Après un match de grande tension entre deux clubs de football niveau Elite, dans le Puy-de-Dôme, dimanche 20 mai, Abdelhakim est depuis immobilisé sur son lit d’hôpital, à Clermont-ferrand. Le jeune homme de 24 ans témoigne de la recrudescence de la violence, dans le football amateur.
Abdelhakim, 24 ans, est amer. Depuis son lit d’hôpital, au CHU Gabriel Montpied, à Clermont-Ferrand, le joueur de l’AS Saint-Jacques (niveau Elite), revient sur le dernier match qu’il a disputé, dimanche 20 mai. Après une action de jeu qu’il juge « agressive et délibérée » d'un joueur de l’équipe adverse, son pied restera immobilisé pour 45 jours. Bilan : fracture de la malléole extérieure gauche et rupture totale du ligament extérieur gauche. Un nerf pourrait être touché.
"Je l’ai vu arriver tellement vite sur moi que je n’ai pas eu le temps de l’éviter" raconte-t-il. "Il a taclé avec les deux pieds décollés et je me suis retrouvé au sol, incapable de me relever." Après une première mi-temps que le jeune joueur décrit comme "physique, mais pas méchante", la seconde partie du match est « montée en puissance, avec des coups de coude par derrière, des insultes de la part de certains supporters et des attaques de plus en plus agressives sur le terrain. » Selon lui, l’arbitre n’a pas su gérer la tension entre les joueurs et "la sécurité n’était pas assurée."
A travers son témoignage, Abdelhakim dénonce l’escalade de la violence dans le football amateur. Joueur mais également arbitre, il a souvent été témoin de comportements violents de la part de joueurs, mais aussi de certains supporters. "On voit de plus en plus d’agressions, d’insultes, de bagarres." Il déplore également le "manque de moyens dans les clubs amateurs", où les responsables de sécurité et les bénévoles se font rares pour calmer les tensions.
Abdelhakim se dit "très déçu" de ces comportements, qu'il trouve "incompréhensibles". Il a déjà été témoin, à plusieurs reprises, de coups portés par certains supporters à des joueurs en bord de terrain et a pu constater que, parfois, "les joueurs sont alcoolisés alors qu'ils disputent un match. Cela arrive souvent" déplore-t-il. "C'est aussi le travail du coach de veiller au sérieux de son équipe." Pour lui, ces altercations entre les joueurs, qu'ils soient sous l'emprise de l'alcool ou non, entraînent un sentiment d'injustice sur le terrain, qui alimente encore le climat de tension régnant sur les terrains de football.
Le football est le reflet de notre société
Pour le responsable du club de l’AS Saint-Jacques, Jean Montador, les préjugés ont la vie dure. "Le football est le reflet de notre société. Nous sommes un club de quartier, et ce n’est pas la première fois que nos joueurs sont victimes de comportements agressifs. Le terrain devient parfois un vrai défouloir pour ceux qui veulent en découdre" constate-t-il. "Certains préfèrent régler leur compte directement sur le terrain. C’est regrettable. Les insultes sont de plus en plus virulentes, notamment lors des déplacements dans des clubs plus éloignés, face à des joueurs qui ne se connaissent pas."
Des échanges plus réguliers entre les jeunes pourraient faire pencher la balance, selon le responsable de l’AS Saint-Jacques. Il faudrait donc privilégier le dialogue entre les joueurs des différents clubs amateurs, par des rencontres amicales ou des journées d’échange. "Ainsi, on casserait les préjugés sur les jeunes de quartier."
Au-delà de la blessure physique, ce qui s’est passé le 20 mai est une déception pour Abdelhakim. "Le football est un sport mais c’est aussi un plaisir, surtout au niveau amateur" rappelle-t-il. "Je ne comprends pas que les valeurs du sport puissent être balayées comme ça. Les personnes qui ont un tel comportement n’ont rien à faire sur un terrain de football."