Elle a vécu le pire, et a désormais trouvé refuge à Clermont-Ferrand. Wafa est née en Palestine et a fui la guerre vers la France. Aujourd’hui, elle en garde un traumatisme indélébile, et se bat pour un cessez-le-feu.
« Je m’appelle Wafa, je viens de Palestine. J’ai vécu toute ma vie jusqu’à 22 ans dans un camp de réfugiés en Palestine qui s’appelle Aqabat Jabr à Jéricho. » Wafa a trouvé refuge à Clermont-Ferrand, mais son passé l’a marquée à vie. Elle se confie sur ses traumatismes et son désir de voir, finalement, le conflit trouver une issue. Il y a un an, elle confiait : « Je pensais qu’en quittant la Palestine, la souffrance allait s’arrêter, mais physiquement, je suis ici, mentalement, je suis là-bas. »
Nous nous étions rencontrés il y a un an, comment allez-vous aujourd’hui ?
Wafa : « C’est toujours difficile pour moi. Je suis dans un état mental très difficile et psychiquement, je ne me sens pas bien. J’essaie de mettre une limite entre moi et l’actualité parce que regarder des images d’enfants brûlés, coupés, de gens qui crient, c’est insupportable. Les cris des gens restent dans ma tête. Je n’arrive pas à fermer mes oreilles pour ne pas les entendre. Je me sens tout le temps coupable. Quand je vois de la nourriture et que je mange, je me souviens des gens à Gaza qui ne trouvent pas de nourriture pour manger. Quand je suis dans mon appartement, je me dis qu’ils n’ont pas la même chose. Quand je fais quelque chose, je pense à eux. »
Avez-vous de la famille restée en Palestine ?
Wafa : « J’ai ma cousine et ses enfants, j’ai à peu près 30 membres de ma famille qui sont à Gaza, dans le camp de Bureij. Ils cherchent à boire, ils cherchent de quoi manger, ils cherchent à se mettre en sécurité. Ils fuient d’un endroit à l’autre mais ce n’est jamais fini. Ils s’échappent d’un endroit vers un autre, mais tout est fermé. Ils vont soit mourir de faim, soit mourir par un missile israélien. Il n’y a pas d’autre choix. »
En France, Benyamin Nétanyahou bénéficiera d’une immunité en dépit du mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale, comment avez-vous accueilli cette décision ?
Wafa : « Ce n’est pas très autonome de changer d’avis d’une semaine à l’autre. On respecte le droit, mais on ne comprend pas pourquoi on accepte d’appliquer cela à Vladimir Poutine et pas à Benyamin Netanyahu. Les Etats doivent rétablir la paix et participer à arrêter les massacres et le génocide en Palestine. »
Emmanuel Macron a annoncé mardi qu'il coprésiderait avec le prince héritier et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane une conférence sur la création d'un Etat palestinien en juin 2025. Les appels à une solution à deux Etats, fondée sur un Etat palestinien aux côtés d'Israël, se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza.
-Propos recueillis par Romain Leloutre pour France 3 Auvergne