TEMOIGNAGES. COVID 19 : à Clermont-Ferrand, des étudiants racontent leurs premières semaines à l'université

Alors que le virus du COVID 19 circule toujours, les étudiants de Clermont-Ferrand ont repris les cours en présentiel avec des mesures sanitaires exceptionnelles. Entre interdiction, incompréhension et besoin de lien social, cette rentrée estudiantine n’est pas comme les autres.
 

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« On comprend l’importance des mesures sanitaires mais arriver dans une nouvelle fac avec des cours dispensés pour moitié par visioconférence ou retranscrits sur polycopiés, ne pas avoir de soirée ou journée d’intégration : c’est un calvaire pour s’intégrer. » Valentine B, étudiante en géologie sur le site des Cézeaux est arrivée à Clermont-Ferrand il y a deux semaines. Pour elle comme pour de nombreux étudiants, la rentrée n’est pas celle dont elle avait rêvé et la faculté se limite désormais à un lieu de travail, « avec peu de lien social » précise la jeune femme. « Les étudiants sortent chacun de leur côté en dehors de la faculté en petit comité. » Malgré un département classé en zone rouge en raison de la circulation active du virus du COVID 19, l’UCA (Université Clermont Auvergne) a fait le choix de maintenir les cours en présentiel sur ses différents sites mais avec des règles de distanciation renforcées. Cours par visioconférence quand c’est possible, interdiction d’effectuer des soirées d’intégration ou des regroupements festifs, et remplissage des amphithéâtres à moitié de leur effectif de façon à instaurer au moins 1m entre chaque étudiant « en théorie » précise Valentine. Des contraintes comprises par de nombreux étudiants et respectées au sein des différents selon Mathias Bernard, président de l’UCA « Depuis le début d’année nous n’avons sanctionné qu’un seul étudiant sur 36 000

A la fac nous devons renoncer à beaucoup d’activités mais à côté de ça la distanciation n’est pas très bien respectée

« Je pense qu’après des mois de confinement nous sommes nombreux à avoir mis de côté certains gestes barrière. Je comprends totalement l’interdiction d’organiser des soirées d’intégration ou de grands rassemblements, mais il faudrait aussi que les gestes barrière soient respectés à la faculté. Il est difficile d’instaurer les 1m de distance.» ajoute Valentine B. qui étudie sur le site des Cézeaux. Paco Bellouche, membre de l’UNEF sur le site de Gergovia, acquiesce : « A Gergovia les amphis sont censés être remplis à moitié de leur capacité d’accueil mais dans certains amphis les étudiants sont assis les uns à côté des autres, parfois sur les places condamnées, sans barrière sociale mis à part le port du masque que la plupart touchent sans arrêt, portent mal et parfois enlèvent. La distanciation n’est respectée que sur les sites qui bénéficient de nombreux amphithéâtres comme à la faculté de droit. D’autant que la plupart des cours sont assurés à distance et permettent de réduire le nombre d’étudiants en présentiel. » 
Léonie L. étudiante en histoire à l’université de Gergovia nuance : « Je n’ai encore vu personne assis par terre et certains amphis respectent les distances mais nous sommes souvent côte à côte ou du moins proches. Les sens de circulation ne permettent pas non plus d’éviter le contact. Je pense que lorsqu’ils ont mis en place les jauges ils n’ont pas tenu compte de la réelle capacité d’accueil des locaux en particulier des amphithéâtres  et de leur agencement. Certains amphis ont les fauteuils très rapprochés et ne sont que très peu aérés, le virus peut circuler encore plus vite. » Célina M. qui étudie en première année en LCC (Langue, culture et communication) sur le site Carnot, ajoute que si les TD (travaux dirigés réalisés en petit groupe) n’ont pas l’obligation de respecter la distanciation car jugés moins à risque par leur petit nombre, ils peuvent être aussi dangereux que les cours magistraux : « Nous sommes nombreux cette année en TD, moins que dans un amphi mais nous sommes mélangés sans distanciation.» Pour y remédier certains professeurs ont réfléchi à diviser leur groupe de TD en deux en faisant une heure par sous-groupe au lieu des deux heures initialement prévues.  « Ils essaient de trouver des solutions pour gérer au mieux une situation qui nous dépasse tous » ajoute Paco Bellouche.

