Témoignages. "Cela a été une aventure super enrichissante" : des jeunes racontent leur expérience sur le chemin de Compostelle

Publié le Écrit par Catherine Lopes

Ils s’appellent Lilou, Noémie, Selma et Robin et ont tous vécu une expérience incroyable : ces jeunes de Clermont-Ferrand ont marché sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils nous racontent leur aventure.

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C’est un chemin mythique, emprunté par des générations de marcheurs : le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Début mai, trois jeunes étudiants en première année de médecine de Clermont-Ferrand ont décidé de s’y frotter. Après une année passée à bucher, cette parenthèse était plus que bienvenue. Lilou Avit, 19 ans, explique : « Nous sommes partis juste après nos examens, du 3 au 12 mai. Nous sommes partis à 3, tous étudiants en médecine. Nous étions deux filles et un garçon : Noémie, Robin et moi. Nous avons débuté le chemin au Puy-en-Velay et nous avons marché jusqu’à Conques ». Nos trois comparses ont parcouru 210 km au total : « On marchait toute la journée. On ne se pressait pas beaucoup, donc on arrivait pas très tôt. Cela permettait de pas mal profiter, de s’arrêter pour contempler le paysage. On ne se fixait pas forcément d’impératifs. Comme on dormait sous la tente, on n’avait pas de souci pour les heures d’arrivée. On marchait entre 20 et 25 km par jour. Une journée on a même marché 30 km. Une journée on n’a fait que 10 km à cause de la grêle et on s’est arrêtés dans un gîte ».

"On voulait se changer les idées"

Lilou indique les raisons qui les ont poussés à partir sur ce chemin : « On était en première année de médecine dont on n’a pas fait grand-chose toute l’année, à part rester assis et travailler. On voulait faire quelque chose qui nous rapprocherait bien tous les trois. On voulait se changer les idées, couper avec tous les cours et le stress des résultats. J’avais vu pas mal de vidéos sur le chemin sur les réseaux sociaux. On a voulu faire ce parcours pour le côté sportif et nature. Robin lui est croyant et pratiquant et il était encore plus emballé par l’idée ». Robin Thibout-Moraglia, 19 ans, faisait lui aussi partie de l’aventure. Il indique : « L’idée de partir venait de Lilou. J’ai accepté directement, notamment pour l’aspect religieux. En termes de condition physique, je me sentais en capacité et le point de vue religieux me poussait à faire cela. La religion est quelque chose qui est relativement important pour moi. Avec la première année de médecine, j’avais un peu l’impression de m’en être détaché. Cette marche permettait de renouer avec cela ».

 

C’est une expérience qui a resserré nos liens. C’est un moment en commun. On s’entendait déjà bien avant. C’est préférable, surtout quand on marche plusieurs heures sous la pluie

Robin, 19 ans

Ce chemin a renforcé sa foi : « J’ai pu assister à une messe à Conques. Cela représentait la fin du pèlerinage. Dans les moments difficiles je récitais des prières dans ma tête. Cela me permettait de renouer avec Dieu en général, de dialoguer avec lui ». Robin a été saisi par la bienveillance des personnes rencontrées : « C’était une très bonne expérience. Je retiens surtout les contacts qu’on a pu se faire. On se rend compte que tous ceux qui faisaient le pèlerinage avec nous étaient très aimables. Cela change du quotidien. On ne rencontrait que des bonnes personnes, qui voulaient nous aider. C’est ce que je retiens le plus ». Robin n’a pas été éprouvé sur le chemin : « Physiquement ça allait. Je n’ai pas eu de problèmes articulaires. J’ai eu parfois quelques courbatures. Parfois c’était un peu compliqué quand on dormait mal mais je n’ai pas eu de grande difficulté ».

Lilou retient surtout les rencontres faites en chemin : « On a rencontré plein de gens le soir dans les gîtes. On a fait des repas à 30 personnes parfois, avec des Espagnols, des Sud-Coréens, des Canadiens, des Anglais. C’était génial et c’était multigénérationnel. On a croisé quelques jeunes par moment. Dans les gîtes, tout le monde est hyper bienveillant. Comme on était jeunes et qu’il n’y en avait pas beaucoup, tout le monde était adorable avec nous. Les personnes se passaient les bons plans. Il y avait une bonne ambiance à table. Tout le monde se parle sur le chemin. Ma mère est venue nous chercher à Conques et elle était impressionnée de voir qu’on parlait à tout le monde. Il y a le côté sportif, le côté relationnel, le côté culturel. On a visité plein d’églises. C’est magnifique ».

Composer avec le ciel

La météo les a plutôt épargnés. Lilou indique : « Les premiers jours on a eu beaucoup de soleil. C’était génial. Après, on a eu un peu de pluie. Il n’y a eu qu’une journée où il a fait très mauvais. Globalement on a eu beaucoup de chance. Même quand il y a eu de la pluie, cela n’a pas duré très longtemps. On avait à peine le temps de sortir les ponchos que c’était déjà terminé ».

L’étudiante détaille la logistique : « On faisait majoritairement du camping sauvage. On demandait aux gens si cela ne posait pas de soucis. On dormait dans des prairies, pas très loin des villes. On a dormi 3 ou 4 fois sous la tente et le reste dans des gîtes. Il y avait aussi des abris de pèlerins. On est partis avec plusieurs repas d’avance, des conserves. On avait un réchaud. On mangeait des Bolinos, des plats lyophilisés. Après on a eu l’occasion de faire des courses. On achetait parfois des sandwichs. On a mal géré les bagages. On était un peu trop chargés. On nous avait dit de ne pas prendre plus de 9 kg mais on était bien à 10-11 kg. Robin avait bien 12 kg sur le dos ».

