La douleur chronique concerne près de 43% des consultations chez un médecin généraliste. A Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, médecins et chercheurs se mobilisent pour mettre au point de nouveaux médicaments et mieux maîtriser leurs effets pour soulager leurs patients.
 

Migraine, mal de dos, rhumatismes, effets secondaires du cancer sont des formes de la douleur chronique, pas celle qui nous sert d’alerte face à un danger comme la réaction à la chaleur qui évite de se brûler, mais celle qui s’installe au fil des mois et conduit à une dégradation de la qualité de vie. Les statistiques indiquent que 2 patients sur 3 ne seraient pas soulagés par leur traitement.

Au centre d’évaluation et de traitement de la douleur du CHU de Clermont-Ferrand, on a reçu en 2019 un peu plus de 1660 patients au cours de 6643 consultations. "Il faut éviter l’emballement" dit le docteur Noémie Delage, "car la douleur peut s’installer et progressivement entraîner dans une spirale négative où l’on est confronté à la fatigue, l’anxiété et même la dépression".

Des médicaments très anciens

La découverte et l’usage des médicaments utilisés pour lutter contre la douleur sont très anciens, - 3000 avant JC pour le pavot, - 2000 pour le cannabis, le début du 20ème siècle pour les anti-inflammatoires non stéroïdiens que sont l’Ibuprofène, le Tramadol ou les antidépresseurs et l’innovation pharmaceutique dans le traitement de la douleur n’a pas connu de grandes nouveautés depuis ces 50 dernières années. "On ne peut pas concevoir qu’une personne puisse souffrir alors qu’on a des outils potentiels pour essayer de limiter cette douleur. Voilà pourquoi on a de plus en plus prescrit certains médicaments tels que les morphiniques et les dérivés de l’opium, qui ont peut-être été trop largement utilisés" explique Denis Ardid, enseignant chercheur et responsable de l’équipe de recherche NeuroDOL.

Pour progresser dans la connaissance on cartographie le cerveau afin d’identifier les cellules porteuses de ports ioniques, des canaux d’entrée et de sortie pour les molécules et on travaille à l’échelle du micron (un millième de millimètre) pour soumettre des cellules à un courant électrique et voir comment elles réagissent. Le but c’est de trouver de nouveaux médicaments aux effets secondaires limités et mieux définir les doses et les protocoles de délivrance.

Le numérique pour soigner

Depuis plus de 20 ans, la faculté de médecine de Clermont-Ferrand est devenue un centre de référence pour la lutte contre la douleur chronique unique en Europe, entretenant même des relations avec l’Université Simon Fraser de Vancouver au Canada. Et les pistes les plus modernes font appel aux technologies numériques.

Sous l’égide de la fondation Institut Analgésia, le projet eDOL lancé en 2017 permettra au patient de tenir un carnet de bord de sa douleur directement sur son smartphone, le médecin pourra ainsi récupérer son historique et adapter le traitement alors que les chercheurs analyseront les données des 5000 patients volontaires qui rejoindront le programme à l’automne 2020.

Pour mener leurs travaux, la quarantaine de chercheurs clermontois bénéficient des fonds apportés par les entreprises partenaires de la fondation, un mécénat qui complète les fonds apportés par la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Union Européenne : "On avait le sentiment que la recherche en particulier les médicaments antalgiques étaient à une période difficile. On fait appel au mécénat en sensibilisant les entreprises à cette problématique, les gens sont très sensibles à la douleur chronique et ça rentre tout à fait dans la dimension responsabilité sociétale des entreprises" explique le Professeur Alain Eschalier, Président de la Fondation Institut Analgésia.

Et chacun peut montrer son soutien à la lutte contre la douleur en portant le tee-shirt de la Team Analgésia lors de courses et en partageant ses photos sur les réseaux sociaux.
 
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