Il a été sacré à Las Vegas début novembre : Jérémy Renard est devenu champion du monde par équipe de voltige. Passionné d’aviation depuis toujours, ce pilote d’Auvergne dévoile les secrets de sa discipline.
Jérémy Renard, pilote originaire du Puy-de-Dôme, a été sacré champion du monde de voltige par équipe à Las Vegas début novembre. Ce titre vient couronner des années de passion : “j'ai commencé quand j'avais une dizaine d'années par l'aéromodélisme. Ensuite, je me suis mis quand j'ai pu au planeur, j'ai fait pas mal de compétitions de planeur. Finalement, ça a dû s'arrêter, notamment par manque de temps. J'ai ensuite voulu étoffer un petit peu mes pratiques aéronautiques en essayant la voltige. J'ai appris à voler à l'AIA, à Clermont-Ferrand. La section planeur était à Issoire, mais j'ai toujours volé sur les deux plateformes. Ensuite, j'ai appris la voltige à Montluçon-Guéret.”
Très rapidement, Jérémy Renard enchaîne les succès dans sa discipline. “J'ai commencé par un premier stage en 2017. Très vite, je me suis retrouvé inscrit à ma première compétition. En France, on a un système de qualification où on commence au niveau le plus bas et petit à petit, en fonction de vos notes, vous arrivez à vous qualifier dans les niveaux supérieurs. Lors de cette première compétition, je me suis qualifié au niveau supérieur et ainsi de suite. On se prend au jeu !” À l’âge de 32 ans, Jérémy Renard est désormais champion du monde par équipe de voltige.
Une compétition internationale
La compétition d’une semaine s’est déroulée à Las Vegas, un championnat du monde en catégorie Advanced, qui est le premier niveau international. “On réalise quatre programmes différents : un programme qu'on appelle connu et trois programmes inconnus. Le programme connu, le principe, c'est qu’en début d'année, cinq figures sont publiées, avec lesquelles il faut qu'on compose un programme avec certaines règles. Il faut qu'il y ait tel type de figure. C'est un programme qu'on va pouvoir voler à chaque compétition, autant de fois qu'on veut. Les programmes inconnus sont construits au fur et à mesure de la compétition. On les a la veille pour le lendemain et on les vole pour la première fois le jour de la compétition, devant les juges et avec la notation.”
Les points sont ensuite attribués en fonction de l’exécution des figures, par des juges. Le classement est fait en fonction des points obtenus sur chaque programme. Le classement par équipe correspond à la somme des points des trois meilleurs compétiteurs de chaque équipe, en l’occurrence l’équipe de France.
Une préparation pointilleuse
Pour atteindre ce résultat, Jérémy Renard a sa recette : “On a une semaine et demie d'entraînement sur place avant une semaine et demie de compétition, mais le gros du problème et le gros du travail va être plutôt au niveau mental. La compétition est relativement longue, mais on vole assez peu, c'est-à-dire que sur une semaine et demie, vous n’allez faire que 4 vols de 10 min, soit 40 min de vol. Pendant ces 40 minutes de vol, il faut être à 100% de ses capacités. Cela fait beaucoup d'attente, beaucoup de préparation au sol, beaucoup de révisions, la fatigue vient presque plus de ce côté psychologique. Il faut savoir rester constamment disponible et connaître le programme sur le bout des ongles avant de partir en vol, mais par contre il faut garder un peu d’énergie pour le jour J.”
Je ne me suis jamais autant senti en sécurité que dans un avion de voltige.
Jérémy Renard, pilote
Jérémy Renard explique les fondamentaux de sa discipline. “Le principe de la voltige aérienne, c'est d'effectuer des figures de voltige dans un avion. On va donc présenter un programme de figures acrobatiques devant un collège de juges qui évalue tout un tas de critères en fonction de chaque figure. On a un catalogue de figures avec, pour chaque type de figure, chaque enchaînement, chaque acrobatie qu'on va réaliser. On a des critères de jugement très bien définis. Le principe est de faire l'enchaînement le mieux présenté. Le principe de la voltige ressemble beaucoup au patinage artistique.” Il tient à rassurer ceux qui voudraient se lancer. Dans la voltige, la sécurité est primordiale : “ce n'est pas un sport où on va prendre trop de risques, dans le sens où tous les programmes sont construits pour ne pas descendre trop bas, pour ne pas avoir de figures qui peuvent nous mettre dans des situations compliquées. Du fait qu'on soit toujours à proximité d'une piste, la casse mécanique ou la panne sont relativement facilement gérables, donc finalement c'est un sport où on est très en sécurité. On est dans une situation où on peut revenir au sol relativement rapidement."
Ce que vous devez savoir avant de vous lancer
Une discipline chronophage et parfois impressionnante, mais pour se lancer, il faut simplement en avoir envie, selon Jérémy Renard. “Je pense qu’il n’y a pas grand-chose d'insurmontable sur le fait d'apprendre à voler d'abord et encore moins de faire de la voltige. C'est juste un sport un peu différent, ça peut souvent paraître impressionnant au début, mais finalement il n’y a rien de sorcier là-dedans. Au niveau physique, c'est un peu plus éprouvant que du vol à plat, mais on fait des vols relativement courts. Plus on monte dans les niveaux, plus on monte dans la catégorie, plus les figures et les enchaînements sont costauds. Il faut effectivement être un peu sportif. Les avions sont assez bien conçus pour avoir des efforts aux commandes qui sont relativement légers, mais par contre, ce qui va être très fatigant, ce sont plutôt les accélérations positives qu'on va ressentir au niveau du corps et les efforts que ça va créer sur toute la physiologie, le cœur... Il n’y a pas de secret, il faut s'entraîner. Ça prend pas mal de temps. Il faut un peu de disponibilité, d'engagement, pour pouvoir progresser relativement vite. Ce n'est pas forcément un sport qui fait plus peur que ça. Il y a quelques figures qui sont un petit peu impressionnantes, comme dans un grand huit, mais au bout d'un moment, vous vous y habituez.” Les deux pilotes sacrés à ses côtés sont Tommy Douillard et Vladimir Gras.