L'envie de reprendre la route

Elle aussi a été frappée par la bienveillance des personnes rencontrées : « Le réchaud marchait très mal. On se retrouvait sans arrêt à aller toquer à toutes les portes pour faire chauffer notre soupe. Les gens nous accueillaient et nous aidaient ». Pour Lilou, cette expérience a créé un esprit de groupe : « Entre nous trois, les liens se sont renforcés. On était du matin jusqu’au soir ensemble. On avait des tempéraments qui collaient bien donc cela s’est bien passé. On espère repartir l’année prochaine pour faire la suite. On voudrait faire le chemin en plusieurs fois et aller jusqu’au bout ». Cette expérience a permis à Robin de rompre avec son quotidien d’étudiant : « Je n’ai jamais sorti mon téléphone, à part pour envoyer des messages pour rassurer mes parents. On était dans la nature, à rencontrer des animaux. Après une année passée sur une chaise, cela faisait du bien de prendre l’air. En médecine, il peut y avoir des tensions et là, cela m’a permis d’avoir espoir, de me rendre compte qu’il y a des personnes bonnes ». Robin partage une anecdote qui l’a marqué : « Le dernier soir, on était dans un gîte d’étape. Le propriétaire ne refusait personne. On a dormi dans une chapelle. Le matin j’ai appris qu’il était allé dormir dehors, sous un abri et qu’il avait laissé son lit à quelqu’un. Je trouvais cela incroyablement gentil et aimable ». L’étudiant en médecine est prêt à repartir : « Je pense que l’année prochaine, si l’occasion se représente, j’aimerais bien continuer ».

" La gentillesse des gens sur le chemin est impressionnante"

Noémie Monier, 19 ans, est le troisième membre du groupe à effectuer la marche. Elle souligne : « Quand Lilou a proposé de partir, j’ai trouvé que c’était une bonne idée. Cela me disait bien de me changer les idées après une grosse période de révision. J’ai tout de suite dit oui ». Sur le plan physique, elle confie ses impressions : « Je n’ai pas trouvé cela physiquement trop dur. Mes genoux ont un peu souffert. J’ai dû acheter des bâtons au bout de deux jours mais après cela s’est très bien passé. J’arrivais à suivre facilement. J’ai vraiment apprécié cette aventure. Cela serait sympa de repartir et de faire la suite du chemin. On a passé 10 jours à vivre ensemble donc on s’est rapprochés ». Noémie confie : « La gentillesse des gens sur le chemin est impressionnante. Tout le monde était super gentil avec nous. Dès qu’on avait un problème ou besoin de quelque chose, on demandait et on nous aidait tout de suite. C’est impressionnant ». La randonneuse fait part d’une petite mésaventure : « Il y a eu une journée où il a beaucoup plu et où on n’avait pas de gîte. On a galéré pour trouver un endroit où dormir et on s’est retrouvés dans un abri de pèlerins. C’était une espèce de préau, on a dormi sur des bancs, avec nos vêtements mouillés. On en a ri au final ».

Du confinement... au chemin de Compostelle

Selma Bonnetot, 18 ans, a quant à elle emprunté le chemin de Compostelle il y a deux ans : « Je suis partie en juillet 2021, avec deux amies du même âge, Albane et Zoé. On a marché pendant une petite semaine. On est parties d’Estivareilles, dans l’Allier, vers le Puy-en-Velay, en suivant le GR765. On a fait environ 200 km. On essayait de parcourir un peu moins de 30 km chaque jour ». Cette proposition de randonnée avait tout d’une plaisanterie. 

Au départ, l’idée de marcher sur le chemin était plus une blague. On voulait s’évader un peu, après être restées enfermées pendant le confinement. On s’est dit qu’on pouvait concrétiser cette blague

Selma, 18 ans

Ce projet de marche de trois jeunes filles a pu effrayer leurs proches : « On était trois filles d’à peine 17 ans. Cela a un peu fait peur à nos parents. Je ne voyais pas ce qui pouvait nous arriver. Ce n’était pas les mauvaises rencontres qui nous effrayaient ou le fait de se perdre, mais plutôt de savoir si on allait réussir à autant marcher chaque jour ». Selma raconte comment les trois amies logeaient : « On avait une tente dans laquelle on dormait un jour sur deux. Le reste on dormait en auberge de jeunesse. On avait besoin de dormir dans un vrai lit ». Elle avoue avoir commis quelques erreurs : « On était trop chargées : on devait porter 17 ou 18 kg. On avait pris beaucoup trop de vêtements, de livres ». Cette aventure leur a permis de tisser des liens forts : « Toutes les trois, on a vécu ensemble pendant une semaine. On a découvert l’endurance des unes et des autres. Parfois c’était compliqué. On a découvert des facettes de nos amies qui ont parfois pu nous déplaire mais on est restées super proches. Cela a été une aventure super enrichissante. Dans les villages, les gens étaient très gentils. Ils nous demandaient si on avait besoin d’eau ou d’aide en général ». Selma et ses amies ne sont pas croyantes. Comme elles, pas besoin d’un motif spirituel pour emprunter le chemin de Compostelle. Un défi sportif ou intérieur qui permet avant tout de se ressourcer.

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