?
Christophe Urios : “Égoïstement, non, parce que quand ils sont dans l'équipe de France, quand ils sont sollicités, ils ne sont pas avec nous. En même temps, c'est une belle vitrine, un beau reflet pour le club. C'est important d'avoir des gens en équipe de France car ça voudrait dire qu'on progresse. Effectivement aujourd'hui on n'en a pas. J'espère que demain, on en aura. En tout cas, cela fait partie de mes missions et j'ai envie que ça arrive.”
Question : Vous êtes contraint jusqu'en 2025, plus une année en option. Avez-vous envie de prolonger l'aventure ?
Christophe Urios : “C'est beaucoup trop tôt. Même si ça va aller vite, quand même ! Ce ne sont pas des choses qui me préoccupent. Ce qui me préoccupe, c'est quand je n'ai plus envie de rester à un endroit. Là, je ne me pose pas la question parce que je considère que je suis arrivé en septembre. C'est encore tout frais. Une chose est certaine, c'est que, tant sur le plan familial que sur le plan personnel et dans mon travail de tous les jours, aujourd'hui, je me retrouve vraiment dans ce projet de l’ASM.”
Question : À quoi ressemblerait une saison réussie ?
Christophe Urios : “C'est une saison où on serait alignés avec notre plan de marche et notre vision, tant sur notre raison d'être, que le comportement qu'on veut avoir, que sur nos valeurs et sur notre ambition. On est revenu dans la course des qualifiables mais on n'est pas qualifié pour autant. Il reste la moitié d'une saison qui n'est pas simple à aborder. La fin du championnat sera dure, comme tous les ans. Continuons le combat. Je n'ai pas changé entre le moment où on était un peu moins bien et celui où on est un peu mieux, aujourd'hui. Il faut continuer à développer cette mentalité, continuer à s'entraîner pour progresser. Quand on est comme ça, souvent, les matchs basculent. On sait qu'on est en concurrence avec 3 ou 4 équipes pour entrer dans le top 6. Il y a quand même 3 équipes qui me semblent être au-dessus en termes de points, même si on n'est pas très loin. Au vu des calendriers des uns et des autres, ça ne sera pas facile. Une saison réussie, c'est une saison où on est en adéquation avec ce qu'on a decidé au début.”