Le 14 décembre, la vie de Bernard a basculé. Victime d'un accident en coupant du bois, sa main est totalement sectionnée. Grâce à une opération réalisée près de Clermont-Ferrand, sa main a pu être réimplantée, et il espère désormais pouvoir retrouver sa mobilité.
« C’est allé très vite », se souvient Bernard. Le 14 décembre, près d'Arlanc, Bernard se sectionne la main gauche en coupant du bois. « C’est une machine pour couper les bûches. J’ai peut-être été un peu vite dans certains mouvements et j’ai oublié la sécurité. Quand j’ai vu que la main approchait la lame, j’ai essayé de tirer mais c’était trop tard. La main est tombée alors j’ai pris le moignon et j’ai fait un garrot. Les pompiers sont arrivés 25 minutes après, ce n’est pas évident au fond de la campagne. » Il est ensuite conduit à la clinique de la Chataigneraie à Beaumont, près de Clermont-Ferrand, où le chirurgien Jean-David Stussi l’attend déjà. « Il est arrivé séparé de sa main. La main est arrivée ici en premier, lui en deuxième, en hélicoptère. Une section complète de la main est quelque chose d’assez exceptionnel. La section était plutôt nette même si certains éléments comme les tendons étaient arrachés. »
Une autogreffe
La rapidité de son rapatriement à la clinique de la Chataigneraie et l'état de sa main permettent au chirurgien d'envisager une autogreffe : « Même si on se dit qu’une prothèse aura le même effet qu’une main naturelle, il y a un côté affectif. Moi, je n’ai pas réfléchi, j’ai tenté la réimplantation. » Grâce à une bonne hygiène de vie, aujourd'hui, Bernard se remet doucement du choc, et de l'opération : « Quand je me suis réveillé, j'ai vu mes doigts et j’ai su que le chirurgien avait décidé de garder la main. Je sens ma main, je sens que l’information passe. »
"C’est plutôt exceptionnel"
Relativement rares, les réimplantations de membres sont pratiquées depuis les années 70. Dans le cas d'une main, il n'y a pas de risque vital pour le patient : « Les réimplantations se font régulièrement mais, quand elles marchent, c’est plutôt exceptionnel. Il y en a une toutes les quelques années seulement. Les opérations de la main peuvent échouer, mais ne peuvent pas être dangereuses », explique le docteur Stussi. Pour le chirurgien et son équipe, un anesthésiste, deux infirmiers qui assistent le chirurgien et d’autres assurant la surveillance, l'opération a duré 5 heures. Mais les suites de l’opération demandent beaucoup d’attention de la part du corps médical : « Concernant les autogreffes, c'est la bonne revascularisation des vaisseaux qu'il faut surveiller, avec par exemple la couleur des doigts », indique le chirurgien. Des infirmiers sont mobilisés 24/24h au chevet de Bernard pour surveiller l’évolution de cette réimplantation.
Une longue rééducation
Veillé jour et nuit pas des infirmières, suivi psychologiquement, Bernard va commencer à travailler avec un kiné chaque jour pour forcer ses doigts à bouger. Il faudra attendre que les nerfs repoussent et que les tendons cicatrisent pour retrouver sa mobilité. « Il y a quand même une technologie très avancée même si ce n’est pas fini non plus. Ce que j’aimerais, c’est pouvoir récupérer la pince, mais on verra. Sinon, ce sera bloqué au niveau du poignet. » Il faudra au moins 6 mois pour savoir quelles fonctions récupèrera sa main et si une deuxième opération est nécessaire. Courageux, Bernard espère que son opération permettra de faire avancer la chirurgie de la main.
-Propos recueillis par Julien Teiller, France 3 Auvergne