TEMOIGNAGES. Coronavirus COVID 19 : à Clermont-Ferrand, des étudiants étrangers à l’heure du confinement

Ils sont de nombreux étudiants étrangers à avoir vu leur « rêve français » tourner au cauchemar. Confinés à cause du coronavirus Covid 19 depuis une quinzaine de jours dans des appartements de Clermont-Ferrand et à des milliers de kilomètres de leur famille, ils témoignent.

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Le confinement en raison de l'épidémie de coronavirus, Marco Sandri, étudiant italien de 21 ans à l’ESC Business School de Clermont Ferrand, s’y était préparé. Si le temps lui semble long dans les 75 m2 de son appartement clermontois sans ses colocataires, rester en France pour protéger sa famille s’est imposé à lui comme une évidence. « C’est un peu dur de savoir ses proches à des milliers de km, mais ça me rassure de ne pas les mettre en danger. De toute façon si j’étais dans mon pays je ne sortirais pas de ma chambre pour éviter la contagion, donc ça revient un peu au même », explique le jeune Italien. Alerté il y a déjà longtemps sur les risques du Covid 19 par ses amis asiatiques de l’Ecole, puis par sa famille italienne, l’étudiant a très vite pris le confinement au sérieux : « J’ai décidé avant la prise de parole du président français de me confiner sur le modèle italien et d’acheter des masques et des provisions. Je me souviens à cette époque ma colocataire française était surprise ». Depuis ce jour, il alterne sport, heures de travail personnel et appels avec sa famille « pour tromper l’ennui » et éviter tout vague à l’âme. 
 


Comme Marco, Connie Añez Torrico, étudiante bolivienne de 26 ans à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont depuis bientôt trois ans, a choisi de rester en France. « Si le virus n’a fait pour l’instant que 3 morts en Bolivie, il est bien plus dangereux d’attraper le virus là-bas qu’en France, à cause du manque de soin et de moyens. » explique la jeune femme.  
 

Un confinement français «tardif»  

La jeune artiste bolivienne souligne cependant que le confinement a été mis en place plus rapidement dans son pays qu’en France : « Les Français ont mis du temps à prendre le virus au sérieux parce que le gouvernement a tardé à prendre des mesures. Au début j’avais l’impression d’être la seule à paniquer…En Bolivie ils ont entamé le confinement  dès l’apparition des premiers cas. »
 

Alice Fryer, étudiante britannique de 24 ans à l’ESC de Clermont-Ferrand, regrette ce comportement. L’étudiante qui a elle aussi fait le choix de rester en France pour finir ses études et protéger les siens, reproche le manque de discipline et son impact. « En France comme en Angleterre les gens continuaient de se balader dans les parcs même après les premières interventions.  Le confinement est un devoir qu’à chaque citoyen envers ceux qui sont en première ligne comme les médecins !» se révolte la jeune étudiante pourtant très sociable.
 
 

« Une étape difficile mais nécessaire »

Hu Yongye, étudiant chinois à l’ESC Business School sait à quel point le confinement est important pour sauver des vies. En contact régulier avec ses proches restés en Chine, il a pu voir au fil des semaines la situation s’améliorer et le nombre de morts ralentir. « Je pense que le confinement ici sera long surtout dans un pays aussi libre que la France. Mais ça vaut vraiment le coup de le respecter. » S’il est l’un des premiers à avoir appliqué les mesures et à alerter ses amis, le confinement loin de ses proches lui est insupportable. Contrairement aux autres, il a récemment pris la décision de rentrer chez lui-même si cela implique de « rester une quinzaine de jours dans un Hôtel en Chine pour éviter toute contamination ».  
 


Pour les autres, pas question de quitter la France avant la fin du confinement. Marco S. qui a des nouvelles régulièrement de ses amis rapatriés explique : « Je comprends leur décision et il m’arrive aussi d’y penser d’autant qu’il reste des billets disponibles pour l’Italie mais le voyage serait trop compliqué. J’ai attendu jusqu’ici je peux attendre encore ». Connie T. acquiesce : « Il m’arrive parfois d’avoir des coups de mou mais il faut être patiente. Et puis quand bien même je changerais d’avis, je resterais bloquée à la frontière. Mon pays n’accepte plus les personnes en provenance de l’Europe. »
 

Rompre l’isolement



Alors pour rompre la solitude de leurs petits appartements clermontois, ces jeunes étudiants appellent quotidiennement leurs parents et organisent régulièrement des « visioconférences » avec leurs amis. « Même à des milliers de kilomètres nos vies se ressemblent. Ils ont juste le jardin en plus (rire) ! Savoir que tout va bien pour chacun est la plus belle des victoires ! », explique l’étudiante bolivienne avec joie. Marco S. ajoute : « Bien loin de nous isoler, cette situation permet de recréer des liens essentiels. Je reprends contacts avec des gens à qui je n’avais pas parlé depuis des mois ! » En tant que sportif assidu, il lui arrive d’organiser des séances collectives à distance « pour ne pas se sentir coupable d’avoir trop manger ». Connie A. avoue en riant n’avoir « jamais fait autant d’exercices que depuis qu’elle est confinée ».
 

Des cours assurés « en ligne » 

Pour ce qui est de leurs cursus scolaire, l’école de commerce de Marco Sandri, Alice Fryer et HU Yongye est assurée en ligne grâce au logiciel Microsoft Teams. « C’est aussi nouveau pour nous que pour nos professeurs, et il a fallu un temps d’adaptation mais nous essayons tant bien que mal de garder un rythme sérieux », explique Alice F. Si cette dernière avoue que les nombreux problèmes de connexion compliquent son apprentissage elle n’aura d’autre choix que de s’habituer : « Il reste seulement cinq semaines de cours et il est très probable que nous passions nos examens finaux de cette manière ». Pour eux comme pour Connie T., pas question de rentrer avant d’avoir obtenu leurs diplômes. « Nous nous soutiendrons avec Marco et ceux qui sont restés jusqu’à ce que nous soyons  à nouveau libre comme l’air et que nous puissions de nouveau danser toute la nuit* », songe Alice F. avec un sourire rêveur.  « Et puis en France on n’est pas si mal… », conclut Marco S en riant.

Et pour ceux qui se demandent ce qu’ils feront lorsqu’ils seront « libre comme l’air », il suffit de regarder la vidéo….
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