L’université de Lorraine doit trouver entre 16 et 21 millions d’euros pour financer son budget 2025. C'est "une situation financière intenable" pour la présidente de l’établissement. Elle partage ses craintes et sa colère ce mardi 26 novembre 2024.
Des restrictions budgétaires impossibles à tenir pour la présidente de l’Université de Lorraine, Hélène Boulanger. Le budget 2025 de l’établissement présente un trou de 16 à 21 millions d’euros, des dépenses qui ne sont plus financées par les pouvoirs publics. Ce 26 novembre 2024, la cheffe de l'établissement lorrain alerte sur les conséquences de cette gestion financière inédite.
Des "universités sous-financées depuis des années", c’est le constat d'Hélène Boulanger, présidente de l’Université de Lorraine. Pour avertir le gouvernement, elle était reçue avec ses confrères Presidents des Universités de France par le ministre de l’éducation nationale, jeudi 21 novembre 2024. Des coupes budgétaires que les universités ne peuvent plus absorber et qui mettent à mal le fonctionnement et l’avenir des établissements.
"Depuis le début de mon mandat, nous avons formé 20 % d’étudiants en plus sans moyens supplémentaires. Sur les trois dernières années, nous avons absorbé 50 millions de dépenses en plus... La coupe est pleine, on ne peut plus tenir", prévient Mme Boulanger.
Des conséquences sévères
Inflation, hausse du prix de l’énergie ou du fonctionnement, salaires...Depuis 2022 l’Université de Lorraine fait face à ces charges non couvertes par l’Etat. Le nouveau trou dans le budget 2025 de 16 à 21 millions d'euros met à mal la structure.
"C’est une marche impossible à franchir pour nous, c’est l’équivalent de 200 emplois menacés", dénonce la présidente.
Supprimer des formations, diminuer les capacités d’accueil de l’université ou fermer des bibliothèques... Les solutions pour trouver l’argent en interne seront drastiques.
Pour l’heure "la conséquence immédiate de ces suppressions budgétaires est une coupe franche dans le programme d’investissement immobilier, cela représente 40 millions d’euros de travaux", précise Hélène Boulanger. Une somme dédiée à la mise en accessibilité des bâtiments de l’université, un projet qui ne sera pas réalisé.
La Ferme de la Bouzule menacée
La mise aux normes de la Ferme de la Bouzule près de Nancy, un lieu de recherche et d'expérimentation, a également été stoppée. Les travaux prévus sur l’espace méthanisation et la fromagerie ne seront pas réalisés.
"Ces crédits qui nous ont été alloués, serviront à boucler le manque dans le budget de l'université", explique le directeur de la ferme Alexandre Laflotte." À terme, certains ateliers sont menacés de fermeture".
L'Université de Lorraine est composée de 10 pôles scientifiques, elle accueille 60 000 étudiants et emploie 7000 salariés. Pour la présidente, le gouvernement peut financer correctement les universités en s’appuyant sur l’aide à l’apprentissage ou en reformant le crédit impôt recherche des entreprises.