La saison automnale approche et, pour beaucoup de propriétaires, il est temps de faire ramoner leur cheminée afin de pouvoir l’allumer en toute sécurité. Voici les conseils d’un professionnel.
Les ramoneurs sont débordés. L’automne est bientôt là et, pour de nombreux clients, c’est l’heure de faire ramoner leur cheminée. Par qui la faire entretenir, à quelle fréquence ? Jean-Jacques Fournet-Fayard, ramoneur à la retraite et président de la Corporation des Ramoneurs d’Auvergne, répond à toutes les questions des propriétaires.
1 Quand faire ramoner sa cheminée ?
Les ramoneurs peuvent intervenir toute l’année, mais certains mois sont à éviter en raison des délais d’attente. Jean-Jacques Fournet-Fayard indique : “On se rend compte que dans une grande partie des régions, dès les premiers froids, les gens se réveillent, sauf l’Alsace et la Lorraine où ils sont un peu plus disciplinés. C'est là que ça crée des bouchons au niveau des rendez-vous. Ça fait des délais qui vont parfois jusqu’à plusieurs mois.” Si vous ne voulez pas attendre, la meilleure solution est de prendre rendez-vous en avril, mai, juin ou juillet. “Il y a de la disponibilité et les installations sont prêtes à repartir dès les premiers froids au début de l'hiver.”
2 A quelle fréquence faut-il faire ramoner sa cheminée ?
Le RSD, règlement sanitaire départemental édicté par la préfecture, fait loi en la matière : “Il exige deux ramonages par an, dont un pendant la période de chauffe, concernant les combustibles solides, c'est à dire le bois et les granulés. C'est un seul ramonage dans l'année pour le gaz et le fioul”, explique-t-il. Lors de la visite du professionnel, il peut également demander au client de rapprocher les séquences de ramonage, suivant la quantité de bois ou de granulés qui a été brûlée. “Parfois, certaines personnes brûlent le double de ce qu'ils auraient brûlé en temps normal pour X ou Y raison : mauvaise qualité de bois, d’appareils. Cela peut nécessiter une troisième intervention. Ça, c'est le professionnel qui le définit.” Concernant les granulés de bois, la plupart des appareils modernes sont équipés de système qui déclenche une alerte lorsqu'une intervention d'entretien et de ramonage est nécessaire. “Cela peut être au bout d'un certain nombre d'heures de travail de l'appareil, soit au bout d'un nombre de tonnages de pellets qui ont été brûlés”, indique Jean-Jacques Fournet-Fayard.
3 Doit-on demander un certificat ?
Suite à cette intervention, le professionnel délivre un certificat de ramonage qui comporte les coordonnées du client, de l'installation, le lieu, le produit... “Lorsqu'il s'agit d'une chaudière à bois, on doit remettre en plus un certificat d'entretien bien spécifique. C'est la loi. Elle impose un suivi plus poussé. Ces dernières années, ça s'est un petit peu complexifié au niveau des certificats à remettre”, signale Jean-Jacques Fournet-Fayard.
4 Qui doit faire l’entretien de la cheminée ?
Le ramonage doit être obligatoirement être fait par un personnel qualifié, faute de quoi, en cas de problème, vous ne serez pas assuré, alerte Jean-Jacques Fournet-Fayard. “Plusieurs écoles délivrent des certificats. Ce sont des formations reconnues par l'État, le diplôme délivré est obligatoire pour pouvoir exercer cette profession. Sans aucun de ces documents, il est formellement interdit de pratiquer le métier”. Il est reconnu qu'une partie des propriétaires font eux même leur entretien. “À leur détriment, parce que le professionnel est à même de donner des conseils uniquement en regardant les suies qu'il récolte. Il peut dire si le bois était bon, si l'appareil fonctionne bien, si le client se sert bien de l'appareil.” Il recommande vivement l’intervention d’un professionnel à même de délivrer des conseils adéquats.
5 Combien ça coûte ?
Pour un appareil classique, comptez en moyenne 70 à 90€ suivant l'endroit et le produit. Cela comprend le ramonage de conduit de fumée, le ramonage de conduit de raccordement et le nettoyage de l'appareil. Demandez un devis avant chaque intervention professionnelle, la loi l'exige.
6 Quels sont les risques du défaut d’entretien ?
Le risque majeur est le feu de cheminée, selon Jean-Jacques Fournet-Fayard : “Si votre conduit est encrassé, que ce soit le conduit de raccordement à l'appareil ou le conduit de fumée, ou si vous brûlez mal votre bois, ou bien que vous servez mal de votre appareil, ou encore si vous avez du mauvais bois, vous risquez un feu de cheminée, parce que vous allez créer du bistre. C'est le fameux goudron qui s'enflamme dans la cheminée, qui se répand sur les charpentes.” Il alerte également sur le risque lié au monoxyde de carbone, ce gaz toxique, inodore et invisible qui se dégage des appareils lorsqu'ils sont mal entretenus. “Cela est lié à la vacuité du conduit de fumée qui est mauvaise. Il y a des morts chaque année.”
7 Quels sont les bons gestes entre deux ramonages ?
Depuis le 20 juillet 2020 les professionnels du ramonage ont également l’obligation de conseiller le client sur la façon de brûler leur bois, la façon de l'allumer, la façon de le gérer. Jean-Jacques Fournet-Fayard conseille : “Il faut avoir un bois à sec avec un taux d'humidité inférieur à 20%. Pour cela, il existe des petits appareils qu'on trouve dans le commerce et dans tous les magasins de bricolage, ça s'appelle des testeurs d'humidité. Lorsqu’on allume son feu dans un poêle, une cheminée ou autre, il est préférable de faire un allumage inversé, c'est à dire mettre le gros bois au fond de l'appareil, du bois moyen au-dessus puis du petit bois et du très petit bois. On allume sur le dessus. Ça limite la pollution puisque lorsque le bois va s'enflammer, toutes les essences du bois de dessus qui vont être dégagées vont être brûlées.” C’est un allumage doux qui laisse le temps à l'appareil de se dilater et d'arriver doucement à sa température de fonctionnement, bon à la fois pour la planète et pour l'appareil.
Il insiste sur l’importance de l’entretien en termes de sécurité : “Ne pas le faire, c'est suicidaire.”