S’adapter aux mesures au jour le jour

Si certains étudiants témoignent de leur incompréhension, Mathias Bernard affirme que lorsque la réglementation a été mise en place avant la rentrée, aucun cours ne pouvait être assuré si les amphithéâtres ne pouvaient permettre la distanciation nécessaire entre chaque étudiant. « La rentrée est déterminante. Le nombre d’étudiants est en perpétuelle évolution à la faculté, il est très difficile d’évaluer une jauge exacte. » ajoute –il. Maria* (elle a souhaité rester anonyme), professeure à Gergovia, qui a fait le choix de maintenir certains de ses cours magistraux en présentiel malgré le nombre, ajoute : « Lorsque nous avons fait les emplois du temps nous n’avions pas encore le nombre d’inscrits exact. La rentrée nous permet de nous rendre compte des vrais effectifs et nous devons nous adapter dans les semaines qui viennent.» Mathias Bernard  ajoute : « Notre priorité était de maintenir les cours en présentiel pour éviter le décrochage scolaire, tout en assurant bien sûr les conditions sanitaires à nos étudiants. Mais s’ils ne se sentent pas assez en sécurité malgré la cellule COVID que nous avons instaurée sur chaque site pour veiller au bon respect des consignes, nous trouverons des solutions comme augmenter les cours en visioconférence... » Pour lui, si la faculté de droit privilégie davantage les cours à distance et permet donc d’accueillir ses étudiants de façon optimale, ce n’est pas une question de moyens mais de choix. « La faculté de droit a très vite décidé de faire la majorité des cours par visioconférence ou Internet car les cours de droit le permettent et les inscrits en droit sont trop nombreux pour être accueillis en même temps dans les amphis contrairement à ceux inscrits en lettres par exemple. Certains profs ont fait le choix d’assurer les cours en présentiel quand ils le pouvaient. » Même s’il reconnaît qu’il existe un problème de logistique sur de nombreux sites : « Nous avons mis exactement les mêmes moyens sur tous les sites mais certains sont bien plus anciens et moins fournis que d’autres. Une fois qu’on a distribué des amphis de 400 places et qu’il ne nous reste que des petits nous sommes obligés de trouver d’autres solutions

Depuis début septembre 50 étudiants et 9 agents positifs au COVID 19

 « Tant que nous le pourrons nous ferons le plus possible des cours en présentiel pour permettre aux étudiants de ne pas perdre ce lien social. » explique Mathias Bernard. Pour lui, la situation actuelle sur les différents sites concernés ne demande pas de prendre des mesures trop drastiques malgré la classification en zone rouge du département (circulation forte du virus). « Depuis début septembre seulement 50 étudiants et  9 agents ont été testés positifs à la COVID 19  sur les sites de l’université accueillant 36 000 étudiants. De plus aucun cluster n’a été détecté à ce jour, il ne s’agit jamais de plus de 2 ou trois personnes isolées par site.» Selon le président de l’UCA, les contaminations ont principalement lieu en dehors du campus « Lors d’activités sportives, de soirées extérieures ou en famille. Sur le campus les étudiants respectent vraiment les règles mais on ne peut pas faire la police en dehors. » Pour lui,  l’intégration des nouveaux étudiants doit se faire en innovant. Comme l’ont fait certains professeurs qui ont organisé dans leurs TD des jeux oraux pour aider les  étudiants à se rencontrer « même si ce n’est pas notre rôle de faire l’animation et qu’on ne peut pas le faire souvent » ajoute Maria*. Ou comme le font les BDE (bureau des étudiants) qui organisent des activités plein air en journée, en s’assurant que les mesures soient bien respectées. Une rentrée certes moins festive, mais pour Valentine B. « Tout est préférable à un second reconfinement, qui pour sa première année estudiantine serait vraiment dommageable ». 

*le prénom a été changé
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